La cardiologue et chirurgienne, Matilde Evans, en compagnie de Madame Yolande Lalancette

(Stéphane Martin, 31 octobre 2025) — Le 4 août dernier, une opération peu commune a été réalisée à l’Hôtel-Dieu de Sorel.  Une équipe médicale, dirigée par la cardiologue Dre Matilde Evans, a réussi à implanter un pacemaker chez une patiente atteinte de dextrocardie, une malformation congénitale où le cœur, et dans ce cas l’ensemble des organes, se trouvent du côté opposé à la normale.

« C’est une malformation très rare où les organes sont inversés, comme dans un miroir. Chez notre patiente, ce n’est pas seulement le cœur, mais les poumons, le foie, l’estomac, tout est à l’envers. C’est une particularité qui rend la chirurgie plus complexe. Évidemment, on s’est préparé à l’avance, car c’était une première pour moi. J’ai consulté des collègues de Sherbrooke et relu les rares études médicales publiées sur le sujet. Dans la littérature, il y a très peu de cas comme celui-ci », confie Dre Evans en entrevue exclusive au SorelTracy Magazine.

La cardiologue et chirurgienne Matilde Evans

Si la pose d’un pacemaker est généralement considérée comme une intervention de routine, elle peut rapidement se transformer en véritable défi lorsque l’anatomie du patient sort de l’ordinaire. « Il faut penser à l’envers, littéralement. J’ai un collègue de l’Hôpital Pierre-Boucher qui s’est déplacé pour assister à la procédure. En dix ans de carrière, il n’avait jamais vu un cas de dextrocardie. C’est vraiment particulier comme opération », ajoute la chirurgienne Matilde Evans qui demeure très humble dans la réalisation de cet exploit qu’elle décrit comme un effort collectif.

L’intervention, que l’on peut qualifier de succès, a permis à la patiente, Yolande Lalancette, de retrouver une vie normale. Âgée de 82 ans, elle affiche un calme désarmant en racontant sa situation. « Je savais depuis l’âge de six ans que j’étais atteinte de dextrocardie. À l’époque, des roulottes passaient dans les villes pour faire des radiographies, et c’est comme ça qu’on s’en est rendu compte. Dernièrement, j’ai connu certains problèmes cardiaques. Après un accident de voiture causé par une perte de conscience, j’ai su qu’il fallait faire quelque chose. Le pacemaker, c’était la solution. Je comprenais bien ce qui allait se passer. On m’a tout expliqué et j’avais une grande confiance en l’équipe. Aujourd’hui, tout va bien. J’ai même pu récupérer mon permis de conduire à la mi-septembre », raconte-t-elle avec un sourire.

Ancienne infirmière et enseignante en soins infirmiers, Madame Lalancette a abordé la chirurgie avec philosophie. « J’ai enseigné une partie de ma vie, et là, d’une certaine façon, j’ai encore servi à enseigner quelque chose. »

Un service de proximité qui change tout

Les cardiologues Daniel Godin et Matilde Evans

Pour le Dr Daniel Godin, cardiologue et responsable médical, cette intervention illustre les progrès réalisés à l’Hôtel-Dieu de Sorel qui offre le service d’installation de pacemakers depuis décembre 2024.  « L’arrivée de Dre Evans a été déterminante. Elle avait la formation et l’expertise nécessaires. Dès son entrée en poste, il devenait évident qu’on devait offrir ce service localement. Avant, les patients devaient être transportés ailleurs, ce qui augmentait leur stress et posait souvent des problèmes logistiques », explique-t-il en soulignant que le projet a pu voir le jour grâce à une collaboration étroite entre les équipes médicales et administratives de la Montérégie-Est.

Ce service de proximité, qui prévoit environ 120 implantations de pacemakers par année, représente un gain important pour les patients de la région, désormais pris en charge plus près de chez eux.

Anthony Picard, technologue en imagerie médicale, Dre Matilde Evans, cardiologue, Mme Yolande Lalancette, usagère, Chantale Valois, technologue en électrophysiologie médicale, Véronique Laforce, technologue en imagerie médicale, du département de cardiologie de l’Hôtel-Dieu de Sorel

L’Hôtel-Dieu de Sorel qui offre le service d’installation de pacemakers depuis décembre 2024