SorelTracy Magazine - Samedi, 3 mai 2025

Vendredi 2 mai, 2025

Semaine de la dignité du 5 au 9 mai 2025

Comment une personne en difficulté peut vivre avec 829$ par mois, demande l’organisme

(Organisme de défense des droits sociaux du Richelieu) – Il est parfois difficile à croire qu’en 2025, une personne en difficulté peut être laissée à elle-même avec un revenu mensuel de 829$*. Pourtant, c’est la réalité que vit une personne adulte bénéficiaire de l’aide sociale. On peut facilement se demander comment cette personne arrive à subvenir à ses besoins avec la hausse du coût de la vie et les loyers qui continuent d’exploser.

La réponse est simple : elle n’y arrive pas. Même avec les crédits d’impôt accordés aux gens ayant un revenu plus faible, cette personne a un revenu annuel disponible de 11 553 $. Avec une contrainte temporaire à l’emploi, ce revenu annuel monte à 13 545 $. Avec une contrainte sévère et permanente, cela varie de 17 133 $ à 21 681 $ par année**.

En 2025, le revenu viable pour une personne seule au Québec (le revenu nécessaire pour qu’une personne puisse vivre dignement sans difficulté financière) varie de 31 696 $ à 42 884 $*** par année selon les villes du Québec. L’écart entre ces montants et les prestations des programmes d’aide sociale est astronomique.

Est-ce humain de dire à une personne assistée sociale que contrairement à d’autres, elle ne mérite pas de vivre dignement et sans difficulté financière ? Est-ce humain de dire à une personne assistée sociale qui se trouve dans l’incapacité de travailler (que ce soit temporaire ou permanent) que malgré ses difficultés déjà présentes, elle devra également vivre en situation de survie ? Comment une personne qui doit de force focusser sur sa simple survie physique est-elle en mesure de développer des habiletés de travail ou encore de trouver d’autres moyens de contribuer à sa communauté ?

C’est malheureusement le genre de questions qu’on est porté à se poser avec le système punitif mis en place et maintenu par notre gouvernement. Le gouvernement que nous, les citoyens, choisissons d’élire avec notre droit de vote. Le gouvernement que nous, les citoyens, choisissons pour décider de comment nous allons vivre nos vies dans cette société et comment nous allons être traités lorsque nous vivons des difficultés.

Le programme d’aide sociale existe à la base pour supporter financièrement une personne rencontrant des difficultés diverses à être sur le marché du travail, peu importe la raison, la gravité ou la durée des difficultés. C’est une aide de dernier recours et comme on peut le voir avec les montants des prestations, c’est une aide que littéralement personne ne
voudrait avoir à demander. C’est la dernière lueur d’espoir avant de se retrouver sans rien et à la rue.

Une personne ne se retrouve pas à l’aide sociale parce qu’elle le veut ou parce qu’elle est paresseuse et ne désire simplement pas travailler. Ce n’est la réalité d’absolument aucune personne assistée sociale. Toute incapacité à intégrer le marché du travail ou à y rester est toujours un symptôme ou une conséquence d’une ou plusieurs autres problématiques vécues par la personne. Une personne assistée sociale est avant tout un être humain comme tous les autres, avec des complexités, des qualités, des défauts, un vécu unique, un bagage émotif et une âme d’une profondeur sans fin.

La Semaine de la dignité des personnes assistées sociales est une initiative du Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ) et une opportunité annuelle pour tous de se mettre dans la peau d’une de ces personnes et de mieux comprendre sa réalité et les enjeux sociaux qui en découlent. Pour les groupes communautaires, c’est une opportunité de se mobiliser et de rappeler à notre gouvernement quelque chose qui devrait naturellement être compris. Les personnes assistées sociales sont des êtres humains sur le même pied d’égalité que les autres, qui méritent de vivre une vie agréable et sécuritaire, dans laquelle leur valeur est reconnue par leur société.

Il est possible pour tous les êtres humains de contribuer à la société de façon significative et le travail rémunéré n’est qu’une façon de le faire parmi tant d’autres. Peut-être est-il temps d’innover nos façons de percevoir l’apport de chacun dans nos communautés et de tendre la main et ouvrir notre esprit plutôt que de condamner et de se fermer aux différences de nos co-citoyens. Après tout, nous ne sommes rien sans les uns et les autres.

*Gouvernement du Québec
**Collectif pour un Québec sans pauvreté
***Institut de recherches et d’informations socioéconomiques

Organisme de défense des droits sociaux du Richelieu

Publicité

Publicité

Publicité