L’économiste principale au Mouvement Desjardins Florence Jean-Jacobs estiment que les dépenses gouvernementales en infrastructures et en défense représentent de belles opportunités pour les gens d’affaires. Crédit : Annie Bourque

(Annie Bourque) – L’économiste principale au Mouvement Desjardins Florence Jean-Jacobs a présenté jeudi midi une conférence passionnante sur les perspectives économiques dans notre région, au pays et du côté de nos voisins du Sud.

Devant environ 90 convives réunis au diner de la Chambre de commerce et d’industrie de Sorel-Tracy, à l’Hôtel de la Rive, Mme Jean-Jacobs a illustré la situation économique en la comparant à un creux de vague.

« Au Québec et Canada, on s’attend à une croissance modeste, mais pas de récession. L’incertitude freine les projets d’investissement qui ont été mis sur pause», observe-t-elle.

Entreprises font preuve de résilience

Certaines entreprises s’ajustent face à l’imposition des tarifs douaniers survenus en mars 2025.  Un dirigeant d’une entreprise agro-alimentaire lui a dit : « avant, on importait des boîtes de conserve des États-Unis et nous étions taxés à 50 % par les contre-tarifs. Nous avons donc trouvé un fournisseur canadien. »

De gauche à droite, Éric Parent, directeur général de la Caisse Desjardins Pierre-De Saurel, l’économiste Florence Jean-Jacobs, le président de la Chambre de commerce d’industrie de Sorel-Tracy, André Averill et Luc Martel, dg de la Chambre de commerce et d’industrie de Sorel-Tracy. Crédit : Annie Bourque

La situation est encore difficile pour les dirigeants qui doivent augmenter leur carnet de commandes tout en privilégiant des projets d’investissement pour la robotisation ou numérisation.
L’économiste suggère aux entreprises de bénéficier des programmes des différents paliers de gouvernement. Chez nous, l’entreprise Boulet & Fenêtres de Sorel-Tracy a bénéficié de l’aide d’Investissement Québec afin de moderniser ses équipements.

Saisir les opportunités dans la région

En cette période difficile pour les entreprises du secteur de l’acier, aluminium, meuble, bois d’œuvre et de la foresterie, Mme Jean-Jacobs conseille d’y voir des occasions d’affaires.

Il y a 35 ans, Éric Parent a participé aux Jeux du Québec et il s’allie avec le maire Patrick Péloquin afin de solliciter l’appui de la communauté d’affaires pour l’obtention des futurs Jeux du Québec à Sorel-Tracy en 2029. Crédit : Annie Bourque

« Toute crise, mentionne-t-elle, génère des opportunités. Les secteurs de la défense et de la sécurité sont en pleine croissance ici au pays, mais aussi ailleurs en Europe. Déjà, le gouvernement canadien a triplé le budget pour la défense et la sécurité qui passe de 1,4 à 2 % du PIB. Dans 10 ans, en 2035, cela représentera 5 % du PIB. »

Ces investissements vont générer de la demande pour d’autres entreprises liées à l’IA (Intelligence artificielle, aérospatiale, cybersécurité. Au Québec, d’autres investissements sont à prévoir dans le domaine des transports, des minéraux critiques et les retombées du plan d’Hydro-Québec.

« Chez nous, Contrecoeur fait partie de la liste des grands projets structurants où l’on va développer de nouvelles routes de commerces vers l’Est et l’Europe. La Montérégie se démarque pour sa zone d’innovation dans l’aérospatiale et la fabrication agro-alimentaire, deux secteurs qui ne sont pas visées par les tarifs. »

La Montérégie en bonne posture

Durant son allocution, l’économiste principale chez Desjardins a soutenu que la Montérégie s’en tire quand même bien. Règle générale, l’économie est encore au ralenti en 2025-2026, mais on se dirige vers une croissance plus forte que celle de l’ensemble du Québec et plus forte que celle de la grande région métropolitaine de Montréal.

Les raisons ? « La Montérégie se distingue par la diversification de ses activités, dont les différents types de fabrication. Quand on se diversifie, cela permet de diminuer le risque. »

À quoi s’attendre ?

Le milieu du travail avec un taux de chômage dans la région de 4,6 % continue de s’améliorer, à un rythme modéré en 2026. La croissance de l’ordre de 4 % des investissements dont ceux à Contrecoeur et des projets d’habitation en hausse dans le secteur locatif et peut-être l’obtention des Jeux du Québec en 2029 à Sorel-Tracy augurent bien pour le futur.

Le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de Sorel-Tracy a lancé un cri du cœur en exprimant son souhait que la communauté d’affaires s’implique davantage dans les activités de l’organisme. Crédit : Annie Bourque

Les défis restent nombreux toutefois avec les nouvelles restrictions des permis liés à l’embauche des TET des travailleurs étrangers temporaires et le faible taux de natalité au Québec.

Enfin, Mme Jean-Jacobs prévoit que l’incertitude va demeurer. La révision de l’ACEUM (Accord Canada-États-Unis-Mexique) est à suivre. « Je ne pense pas qu’on reviendra au libre-échange comme avant. Le protectionnisme va sans doute demeurer. »

Plus que jamais, les entrepreneurs devront faire preuve d’agilité, d’ajustement comme s’ils dansaient sur un mince fil de fer..