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Lundi 5 mai, 2025
Des honneurs pour le producteur de cinéma Roger Frappier
Le maire de Saint-Joseph-de-Sorel Vincent Deguise pose devant la plaque honorant le producteur de cinéma Roger Frappier dont la salle au 2e étage de l’hôtel de ville porte désormais son nom.
(Annie Bourque ) – Vendredi soir 17 heures. La salle au 2e étage de l’Hôtel de Ville de Saint-Joseph-de-Sorel est remplie de dignitaires dont les députés Louis Plamondon et Jean-Bernard Émond, les conseillers municipaux et de collègues des médias régionaux.
Fébrile, le maire Vincent Deguise rêve de ce moment depuis plusieurs années. Enfin, une cérémonie simple et émouvante qui rend hommage au p’tit gars de Saint-Joseph-de-Sorel qui célèbre en 2025 une carrière internationale marquée par la production de 50 films en 4 décennies.
Le cinéaste Roger Frappier signe le livre d’Or en compagnie du maire de Saint-Joseph-de-Sorel, Vincent Deguise. Crédit : Annie Bourque
En début de soirée, l’artiste «Coco» Laramée et Jean-Guy Cournoyer, président du comité des Fêtes du 150e dévoilent une murale représentant une vue aérienne de la Ville. Le sourire aux lèvres, M. Frappier montre l’endroit où il a grandi. Puis, une plaque honorifique traçant son impressionnant parcours est dévoilée, juste à l’entrée de la salle qui porte désormais le nom de Roger Frappier.
Sourire aux lèvres, Roger Frappier montre la rue où il est né. Crédit : Annie Bourque
Des souvenirs heureux de son enfance
L’auteure de ces lignes a eu le plaisir de s’entretenir avec M. Frappier. Il a parlé de l’influence de son patelin sur sa carrière. « Le souvenir qui m’habite le plus c’est la communauté. On avait l’impression qu’on connaissait tout le monde et tout le monde nous connaissait. C’était l’époque où les portes des maisons n’étaient jamais barrées.»
« Je garde des souvenirs, dont le passage d’une fanfare dans les rues à l’heure du souper. Je me souviens à 7-8 ans où je prenais le « Pti-bac » qui me transportait jusqu’à Sorel et aussi de nos baignades au Parc de la Pointe-aux-Pins Vous savez, Saint-Joseph est entouré d’eau et cela donnait l’impression d’avoir accès au monde. »
Roger Frappier en compagnie de la journaliste Annie Bourque. Difficile de raconter en 1 heure ou 10 minutes le parcours si inspirant de l’homme. À quand une biographie ou un film sur lui ? Crédit : Steve Gauthier
Le rôle de sa tante
«Tante Gertrude était ouvreuse au Théâtre de Sorel qui était une salle d’art déco exceptionnelle avec 1000 places, raconte-t-il. Les fins de semaine, elle m’emmenait dans les loges. Je voyais 2 films au complet (les 2 jours). On n’avait pas encore la télévision. Ma grand-mère avait eu 11 enfants. Les soirs, c’était souvent le party chez nous.»
Le rôle du producteur de cinéma
De son parcours, plusieurs retiennent des films cultes dont La Grande Séduction, Jésus de Montréal, Le Déclin de l’Empire américain de Denys Arcand, en nomination en 1986, pour le meilleur film en langue étrangère aux Oscars.
Lors de son allocution dimanche, à l’occasion du déjeuner-conférence de la Fondation des Amis de la Bonne Entente, quelqu’un de l’assistance a voulu savoir si le métier de producteur est gratifiant sur le plan financier. En toute honnêteté, M. Frappier a répondu que c’est un métier qui le pousse constamment sur la corde raide.
