SorelTracy Magazine - Mercredi, 4 Décembre 2024

Mardi 12 avril, 2022

Par Jean Rajotte

Le Rétroviseur, un clin d’œil à un passé

Par Jean Rajotte

L’autre jour, par habitude, je cadrais le rétroviseur de mon auto. Je me mis à penser, si celui-ci pouvait me renvoyer et me projeter les scènes et les personnes qui ont défilées sur ce petit quadrilatère vitré, une belle magie en perspective. Je revivrais des moments particuliers, instantanés, de ma vie. Ça serais un retour vers un passé, comme des ‘’ flash-back’’ tirés d’un film jamais ininterrompu. Le témoin silencieux et discret, complice de mon subconscient qui soudainement s’éveillait et m’envahissait d’une flopée de souvenirs.

Certes, ils sont reculés dans le temps, mais ma mémoire les a protégés et bien abrités. Bien assis devant ce minuscule écran, je vois défiler des morceaux de mon existence, tantôt en noir et blanc, tantôt en ‘’ technicolor ‘’. Ce n’est pas croyable, tout se bouscule dans ma tête. Je veux revoir ces images disparates, un peu mêlées et légèrement floues par le temps. Je veux m’enthousiasmer et applaudir ces acteurs amateurs, les approcher, les reconnaître, les sentir et à la limite les toucher, ce sont des ami(e)s, des connaissances, des personnages de mon entourage, de ma ville, de ma région.

J’entends le son libéré et enjoué de leur voix. Derrière eux, je prête l’oreille aux bruits occasionnés par le frottement et le bruissement des pas, des passants égornifleurs et des badauds curieux qui errent au cœur de ma ville et de son Carré Royal. Je perçois et je renifle les odeurs et les arômes variés qui s’échappent des commerces (biscuits, beignes et fromages), des boucheries du vieux marché Richelieu. Celui-ci se meurt d’ennui! A quand le RETOUR des étals à l’extérieur ? Cela me fait mal, de le voir abandonner et déserter.

Soudainement, je souris et je ris à un passé pas si lointain, le rétroviseur me lance un clin d’œil compasse et me bombarde de scènes et de photos polaroid. Je pousse, peut-être mes souvenances et mes résurgences avec trop d’émotivité, mais j’aimerais bien revoir se dérouler pour quelques moments, ce retour en arrière pour mon plaisir et le vôtre. C’est un peu ça la féerie, la magie de se souvenir, c’est de mieux apprécier et VIVRE les instants présents, avec nos grands yeux éblouis et ébahis, surchargés et encombrés par l’émoi, les frissons et les tressaillements.

Ici, je me permets d’ouvrir une parenthèse, je ne veux pas vous paraître trop nostalgique et rêveur. Mais, il y a une période de ma vie qui m’a manquée tout spécialement. Si vous aviez la chance d’interviewer mon ‘’rétro’’, il vous dirait par l’image, ‘’je pense connaître celle-ci, je vais chercher la bonne bobine et vous la dévoiler, alors on tourne !’’ En voici le contenu : les personnes d’un certain âge ont été les témoins privilégiés et les acteurs d’une belle PÉRIODE dans leur vie. Je la situerais dans le temps, fin des années 40 (l’après 2ième guerre mondiale), jusqu’au début des années 80 (1er Référendum, sur l’avenir du Québec). Cependant, j’appelle la PHASE fin des années 40 jusqu’aux années 60, la joyeuse et les glorieuse… Elle fut celles de ma pré et entière adolescence. C’est ma préférée…

Il flottait dans l’air une ambiance détendue et relâchée. Une douce tranquillité nous enveloppait. Nous étions simplement heureux, satisfaits, profitant d’un confort modeste et sobre, pour la plupart. Notre vie de tous les jours s’alimentait de ‘’petits’’ bonheurs passagers, éphémères, mais combien, agréables. Il nous suffisait de les apprécier sur-le-champ, demain serait un autre jour.

Nous vivions dans une époque en pleine effervescence, de changement et de progrès. Ce climat social apaisant nous invitait à la créativité à l’aventure et au dépassement. Ils nous étaient permis de croire en tout, surtout en nous. La vie était belle, en pleine floraisons et nous étions là, elle nous appartenait, à nous de se ‘’ lancer’’.

Voilà, mon rétroviseur est bien ajusté, je démarre, laissent derrière moi la chance que vous puissiez faire votre propre RÉTROSPECTIVE avec excitation, joie et un certain sourire jouissif. Je suis assuré que dans votre tête et dans votre cœur, vous avez tous hâte de prendre place sur le siège avant de l’auto pour entreprendre cet extraordinaire voyage de retour, de redécouverte et de réapparition dans le temps. Je souhaite que vous l’applaudissiez comme après chaque représentation. Alors action! Vous êtes votre propre projectionniste, l’opérateur en chef. Faites-vous le plus beau des cadeaux. Souvenirs réels, rêve inventé, fantaisie romanesque, mémoire magnifiée tout peut surgir de l’imaginaire, de l’image…

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