(Stéphane Martin, 09 octobre 2025) – Les conditions de marché défavorables combinées à un conflit de travail prolongé seraient au cœur de la décision de Rio Tinto Fer et Titane (RTFT) de fermer son usine de poudres métalliques à Sorel-Tracy.  C’est ce qu’a expliqué le directeur exécutif des Opérations Québec de RTFT, Jean-François Gauthier, dans un entretien accordé au SorelTracy Magazine.

Cette décision affectera directement un peu plus de 210 travailleurs, dont une trentaine de cadres et environ 180 employés syndiqués. « Depuis trois ans, la situation est préoccupante au niveau des conditions de marché. C’est le cas autant pour le dioxyde de titane que pour nos produits de fer et de titan. Malgré tous les efforts qu’on fait pour améliorer la situation, notre situation financière demeure encore précaire. En 2024, on a lancé un processus de transformation pour revoir notre plan d’affaires, parce que la stratégie qu’on avait établie à la fin de l’année 2022 a dû être revue dans la mesure où il y a eu des changements structurels tellement importants au niveau du marché du dioxyde de titane, avec l’entrée de la Chine comme acteur principal en termes de production », lance d’emblée Monsieur Gauthier.

« Nos analyses approfondies nous avaient démontré que, globalement, au niveau du marché des poudres, le marché allait continuer de poursuivre son déclin dans la mesure où il y a une transition importante qui est en train de se faire dans l’industrie automobile, des véhicules à moteur à combustion vers les véhicules électriques. Pour vous situer à quel point c’est important, il y a 36 livres de poudre métallique dans un véhicule à moteur à combustion alors qu’il n’y en a que 6 dans un véhicule électrique. »

Un conflit de travail non résolu

La grève prolongée chez les syndiqués de l’usine des Poudres métalliques est également pointée du doigt dans la décision de fermer les installations. Interrogé sur les efforts déployés pour résoudre le conflit, le directeur exécutif des Opérations Québec ne mâche pas ses mots.

Ses propos laissent peu de place au doute quant au fait que le conflit de travail aura été, en quelque sorte, le dernier clou dans le cercueil d’une usine déjà fragilisée par les conditions de marché. « On avait quatre conventions collectives à renouveler. On en a renouvelé trois et notre intention était de renouveler les quatre conventions collectives. […] Dès le début du processus, nous avons fait appel à un conciliateur, à notre demande, pour des rencontres le 10 juillet, où nous avons déposé une nouvelle offre finale. On a mis tout ce qu’on pouvait faire pour respecter notre cadre financier et demeurer équitable envers les autres contrats signés. Malheureusement, ils ont décidé de prendre la décision d’aller en grève. »

La suite des choses

Pour les employés touchés, la direction promet des programmes de transition de carrière et des démarches de reclassement à l’interne, notamment au sein des autres unités du complexe métallurgique de Sorel-Tracy, qui compte encore plus de 1 400 employés.

« On va rencontrer chaque employé individuellement pour discuter de ses options. Il y a aussi des opportunités à explorer dans d’autres divisions de Rio Tinto. […] C’est une décision lourde de conséquences, mais nécessaire pour assurer la pérennité du site. Les autres installations poursuivront leurs opérations normalement », assure Jean-François Gauthier.

La grève actuelle pourrait toutefois accélérer la fermeture, alors que l’entreprise tente de terminer les commandes en cours d’ici la fin 2025.  « On va faire de notre mieux pour honorer nos contrats, surtout dans l’industrie automobile, qui a des normes très strictes à respecter », conclut-il.

Lire aussi : 
Rio Tinto Fer et Titane fermera son Usine des poudres métalliques à Sorel-Tracy

Réaction du Syndicat des Métallos
Fermeture de l’usine des Poudres métalliques