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Jeudi 11 septembre, 2025
Élections municipales, des deux rives du Saint-Laurent, l’écologie et l’environnement comme devoir et exigence citoyenne
Par Michel Pagé
À l’heure où les enjeux environnementaux s’intensifient, les élections municipales incarnent une opportunité concrète pour les citoyens de faire entendre leur voix en faveur d’une écologie engagée et d’un avenir durable. Elles sont un moment clé pour affirmer un devoir citoyen envers l’écologie, la santé environnementale et la cohérence des choix collectifs qui façonneront nos territoires. Voter, aujourd’hui, c’est aussi choisir des représentants qui seraient dignes, lucides, à la hauteur des enjeux et franchement engagés pour la cohérence de l’aménagement territorial.
Des cohortes de représentants à élire, quelques fois en remplacement en raison de l’hostilité de citoyens, par effet d’usure sous la critique répétée ou les frustrations de ne détenir que des pouvoirs décisionnels et des ressources régionales limitées ou insuffisantes, ou simplement par l’incompréhension de ce que devraient être les devoirs des élus envers le bien commun et la prospérité à long terme des campagnes, des villages et des villes et de leurs citoyens. Il serait vital que les électeurs exercent un choix judicieux en faveur de ceux et de celles qui auront à cœur l’écologie, l’environnement, la santé environnementale et qui auront fait preuve de conscience citoyenne au-delà d’intérêts, d’aveuglements ou de raisons spécieuses.
On objectera que les élus municipaux n’ont ni les pouvoirs ni les ressources pour mettre en œuvre une prise en charge de tout et en tout. Certes. Pourtant, les devoirs de précaution, d’information et de consultation doivent prévaloir. Ainsi, eu égard à des projets qui auraient des impacts destructeurs sur des milieux humides, la pollution de l’eau et des berges, le non-respect des bandes riveraines et ainsi de suite; un élu aurait le devoir d’oser intervenir même au-delà de balises réglementaires; oser exiger, innover, miser sur les ressources et les moyens communautaires et encourager la mobilisation citoyenne.
La précipitation à autoriser un projet de développement indiquerait déjà sa faiblesse (ainsi le cas Northvolt, et bien d’autres). Développer des consensus et valider l’acceptabilité sociale et toujours évaluer constituent des garanties préalables de succès tant économiques que communautaires de projets, et plus encore de mégaprojets qui écrasent les citoyens! Exécuter efficacement certes, mais après une évaluation serrée et éclairée et constructive. On confond trop le développement régional à des développements financiers bénéfiques pour quelques influenceurs ou entrepreneurs pressés.
Un projet que l’on dit pressé de réaliser donnerait déjà le signe d’un mauvais projet car la précipitation cache bien des lacunes et des couleuvres! Développer en urgence n’est pas garant de progrès si des destructions pénalisent l’Environnement et les écosystèmes et l’harmonie des architectures patrimoniales et de beaux villages. Être un élu ou un citoyen responsable, serait être prêt à prendre des risques pour le bien commun, dont le risque de tout évaluer avec la participation et la consultation des citoyens. Rien de plus malsain que cette culture de la dépendance aux développements affairistes ou du désengagement envers l’environnement.
La cohésion sociale en souffrirait alors. Une illustration par analogie: l’intégration linguistique et sociale régionale relève des responsabilités implicites des élus et de la communauté, car il n’y a pas de cohésion sans intégration, et alors entendre des élus rejeter sur un autre palier gouvernemental ces responsabilités citoyennes – (paradoxalement le préfet de MRC n’est pas élu à cette fonction par suffrage universel, mais par un jeu de coulisses où l’un enclin à accepter les projets de développements à intérêts particuliers serait favorisé.
