SorelTracy Magazine - Vendredi, 5 Décembre 2025

Jeudi 4 Décembre, 2025

Effondrement mortel du 29 mai à Sorel-Tracy

La CNESST révèle les défaillances ayant coûté la vie à un travailleur de 37 ans

Les inspecteurs Mathieu Lamy et Claudia Bernard ont présenté, jeudi matin, les conclusions du rapport d’enquête de la CNESST concernant un accident de travail ayant coûté la vie à un travailleur de 37 ans, le 29 mai dernier à Sorel-Tracy.

(Stéphane Martin, 04 décembre 2025) – Ce qui devait être une journée de travail ordinaire sur un vaste chantier de construction s’est transformé en tragédie le 29 mai dernier à Sorel-Tracy. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a dévoilé ce jeudi les conclusions de son enquête sur l’accident qui a fauché la vie d’un chef d’équipe de 37 ans et blessé trois autres travailleurs de l’entreprise A.M. Installations.  

Dans les faits présentés en conférence de presse, le jour de l’accident, huit travailleurs se trouvaient sur un chantier de construction et assemblaient des arches en acier galvanisé, d’une largeur de 30 m, qui composaient la structure d’un dôme d’entreposage sur une fondation en béton. Alors que l’installation des 19 arches était complétée, celles-ci ont basculé et se sont effondrées au sol.

L’effondrement a entrainé le décès du chef d’équipe et des blessures à un travailleur, tous deux situés sous la structure en cours de montage, en plus de provoquer la chute de deux travailleurs qui étaient à bord d’une plateforme élévatrice, leur occasionnant aussi des blessures.

Les secours ont été appelés sur les lieux. Les travailleurs blessés ont été transportés au centre hospitalier, mais le décès du chef d’équipe a été constaté sur place. 

Appareils de levage de personnes présents sur les lieux de l’accident.

L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident : 

– Alors que des travailleurs se trouvent sous la structure du dôme en cours de montage, celle-ci s’effondre, atteint mortellement un travailleur et en blesse trois autres.

– La méthode de travail utilisée pour le montage de la structure du dôme est dangereuse parce qu’elle n’assure pas sa stabilité pendant son installation.

« La méthode de montage employée sur le chantier était dangereuse. Les cordes et les ancrages utilisés pour stabiliser les arches ne respectaient pas les spécifications du fabricant et les contreventements temporaires [pièces installées entre les arches pour en assurer la stabilité] n’étaient pas installés selon les plans. […] Les cordes utilisées […] ne supportaient que 50 % de la résistance requise », a précisé l’inspecteur de la CNESST, Mathieu Lamy.

Une corde jaune attachée à une arche métallique.

À la suite de l’accident, la CNESST a interdit l’accès au chantier et le démantèlement de la structure métallique du dôme en construction à l’employeur, A. M. Installations, et au maître d’œuvre, Les Habitations Richard Hébert inc.

De plus, la CNESST a exigé une méthode de travail sécuritaire pour le retrait des composants de structure et des équipements de levage renversés ou endommagés, a suspendu les travaux de montage de la structure métallique (arches) des dômes 2 à 6 et a exigé l’élaboration d’une procédure de montage de la structure métallique ainsi que la vérification de l’état des ancrages. L’employeur et le maître d’œuvre se sont conformés à ces exigences. 

« Avant de procéder au montage d’une structure métallique, une procédure sécuritaire doit être mise en place, incluant les étapes d’installation, les mesures pour stabiliser la structure et la protection des travailleurs contre les chutes. […] Dans ce cas, une telle procédure n’existait pas », spécifie l’inspectrice à la CNESST, Claudia Bernard.

Le rapport de la CNESST mentionne que pour prévenir les accidents lors du montage d’une charpente métallique, des solutions existent, notamment :

– Les travaux doivent être exécutés selon le plan du fabricant de la charpente métallique et selon une procédure de montage élaborée par l’employeur qui contient :

1. la méthode d’installation et les étapes du montage de la charpente;

2. les mesures à prendre pour assurer la stabilité des éléments de la charpente;

3. les mesures de protection des travailleurs contre les chutes.

Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.

Les travailleurs doivent faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.

L’inspectrice de la CNESST, Claudia Bernard.

Suivis de l’enquête

La CNESST transmettra les conclusions de son enquête à l’Association de la construction du Québec (ACQ), à l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), à l’Association des entrepreneurs en construction du Québec (AECQ) et à la Commission de la construction du Québec (CCQ). Elle transmettra également les conclusions de son enquête à toutes les associations sectorielles paritaires ainsi qu’à l’ensemble des gestionnaires de mutuelles de prévention.

Jusqu’à présent, aucune accusation criminelle n’a été portée dans ce dossier. Selon les explications fournies, il n’est pas impossible que de telles démarches soient entreprises, mais elles ne relèveraient pas de la CNESST.

Il est possible de lire le rapport d’enquête complet de cet accident du 29 mai 2025 en CLIQUANT ICI.

L’inspecteur de la CNESST, Mathieu Lamy.



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