L’été connecte avec des réminiscences de lointains souvenirs, bien au large de notre vie, mais encore empreints d’images et d’odeurs.

Au coeur des archives de mon enfance ressurgit un lieu de jeux et de rêveries que l’on nommait: la p’tite maison. Cette pièce d’été attenante à l’atelier de menuiserie de grandpapa affichait des couleurs de dragées: papier peint floral doux et contours jaune beurre. Ce petit espace saluait le fleuve avec une grande fenêtre à moustiquaire qui s’ouvrait verticalement , suspendue au plafond à son crochet. Le vent la traversait en tout temps soit par la porte d’été ou l’une des deux autres fenêtres. Les rideaux légers dansaient sous le vent.

On y installait temporairement une machine à coudre que ma mère et ma tante utilisaient en bavardant et en sirotant de la limonade ou du thé glacé. Un petit lit, une table amovible et quelques chaises permettaient de s’y réfugier les jours de pluie, d’y dormir après avoir éteint la lampe à l’huile provenant d’un ancien bateau et d’y pique-niquer. Jamais l’ennui ne nous accaparait. Le double terrain de notre famille et des grands-parents permettait de créer des jeux, de courir, de sauter et la balançoire, de rythmer nos heures d’insouciance à l’heure des vacances qui nous semblaient éternelles. On se sentait partie prenante du coeur de l’été.

Moins de torchons, plus de farniente

L’entretien intérieur et extérieur est indispensable, on s’entend. Tous, nous y sommes soumis à cadences différentes.

De grâce, honorons malgré tout l’été en troquant du temps de ménage pour du temps de plaisir. Rien n’est plus inutilement déprimant que de penser et causer lavage, frottage et dépoussiérage. On le sait, aussitôt enlevée, la poussière retombe. Nous-mêmes nous redeviendrons poussière.

La vie est plus grande que les préoccupations ménagères. Soyons dédiés aux embellisseurs du quotidien ainsi qu’aux sujets plus édifiants.

Il est important de créer et de vivre de bons moments.
Le torchon peut attendre; il y aura assurément de la poussière à enlever, plus tard.

L’espoir est une cause à laquelle on voue sa vie.

Lucie Antaya