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Jeudi 9 mai, 2024
Le harcèlement en milieu de travail
Le harcèlement en milieu de travail fait de plus en plus de victimes et les impacts sur la santé des travailleurs et travailleuses ainsi que sur la productivité d’une entreprise sont nombreux. La prévention demeure le meilleur moyen d’en réduire les dommages.
Depuis 2019, la Loi sur les normes du travail oblige les employeurs à adopter une politique de prévention du harcèlement psychologique et de traitement des plaintes. « Quand un employé porte plainte, l’employeur doit montrer sa politique. S’il n’en a pas, il a 30 jours pour en faire une et la faire connaître à l’ensemble de ses travailleurs et travailleuses. Les sanctions peuvent être lourdes s’il ne se conforme pas. Il faut aussi que l’employeur soit présent sur le terrain et qu’il voit ce qui se passe. Certains peuvent vivre du harcèlement depuis des mois et ne le diront pas. Il faut être très clair comme employeur que la porte est ouverte à toutes discussions. Il ne faut pas qu’un employé qui vivrait du harcèlement s’isole avec tout ce poids sur les épaules », indique Marie-Hélène Millen qui est conseillère en ressources humaines agréés.
Selon une étude publiée en 2023 par l’Institut de la statistique du Québec, parmi la population occupant un emploi rémunéré, 13 % ont vécu au moins une situation de harcèlement psychologique ou sexuel au travail dans l’année. « Il y en a encore qui n’osent pas parler de peur ne de pas être cru, ajoute-t-elle. Je conseille aux victimes de noter dans un cahier tous les gestes ou les paroles qu’elles attribuent à du harcèlement. Cela permet d’avoir la mémoire fraîche face aux faits et de poser un regard éclairé sur la situation. »
De lourdes conséquences pour les victimes et les employeurs
Le harcèlement au travail peut mener à des conséquences bien plus lourdes que le simple fait de ne pas vouloir entrer au travail le matin. « Les victimes que je rencontre vivent un stress énorme. Elles ont de la difficulté à dormir, ça se répercute sur la santé qui se dégrade à vue d’œil. Rapidement, on voit un médecin pour obtenir une pilule pour dormir et les antidépresseurs ne suivent pas loin derrière. La personne tombe en arrêt de travail ou perd tout simplement son emploi. Beaucoup se dirigent vers des échappatoires comme la consommation d’alcool et de drogue. Le couple et la famille à la maison en souffrent. Dans certains cas, cela peut mener au divorce », prévient Madame Millen.
La situation n’est pas plus rose pour l’entreprise qui serait le théâtre d’une situation de harcèlement vécu entre employés. « C’est le nom de l’employeur qui apparaît sur la plainte. Il est responsable des agissements d’un tiers. Pour l’entreprise, on parle de perte de productivités, de désengagement et de perte de fidélité du personnel. Il y a une diminution de la qualité des services, une augmentation du risque d’erreurs. Il faut gérer l’absentéisme et le roulement de personnel. Ça laisse des traces qui prennent du temps à être effacées », relate la conseillère en ressources humaines agréés.
L’être humain avant tout
Les spécialistes en droit du travail sont appelés à représenter autant des victimes de harcèlement que des présumés harceleurs. « Nous avons des humains devant nous et on est là pour les aider. Si c’est une victime, on va tout faire pour l’aider dans son cheminement et, au besoin, la référer vers des professionnels de la santé. Nous ne sommes pas insensibles face à la douleur humaine », assure Marie-Hélène Millen.
« À l’inverse, lorsqu’une personne est accusée de harcèlement, nous sommes-là pour faire la lumière sur les faits et s’assurer que cela ne se reproduise plus. Même si elle perd son emploi, une personne qui n’admet pas ses torts va recommencer dans une autre entreprise. Il faut aussi déterminer s’il s’agit bel et bien de harcèlement. La ligne est mince parfois entre un conflit personnel ouvert et un comportement harceleur. Il y a aussi des gens qui ont de la difficulté avec l’autorité et croient, à tord, qu’un employeur est toujours sur leur dos alors qu’il ne fait qu’exercer son droit de gestion », de conclure la spécialiste qui insiste sur l’importance de dénoncer le harcèlement quelle qu’en soit la nature.
Texte rédigé par : Stéphane Martin