(Stéphane Martin, 27 mai 2025) – La semaine dernière, un rapport déposé par le vérificateur général par intérim du Québec, Alain Fortin, faisait état d’une lacune majeure dans le système préhospitalier d’urgence en indiquant que près de la moitié de la population québécoise n’a pas accès à un service de premiers répondants.

Si la grande région de Sorel-Tracy peut compter sur un service de premiers répondants dans plusieurs de ses municipalités, on déplore toutefois un manque criant de couverture ambulancière. Le territoire est vaste et le nombre de véhicules disponibles demeure insuffisant avec seulement trois ambulances de jour et deux la nuit, ce qui engendre des délais d’intervention qui peuvent s’avérer critiques voire fatals, dans les situations d’urgence.

« On ne répond pas qu’aux appels de Sorel-Tracy. On couvre ceux de Contrecoeur, Saint-Roch-de-Richelieu, Saint-Ours, Yamaska, jusqu’à Saint-Marcel-sur-Richelieu. Selon les situations, il faut amener les patients à Longueuil, Saint-Hyacinthe, ou même Montréal. Pendant ce temps, l’ambulance est indisponible. Et lorsque toutes les ambulances sont en intervention, des équipes de Longueuil, Beloeil ou même Victoriaville doivent être dépêchées pour répondre à un appel sur notre territoire. Ce sont des délais inacceptables qui se produisent toutes les semaines, voir même quotidiennement » déplore le président local FTPQ-SCFP-7300 secteur Sorel-Tracy, Maxime Godin Boulianne.

Le président local FTPQ-SCFP-7300 secteur Sorel-Tracy, Maxime Godin Boulianne. Photo: Gracieuseté

« On parle d’un domaine où chaque minute compte. Une minute de retard dans un arrêt cardio-respiratoire, c’est 10 % de chance en moins que la personne survive sans séquelles », ajoute-t-il.

Depuis 2016, les pompiers de Sorel-Tracy assurent le service de premiers répondants sur le territoire de la Ville et des municipalités desservies. Ils constatent chaque jour l’impact de leur intervention rapide, mais aussi les délais parfois préoccupants avant l’arrivée d’une ambulance. « On arrive souvent en quelques minutes. On évalue la situation, on rassure, on administre les premiers soins. Mais on ne transporte pas à l’hôpital. Ce sont les paramédics qui doivent ensuite prendre le relais. Et parfois, ça prend du temps, trop de temps. On n’a aucun contrôle là-dessus, si l’ambulance est à Longueuil, il faut attendre », explique Roger Lamanque, directeur du Service de protection et d’intervention d’urgence de Sorel-Tracy.

Des statistiques alarmantes

Selon les statistiques fournies par le syndicat FTPQ-SCFP-7300 secteur Sorel-Tracy, le taux d’utilisation clinique des services ambulanciers a atteint 96,45 % en 2023-2024, bien au-delà du seuil critique de 90 % fixé par le ministère de la Santé.  « En clair, les ambulances sont quasi constamment occupées. Malgré une augmentation constante des appels, 6 216 en 2023-2024, contre 5 943 en 2021-2022, aucun nouveau véhicule n’a été ajouté au parc régional. Le manque de véhicule ajoute une charge de travail aux paramédics qui ne mangent pas aux heures prévues et qui se privent parfois de manger sur leurs quarts de travail. C’est inacceptable, il faut débloquer le budget pour ajouter des équipes sur le terrain », mentionne Maxime Godin Boulianne.

Sans contrat de travail depuis plus d’un an

En grève depuis le 11 décembre 2024, les paramédics de Sorel-Tracy, sans convention collective depuis le 31 mars 2024, assurent que cette mobilisation n’a jamais compromis la sécurité des patients.  « Nos moyens de pression visent uniquement les tâches administratives. On lave moins les véhicules, on ne fait pas de facturation, mais chaque appel d’urgence reçoit la même réponse rapide et professionnelle », assure Monsieur Godin Boulianne.

Selon ce dernier, le principal point d’achoppement demeure les conditions de travail, notamment les heures supplémentaires, l’impossibilité de prendre congé et des demandes salariales qui restent sans réponse.

Voir aussi reportage de Noovo Info