(Stéphane Martin, 08 octobre 2025) – Comme partout ailleurs au pays, les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) de la section locale de Sorel sont en grève illimitée depuis le 25 septembre. Un mouvement déclenché après des mois de négociations stagnantes et l’annonce de la fin de la livraison du courrier porte-à-porte par Postes Canada.

« C’est vraiment ce qui a mis le feu aux poudres. Dans la région de Sorel, cela signifie la suppression de 32 postes de facteurs sur 80 dans les prochaines années. On parle de 40 % des effectifs. Ce sont des emplois stables avec avantages sociaux qui disparaissent. Les tournées à pied seront remplacées par des boîtes postales communautaires, dont l’implantation suscite déjà des inquiétudes, entre autres, pour la sécurité, l’accessibilité, l’impact pour les aînés et personnes à mobilité réduite », explique la présidente locale du STTP Sorel, Isabelle Dupuis.

Isabelle Dupuis

Rappelons que le conflit remonte à décembre 2024, après une première grève de 32 jours interrompue par une ordonnance ministérielle. Depuis, selon la présidente locale du STTP, aucun progrès n’a été réalisé à la table des négociations. « Il n’y a jamais eu d’offre finale. Postes Canada ne négocie pas. En juillet, 70 % des membres ont rejeté la « meilleure offre » de Postes Canada. Le syndicat a ensuite soumis une contre-offre en août qui est restée sans réponse. Ensuite, il y a eu cette annonce de restructuration du ministre Lightbound et nous voici de retour en grève. »

La grève chez Postes Canada survient en pleine campagne électorale municipale au Québec. Dernièrement, le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) a modifié temporairement les règles pour permettre aux municipalités de distribuer le matériel électoral, tels les cartons d’électeurs, les trousses de vote et les cartes de rappel.

Une situation qui inquiète les syndiqués de Postes Canada. « On voit des employés municipaux distribuer les cartes d’électeurs et ça nous interpelle. Il s’agit de courrier adressé. C’est du travail postal, légalement réservé à Postes Canada. Si l’on commence à permettre à d’autres de faire notre travail pendant un conflit, qu’est-ce qui empêchera qu’on nous remplace demain par des employés moins bien formés ? On se rapproche dangereusement des briseurs de grève et de la sous-traitance », déplore Isabelle Dupuis.

Livraison des chèques d’assistance sociale

Pour les citoyens touchés par la question, une entente avec Postes Canada prévoit la livraison des chèques d’assistance sociale, mais il semble que très peu de facteurs se portent volontaires. « Le moral est à son plus bas. Même ceux qui veulent aider ressentent une grande frustration.  On va en trouver des volontaires. Il ne faut pas oublier que beaucoup de dirigeants dans leurs bureaux sont d’anciens facteurs capables de faire ce travail. Il y aura une solution c’est certain », assure Isabelle Dupuis.

« Cette grève, ce n’est pas un choix, on ne voulait pas en arriver là. Nos membres veulent simplement être écoutés, respectés et pouvoir reprendre le travail dans de bonnes conditions », conclut la présidente syndicale.