Une chronique de
 Jocelyn Daneau

mercredi 13 mai 2020

À propos de l’Hôtel-Dieu de Saurel (suite, une autre)

L’avantage d’une chronique régulière dans un média aussi polyvalent que le SorelTracy Magazine permet de revenir rapidement sur certains sujets déjà traités ou d’y ajouter de nouvelles pistes de réflexion. Profitons-en! Même si certains diront que je radote.

L’Hôtel-Dieu – De la nécessaire obligation d’aller de l’avant

Beaucoup de commentaires vus et entendus récemment concernant la gouvernance de l’Hôtel-Dieu, qui est je le rappelle, l’art de se gouverner soi-même c.-à-d. de se prendre en main.

On voudrait tous, moi le premier, revenir au bon vieux temps d’une certaine autonomie de notre hôpital avec son conseil d’administration composé des notables saurelois, son directeur général que l’on pouvait rencontrer la fin de semaine au restaurant Lambert ou son responsable du service des achats que l’on pouvait inviter aux Dunes ou à la pêche, toutes dépenses payées. On aimerait-tu ça revoir et multiplier les royaumes à l’intérieur de l’Hôtel-Dieu et ainsi, assister au retour des roitelets; des façons de faire onéreuses qui avaient aussi leurs lacunes.

Malheureusement, ce n’est plus de cette façon que se gèrent en 2020 les organisations, privées ou publiques. Surtout pas un réseau de la Santé de plus de 250 000 employés aux missions essentielles et variées, répartis géographiquement sur un immense territoire en une multitude de sites; où la prestation de services doit être uniforme et le droit à l’erreur quasi nul. Ce qui est le cas de l’Hôtel-Dieu qui doit opérer dans cet immense organisme presque biologique qu’est le ministère de la Santé et des Services sociaux, à la fois compliqué et complexe, et dont les mutations à la manière d’un virus sont souvent déconcertantes.

C’est pourquoi désormais, avec la puissance des outils informatiques et l’avènement de l’intelligence artificielle*, les fonctions comme les achats, ça se gère à distance à l’aide de catalogues électroniques sur la base du modèle d’affaires d’Amazon. Oubliez le retour des acheteurs assis à l’Hôtel-Dieu, le tout se fait maintenant à l’aide de « work-flow » (des processus) automatisé sur la base du regroupement de contrats géants tout en réduisant le nombre de fournisseurs. Pour ce qui est des particularités, elles sont gérées par un groupe centralisé situé ou non au même endroit.

Si pour les médias, les coupables pour la baisse de leurs revenus s’appellent Facebook ou Google. Pour l’Hôtel-Dieu, la centralisation de ses activités s’appelle entre autres CGI, Accenture, SAP, Oracle ou XEROX qui fait dans les « Solutions d’automatisation du flux de travail pour les soins de santé ».

Pour une organisation qui veut être concurrentielle en 2020, l’automatisation maximale de ses processus de travail est un passage obligé. Avec comme conséquence que la centralisation des centres de décision devient aussi un passage obligé; surtout dans un État centralisé comme le Québec. C’est ce que l’on appelle la dématérialisation de l’économie et Gaétan Barette en son temps l’avait bien compris, tout comme l’actuel gouvernement du Québec. De plus, dans la société post pandémie qui émerge, le télétravail pourrait devenir la norme et non plus l’exception; ce qui implique une numérisation croissante de nos vies professionnelles. D’ailleurs, François Legault le répète souvent, pour ce qui est de la structure des CISSS, on ne reviendra pas en arrière.

Certes, comme certains médecins de notre Hôtel-Dieu le dénoncent et le répètent à juste titre, la situation n’a pas d’allure à Saurel. Nous pouvons mettre des « plasteurs » pendant un certain temps, comme avec la présence supplémentaire d’un cadre. Mais le tout est à contre-courant des façons de faire efficientes. Ainsi, rajouter automatiquement des ressources humaines pour pallier à des lacunes organisationnelles doit être un choix de dernier recours. Il faut terminer la réforme Barette et surtout, finaliser la mise en place des outils administratifs (informatiques) appropriés.