Un exemple ? S’il reçoit 1 M $ pour un film, il en a perdu 1.2 M$ pour Hochelega Terre des âmes. « J’ai déjà avancé 230 000 $ de ma poche pour mon prochain film Les Chaussures italiennes, un fabuleux roman de Henning Mankell. »
Longues négociations qui durent sur des années
Vendredi, Roger Frappier a donné un bel exemple de sa détermination et son entêtement à réussir un projet. En lisant le livre The power of the dog suggéré par Gérard Depardieu dans une entrevue d’un magazine parisien, cela a déclenché un long processus de négociation pour obtenir les droits d’acquisition du film.
En 2022, The Power of the dog obtiendra 12 nominations aux Oscars dont la meilleure réalisation et meilleur film aux Golden Globe. « Chaque film, c’est comme université permanente, confie-t-il. Je ne savais pas que c’était un métier avec lequel on peut vieillir. »
Derrière le succès de l’inauguration de la salle Roger Frappier, il y a Catherine Deguise, agente de bureau et membre du comité organisateur du 150e, Nancy Yelle, directrice aux loisirs et à la vie communautaire de Saint-Joseph-de-Sorel, Carole Bruneau qui a répertorié la musique de films réalisés par Roger Frappier, le maire Vincent Deguise et la journaliste Annie Bourque qui a eu la chance de mener une entrevue avec le producteur québécois. Crédit : Steve Gauthier
Encore des projets en 2025
Cet été, M. Frappier tournera un long métrage avec Jérémy Comte dont le court métrage, Fauve s’est retrouvé en nomination aux Oscars en 2019 dans la catégorie du meilleur court métrage de fiction.
Le producteur nous confie avoir fait l’acquisition des droits de la pièce de théâtre L’Orangeraie de Larry Tremblay qui sera réalisé par un jeune cinéaste jordanien.
«Après ces 3 films (dont Les Chaussures italiennes cité plus haut), j’ai un peu l’impression que je vais garder du temps pour faire du vélo», a-t-il ajouté sous les rires de l’assistance.
La culture, le cœur qui bat d’une nation
En entrevue, M. Frappier déplore que le gouvernement consacre à peine 1 % de son budget à la culture. « Les gens qui travaillent en télévision, cinéma ou en littérature ne gagnent pas 40 000 $ par année. Un réalisateur gagne peut-être 200 000 $ pour un film, mais son prochain sera dans 4 ans.»
Affirmant être choqué par le fiasco de SAAQ Clic, M. Frappier souhaite que le gouvernement puisse mettre le focus sur la culture.
Enfin, à propos de l’intelligence artificielle, il dira : « moi, cela ne me fait absolument pas peur. On prédisait la mort du cinéma à l’arrivée de la télévision, du DVD ou des différentes plateformes. Le cinéma a toujours survécu. »
Le comité organisateur de la Fondation des Amis de la Bonne entente dont Lise Gauthier et Marcel Robert ont remis des cadeaux souvenirs illustrant la Ville de Sorel à Roger Frappier. Crédit : Annie Bourque
Mentor auprès de jeunes cinéastes
M. Frappier est une inspiration pour plusieurs cinéastes dont Denis Villeneuve, Manon Briand, Florence Longpré. « L’an prochain, dit-il nous allons réaliser le premier film de Florence Longpré qui s’appelle La portraitiste réalisée par Annie St-Pierre et écrit par Florence Longpré qui va jouer aussi le rôle principal. C’est un film indescriptible », dit-il d’un ton passionné.
Le petit gars de Saint-Joseph de Sorel a su rester lui-même. Tout au long de sa carrière, il a surmonté les difficultés, les échecs et remporté de grands succès cinématographique (voir sa bio plus bas). « J’ai fait la vie que je voulais faire et j’en suis très reconnaissant d’avoir été capable de faire cela», conclut-il lors de son entretien.
Dimanche, devant une salle comble de presque 200 invités, M. Frappier n’a pu terminer de raconter son parcours si inspirant. Ma voisine, Lucie Latraverse a suggéré: M. Frappier devrait raconter son histoire dans un film ou un livre qui s’intitulerait : Un Québécois à Hollywood.
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