L’élection des préfets ne devrait-il pas être soumis à une sorte de droit de regard d’un comité citoyens, de sages?) – et prétexter que cela relève de tel ou tel autre ministère, ou d’un ministère de l’Environnement de plus en plus désengagé envers l’Environnement devrait disqualifier un candidat à une élection municipale ou le livrer à une procédure de destitution s’il est trop enclin aux compromissions et ne consulte pas les citoyens. Bref, on entend trop des ‘’cela relève de l’autre palier politique’’ dans les petites municipalités et les MRC; et on décourage trop les citoyens à assister activement aux assemblées publiques et aux comités de travail…
Le Québec constitue un immense territoire composé de grandes régions porteuses de valeurs culturelles et sociétales distinctes, et aux ressources particulières qui conditionnent leur vitalité économique, sociale et écologique. Le tout forme un corps national souverain inviolable. Et le Québec s’est construit de l’esprit du <<Fleuve aux grandes eaux ». Et cette terre est notre terre commune. Chaque région, chaque village, chaque quartier contribue à forger l’âme du peuple, à fonder sa souveraineté. Une situation de problèmes en un lieu est affaire de tous, en communion.
Cependant, il n’y a pas de plan d’aménagement et d’occupation territoriale cohérent décidé par l’ensemble dans un forum social national collectif. Faute de regarder dans la même direction, on initie des étalements, des fragmentations des terres agricoles et des bois et des champs, des sols et des sous-sols livrés à des développements aveugles, à des intérêts mercantiles ou égocentriques; et, le Fleuve aux grandes eaux, jadis le paradis d’un foisonnement de poissons et de crevettes et de biodiversité, serait déjà en très mauvaise santé…Sous trop de développements, la beauté est nulle part, la laideur brutaliste s’étend partout. On ne partage pas assez un sentiment de la beauté des paysages et de la richesse de l’eau pure, de la naturalité des sols, de la biodiversité… Une richesse fondamentale du pays se perd. Un pays vaste mais peu peuplé, mais dévasté de partout, dans ses eaux, dans ses sols, dans ses forêts, dans ses patrimoines, dans ses mémoires identificatrices…
…
Conséquemment, ne faudrait-il pas promouvoir l’engagement explicite à un code d’éthique qui inscrirait un devoir de précaution, un devoir d’évaluation, un devoir d’information et un devoir de consultation? Certes, pour la pérennité à long terme. Globalement, on n’a pas besoin de plus de fonctionnaires municipaux ou provinciaux, ni d’élus aveuglés, mais de plus de Lumière, de plus de référence à un éthos, à un Caritas patrii soli! de la conscience citoyenne et de la beauté du pays. L’éthos confère un sens à l’action, donne un sens existentiel à sa propre vie, libère de conflits, encore qu’il faille bien se battre, même mal, pour infléchir l’action dans le sens de la Nature et de la raison de la Nature. Cet entendement ne devrait-ils pas aider à relativiser des discordances, à résoudre des désaccords, et à rechercher la coopération pour le bien commun.
Aux prochaines élections municipales, il ne suffira pas de voter : il faudra choisir, soutenir et défendre celles et ceux qui auront démontré une foi authentique et un engagement éclairé pour l’écologie, la protection de l’environnement et la santé de nos territoires et la cohérence de l’aménagement territorial, et la santé environnementale…. Et, qui porteront l’affirmation avérée de la vérité, du devoir et de la vaillance… Il relèverait alors du devoir et de la responsabilité de tous les citoyens de les appuyer solidairement, ces vrais Hommes d’une Terre des Hommes!
Michel Pagé
Citoyen de la Vallée du Richelieu et de la MRC Pierre-De Saurel, pour l’heure!
Réf. Code municipal (c-27); Loi sur les compétences municipales (c-47); et, des notes à propos des MRC.
Mots clé : Devoir de précaution, devoir de consultation, participation citoyenne, devoir d’évaluation. Environnement, Santé de l’Environnement et Santé publique. Devoir de reddition. Complexité et lourdeur de l’appareil bureaucratique. Prospérité, Naturalité. Cohérence de l’aménagement territorial.
Écrits de M. Pagé sous leslibraires.ca, auteur Michel Pagé, 3 livres