SorelTracy Magazine - Vendredi, 26 juillet 2024

Vendredi 23 juin, 2023

Quel est l’avenir de la métallurgie dans la région ?

(Stéphane Martin, 23 juin 2023) – Une centaine d’acteurs du milieu de la métallurgie étaient réunis jeudi matin à Sorel-Tracy afin de dresser un portrait exhaustif de ce secteur d’activité économique et d’en prévoir les futurs enjeux.

L’événement était organisé conjointement par le Comité sectoriel de main-d’œuvre de la métallurgie du Québec et par le Chantier d’attraction de la main-d’œuvre de Sorel-Tracy. Si certains acteurs se montrent positifs face à l’avenir, d’autres n’hésitent pas à se faire alarmistes.


« Il se passe quelque chose dans la région de Sorel-Tracy, on le sent. On veut en faire partie, on veut faire partie de la solution. Dans ce contexte, c’est important que l’on travaille avec tous les partenaires pour trouver des solutions et établir des stratégies communes et réussir à attirer les travailleurs dans notre région. […] On est actuellement dans une lancée très positive à Sorel-Tracy. On assiste à une mobilisation économique dans le cadre du chantier de la Davie. […] On pense que c’est nécessaire de regrouper nos forces pour l’avenir, ce projet est nécessaire pour l’avenir de la métallurgie dans la région », mentionne avec enthousiasme le porte-parole du Chantier d’attraction de la main-d’œuvre de Sorel-Tracy, Mario Fortin.


« Malheureusement Mario, il se passe quelque chose à Bécancour qui va impacter votre région beaucoup plus que vous ne le pensez. La filière de la batterie verte, ça secoue l’écosystème de 4 régions administratives, dont la Montérégie. On parle de 8 000 à 10 000 emplois. On va y créer des emplois que vous avez actuellement chez vous. C’est nouveau, ça sera de nouvelles usines avec de la haute technologie. […] Ça va devenir un buzz chez les jeunes pour aller y travailler. […] Il va y avoir beaucoup de PME qui vont perdre leurs électromécaniciens, leurs soudeurs, tous les corps de métier qui sont en pénurie actuellement au Québec. Les gens vont être attirés par cette nouvelle industrie qui s’en vient »
, prévient le président de la Commission des partenaires du marché du travail, Jean Lortie.


Également, une étude réalisée auprès de 68% des 167 entreprises de métallurgie de la province a permis d’identifier les secteurs où la pénurie de main-d’œuvre sévit le plus. « La pression se situe beaucoup au niveau des métiers d’entretien. […] On a 20% de la main-d’œuvre actuellement qui a 55 ans et plus en entretien et s’ajoute à ça le fait que 51% des établissements prévoient une croissance des employés. Donc on va avoir besoin de plus de main-d’œuvre pour produire », relate la directrice générale du Comité sectoriel de main-d’œuvre de la métallurgie du Québec, Marie-France Charbonneau.

L’environnement au cœur des priorités


Les discussions ont également porté sur l’environnement. Il a été possible de constater que les dirigeants et les travailleurs sont bien conscients que l’industrie de la métallurgie fait partie des plus grands pollueurs. « Quand on regarde notre page carrière, on voit des emplois qui n’existaient pas il y a de ça 2 ou 3 ans à peine. On peut penser aux techniciens en décarbonation. […] Ce sont de nouveaux métiers qui vont nous aider à atteindre nos objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030 et devenir carboneutres d’ici 2050 », explique le chef de service en formation chez Rio Tinto Fer et Titane, Howard Cossitt.


« Les étudiants prennent au sérieux la transition climatique. Selon un sondage, 75% des étudiants veulent aller vers des compagnies vertes.  Donc, ce n’est pas vers notre secteur que devraient venir travailler ces jeunes. C’est inquiétant. Moi j’invite ces jeunes à venir dans notre secteur pour être des acteurs de changement de l’industrie »,
laisse savoir le coordonnateur régional, Syndicat des Métallos, Guy Gaudette.

Si l’exercice a permis d’aborder plusieurs pistes de réflexion, elle n’aura pas nécessairement apporté de réponses aux questions. Concrètement, à la sortie de la rencontre, tous les acteurs ont compris l’importance de travailler ensemble pour pallier les problèmes.

Ce qu’ils ont également dit


« Je vous encourage à regarder le mot rétention dans le sens de retenir. On ne veut pas retenir nos gens, on veut qu’ils soient-là parce qu’ils ont vraiment envie d’être-là dans un lieu de vie où ils vont développer leur famille. » – Hugues Fauville, Vice-président, Ressources humaines, communications, décarbonation et environnement, ArcelorMittal Produits longs Canada.


« On a divisé l’éducation en créneaux. On va travailler en soudure, on va travailler en mécanique, etc. Pourquoi ne pas faire une formation du travail de la métallurgie qui irait chercher tous les domaines pour avoir des travailleurs polyvalents, qui seront capables de s’adapter et de travailler longtemps dans l’entreprise ? »
– Patrick Péloquin, maire de Sorel-Tracy.


« J’entends l’épouvantail de Bécancour et c’est la chose qui m’agace le plus. […] Je ne sais pas si vous avez déjà fait la route de Sorel-Tracy à Bécancour en plein hiver, mais ce n’est vraiment pas agréable.  Je dis que nous devons travailler en amont sans nous mettre la tête dans le sable.  Mais on voit des choses qui se passent dans la région parce que les entreprises sont en action. »
– Sylvain Dupuis, préfet de la MRC de Pierre-De Saurel et maire de Saint-Ours.

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