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Vendredi 27 août, 2021
Décentralisation du système de santé
« On est en train de frapper un mur ! » – Dr Marie-Claude Blouin, ophtalmologiste
(Stéphane Martin, 27 août 2021) Le Regroupement Québécois de Médecins pour la Décentralisation du Système de Santé (RQMDSS) tenait vendredi matin une conférence de presse à laquelle prenait part le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin et l’ophtalmologiste soreloise, Dr Marie-Claude Blouin.
Des maires et préfets représentant plus de 50 municipalités du Québec étaient également de la partie afin de témoigner des effets néfastes que l’hypercentralisation a eu pour leur population et citoyen. Il s’agissait d’une vaste opération visibilité pour le RQMDSS qui demande pour la énième fois que l’on redonne une gouvernance locale aux hôpitaux.
« Il faut que l’on puisse retrouver une gouvernance locale dans nos hôpitaux pour pouvoir garder nos soins chez nous et avoir accès à des soins de santé pour notre population. […| Ce n’est un secret pour personne, le système de santé ne va pas bien du tout. On vit une crise actuellement, on est en train de frapper un mur. […|. Il ne s’agit pas de revenir à l’état prépandémique pour rattraper les retards de chirurgie. Il y avait beaucoup de problèmes avant la pandémie. Ce que l’on veut au RQMDSS, c’est d’améliorer notre système de santé. On veut palier les problème d’accès […] que les gens soient fiers du système. […] Ce que l’on propose, c’est d’avoir des administrateurs locaux dans nos hôpitaux […] Ça nous apparaît être la clé de voûte pour commencer à améliorer l’efficience de nos établissements », explique la docteure Marie-Claude Blouin qui est également membre du RQMDSS.
« Ce n’est pas normal que des familles qui ont toujours été soignées près de chez elles doivent maintenant faire une heure de route pour recevoir des soins qui pourraient être offerts ici, à Sorel-Tracy. Il faut dénoncer les ratés de l’hypercentralisation de notre système de santé qui entraîne une démobilisation du personnel et une perte du sentiment d’appartenance à notre hôpital. Les Soreloises et les Sorelois n’ont pas à vivre avec l’effritement des ressources, des équipements et des spécialités médicales », ajoute le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, qui s’implique depuis plusieurs années dans ce dossier.
Toujours selon les explications fournies, une décentralisation du système de santé serait non seulement bénéfique pour les médecins et la population, mais également pour tous les corps de métier qui gravitent autour des patients. « Tout le monde est d’accord que pour régler des problèmes localement, ça prend des dirigeants locaux qui sont sur le terrain. […] Il faut un décideur local qui a du pouvoir et qui est capable de changer les choses localement. […| Présentement, on voit des problèmes, mais on n’a personne à qui les dire. Et même si l’on trouve quelqu’un dans l’organigramme à qui parler, lui même ne peut pas agir, il doit demander la permission à 4 ou 5 autres paliers », ajoute la docteure Blouin.
Il n’y a plus de microbiologiste à Sorel-Tracy
La conférence de vendredi matin était également l’occasion d’apprendre que le département de microbiologie de l’Hôtel-Dieu de Sorel se retrouve actuellement orphelin de spécialiste. « Jusqu’à récemment à l’Hôtel-Dieu de Sorel, on avait deux microbiologistes-infectiologues. L’un a quitté pour la retraite et celle qui restait vient de quitter l’hôpital parce qu’elle était seule et que c’est une charge de travail qui était beaucoup trop pour elle. Donc, nous n’avons plus de microbiologiste-infectiologue à l’Hôtel-Dieu de Sorel. Il y a du dépannage d’offert ponctuellement, mais c’est très compliqué. […] Un microbiologiste-infectiologue, c’est un médecin spécialisé dans les infections causées par les bactéries, les virus, les champignons, etc. En temps de COVID, un microbiologiste est essentiel dans un hôpital pour s’assurer du respect de tous les protocoles et des procédures pour la prévention des infections », explique Marie-Claude Blouin.
Cette dernière craint que l’absence de ce spécialiste à l’hôpital entraîne la perte d’un autre service essentiel. « Un microbiologiste-infectiologue est responsable du laboratoire de microbiologie. […] On craint qu’à plus ou moins court terme, si l’on ne trouve pas un spécialiste, on perde notre laboratoire. Ce qui impliquerait d’envoyer à l’extérieur tous les spécimens à analyser. Ce qui retarderait beaucoup l’obtention des résultats pour les soins au patient », de conclure l’ophtalmologiste.
Le Regroupement québécois des médecins pour la décentralisation du système de santé est un regroupement de 800 médecins, issus de plus de 50 centres hospitaliers au Québec, qui constatent chaque jour à quel point l’hypercentralisation en santé nuit non seulement au combat contre la COVID-19, mais aussi aux soins que nécessitent des patients atteints d’autres pathologies.
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