Il serait donc important pour ceux et celles qui ont une voix dans la région, de ne pas faire illusion de la facilité d’un retour au passé concernant la gestion de l’Hôtel-Dieu, avec des promesses qui peuvent s’assimiler au populisme.

Dans mes 2 chroniques précédentes concernant l’Hôtel-Dieu, j’ai proposé 3 stratégies pour que nous puissions de nouveau mettre la main sur le volant de notre hôpital. À propos de celles-ci, je rajouterais simplement qu’elles sont basées sur un principe vieux comme le monde : « If you can't beat them, join them ». On peut s’opposer à la centralisation dans le réseau de la Santé et des services sociaux, mais sa force intrinsèque finira par vaincre. Dans ce contexte, il serait nettement plus stratégique de pratiquer le judo (Référence : L’Hôtel-Dieu de Saurel et la Santé où la technique du judo, 7 mai 2020).

Ceci étant, je rajouterais une 4stratégie pour améliorer le bien-être de nos médecins ici à Saurel et surtout, pour celui de nos usagers. Il faudrait que cesse l’espèce de cacophonie générée présentement de la part de ceux qui nous représentent pour ainsi, ne parler que d’une seule et même voix, sur la base de demandes claires et réalistes, c.-à-d. adaptées au contexte de 2020 en mode post-pandémie.

Suggestion de lecture 

Autant d’heures de travail, moins de patients, (La Presse, 3 août 2017). Si vous voulez voir une tranche de vie de nos médecins ici à Saurel (et ailleurs au Québec). C’est une illustration pathétique du temps improductif qu’ils doivent assumer par manque d’outils (informatiques) de travail. 

Je vous en cite un extrait : « Au Québec, les médecins qui offrent directement des soins disent voir 64 patients par semaine, en moyenne… La moyenne canadienne est de 78… il appert que cette différence n’est pas attribuable à des semaines de travail moins longues… Qu’est-ce qui cloche? Le Québec est en retard dans l’informatisation du système. On passe plus de temps qu’ailleurs à gérer et à quérir de l’information ».

C’était en 2017. Nous sommes condamnés en 2020 à terminer la réforme Barette. 

Pétition, pas une autre 

En date du 31 mai 2018, 732 signataires pour le Rétablissement des postes de direction en santé et services sociaux sur le territoire Pierre-De Saurel. Je ne crois pas réellement à l’efficacité des pétitions, surtout pas entre 2 élections, là où la classe politique est le moins à l’écoute. Alors, en faire une seconde sur le même sujet, disons que ça ne donnera pas grand résultat.

CA du CISSSME 

Si le site internet du Centre intégré de Santé et de Services sociaux de la Montérégie-Est est à jour, il y aurait 3 postes d’administrateurs de libres sur son Conseil d’administration. Rappel : C’est l’instance décisionnelle qui gère notre Hôtel-Dieu et nous, citoyens et citoyennes de Saurel, n’y sommes presque pas représentés. Les 3 postes en question sont :  

1.   Vacant - Compétences en gestion des risques, finances et comptabilité;

2.   Vacant - Compétences en ressources immobilières, informationnelles et humaines;

3.   Vacant - Compétences en vérification, performance et gestion de la qualité.

J’ai des compétences et de l’expérience dans ces trois domaines, après 32 années chez Hydro-Québec, une entreprise publique de classe mondiale. J’ai de l’expérience comme membres de CA, étant notamment président de celui de la Société historique Pierre-de-Saurel. Je suis donc disponible pour siéger sur le CA du CISSSME et ainsi représenter mes concitoyens et contribuer à nous prendre en main. Moi ou d’autres, il faut y mettre nos propres représentants.

Jocelyn Daneau, isolé et en attente, jocelyndaneau@gmail.com 

Note : Complexe, c’est simplement une situation compliquée qui est maîtrisée. Déconstruire et reconstruire un avion en pièces détachées, c’est possible, mais complexe. Échapper un plat de spaghetti cuit et essayer de le reconstituer, c’est (très) compliqué. 

* Décentraliser la Santé vers Pierre-De Saurel?  9 mai 2020

 

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