(Stéphane Martin, 30 septembre 2025) – Dans un contexte économique mondial incertain, la direction d’ArcelorMittal Contrecoeur a annoncé la fermeture temporaire de son complexe pour la semaine du 19 au 25 octobre en raison d’un manque de commandes.

L’information a été transmise aux employés dans les derniers jours. La compagnie cherche toutefois à minimiser les mises à pied durant cette période en utilisant diverses mesures comme des vacances, du temps accumulé ou de l’aide à la maintenance.

Pour le président de la section locale 6586 des Métallos, qui représente les travailleurs du site de Contrecoeur-Est, cette décision de l’employeur ne surprend personne dans le contexte actuel. « On travaille main dans la main avec l’employeur. Lui veut maintenir ses opérations, ses profits. Nous, on veut conserver nos emplois de qualité, ici, dans la région », explique Jason Braconnier.

Le président de la section locale 6586 des Métallos, Jason Braconnier

Selon ce dernier, depuis plusieurs mois, l’industrie de l’acier subit les contrecoups d’un marché instable marqué par l’incertitude économique aux États-Unis, les droits de douane changeants, et la concurrence déloyale de certains pays émergents, notamment la Chine.

Jason Braconnier est également porte-parole du Comité de solidarité de l’acier qui regroupe plusieurs milliers de travailleurs. Il mentionne qu’environ 13 millions de tonnes d’acier sont produites chaque année au Canada, mais seulement 35 % de ce volume provient de producteurs locaux comme ArcelorMittal.  « À titre de comparaison, aux États-Unis, 70 % de l’acier consommé est produit localement. On aimerait atteindre 60 % au Canada. Ce serait suffisant pour faire rouler nos usines à pleine capacité. »

Il dénonce aussi un manque d’encadrement douanier, facilitant l’entrée d’acier bon marché sur le marché canadien.  « Il y a des compagnies qui passent par les Émirats arabes ou le Vietnam pour contourner les règles. On appelle ça le marché noir de l’acier. Malgré plusieurs victoires devant le Tribunal canadien du commerce extérieur, les mesures ne sont pas suffisamment punitives pour dissuader les contrevenants », déplore Monsieur Braconnier.

Le Comité de solidarité de l’acier poursuivra ses démarches à Ottawa cet automne pour réclamer des mesures de sauvegarde contre les importations d’acier à bas prix, déplorant que la filière québécoise soit souvent éclipsée dans le discours politique.

« À Contrecoeur, l’usine emploie 650 travailleurs, sans compter les nombreux emplois indirects qui en dépendent. C’est un marché stratégique. Il faut que les gouvernements, autant à Québec qu’à Ottawa, prennent les moyens pour protéger notre industrie et assurer sa pérennité », ajoute Jason Braconnier.

Malgré la fermeture temporaire de l’usine de Contrecoeur prévue en octobre, le syndicat demeure optimiste quant à l’avenir. « Ces interruptions, que l’on souhaite les plus rares possible, s’inscrivent dans une nouvelle stratégie visant à limiter les mises à pied prolongées tout en préservant les effectifs formés », conclut Monsieur Braconnier.