LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mercredi 21 mars 2012 12:48

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE



           
LA CHRONIQUE, DE JOCELYN DANEAU
 

mercredi 21 mars 2012

À Sorel-Tracy, la lecture est sur le bout des doigts

Depuis la nuit des temps, l’activité culturelle est un puissant facteur d’identité sociale. En ce sens, je suis un partisan convaincu de la culture sous toutes ses formes, comme moteur du développement d’une société. J’aime la lecture, le cinéma et la musique, surtout les voix féminines en français. Mais je considère que faire chanter Céline Dion en anglais est un sacrilège tout en étant un "fan" consommé d’Arcade Fire. J’applaudis aux succès d’Azimut Diffusion mais la danse et le théâtre me laissent froid. Je suis incapable de comprendre la peinture, mais quand je visite une grande ville, ses musées sont ma « top » priorité. Je suis membre du Biophare de Sorel-Tracy, mais je n’y ai jamais mis les pieds. Bref, je suis culturellement pragmatique.  

C’est donc avec un œil pragmatique que j’ai lu intégralement les 122 pages du rapport sur la « Stratégie de consolidation et de développement, Réseau des bibliothèques de Sorel-Tracy, Rapport final – 11 janvier 2012. » récemment rendu public. 

J’ai abordé ce document en me mettant dans la peau du maire de Sorel-Tracy avec une seule question : « Sur un horizon de 5 à 10 ans, quelle vision devrions-nous avoir de notre service de lecture c.-à-d. quelle doit être la nature de notre réseau de bibliothèques? ». 122 pages plus loin, je n’ai toujours pas de réponses. Certes, le document en question présente une solution. Malheureusement, ce n’est pas la bonne.

 

Pourquoi? Essentiellement, parce que cette solution est basée sur la pérennité du livre papier comme support à la lecture, selon le mode des bibliothèques traditionnelles peuplées d’étagères. Autrement dit, la solution proposée si elle n’est pas déjà périmée est en voie de l’être.

 

Pour mémoire, je crois utile de vous rappeler qu’en juillet 2011, j’avais publié une chronique sur le sujet : « Une histoire de tablettes au pays du Survenant et de Marie-Didace ». J’avais alors profité de l’annonce de ce mandat d’expertise pour vous faire part de quelques réflexions sur le sujet, issues de mes recherches. Je le faisais comme néophyte en matière de bibliothéconomie (la science des bibliothèques) et surtout, comme amoureux des livres et de la lecture.

 

Je ne veux pas refaire cette discussion. Cependant, il faut comprendre que nous entrons dans l’ère du numérique mobile et portable où les usagers auront le don d’ubiquité, 24 h sur 24. Que l’on pense seulement aux utilisateurs des fameuses tablettes comme les IPAD, notamment comme support à la lecture.

 

Nous entrons dans une ère où l’individu ne se déplacera plus vers la bibliothèque. Nous entrons dans une ère où c’est la bibliothèque qui se déplacera vers l’individu, là où il sera, quand il le voudra. « L’expert » en bibliothèque retenu par la ville ignore cette tendance lourde, enfermé qu’il est dans le paradigme du livre papier sur des étagères. Pour celui-ci, la bibliothèque de 2035 sera identique à celle de 2012 qui est calquée sur le modèle des années 80. Il ignore complètement le fait que le livre papier se dématérialise à la vitesse de la lumière. Il ignore le fait que la façon de lire évolue actuellement au même rythme. Nous lisons et lirons de moins en moins sur du papier et de plus en plus sur un écran. Bientôt, l’écran sera aussi mince que le papier (voir entre autres, les technologies de papier électronique à Diodes électroluminescentes organiques - OLED).

 

Il manque l’essentiel à ce rapport. Il lui manque une vision d’avenir.

 

Au niveau de la forme, ce document présente une surabondance de données factuelles, mais aucun « sommaire exécutif » (ex. : 9 mentions que la population de Sorel-Tracy de 34 234 personnes). Il pourrait être élagué de plus de 80% de son contenu (ex. : les contribuables ont payé pour se faire dire que le « Linoléum dans le service technique, mais tapis sale et usé au rez-de-chaussée et au sous-sol », textuellement, p.35).

 

Au niveau du fonds, ce rapport propose ni plus ni moins d’investir l’argent des contribuables dans l’amélioration d’un réseau de bibliothèque désuet dont le concept est périmé. Il y a aura toujours des livres papiers comme il y aura toujours des disques en vinyle, mais pas comme objet de consommation, mais de collection.

 

Si j’étais le maire de Sorel-Tracy, j’aurais convoqué « l’expert » qui a rédigé le document ainsi que les membres du comité de suivi qui encadraient ce dernier et qui ont accepté ce rapport dans l’enthousiasme : le directeur des loisirs de Sorel-Tracy et la conseillère municipale, madame Corinna Bastiani.

 

Verbatim de Madame Corinna Bastiani, séance du conseil de ville de Sorel-Tracy, lors de l’approbation du rapport sur les bibliothèques, 5 mars 2012.

« L’équipe du Service des loisirs de la ville de Sorel-Tracy travaille à faire un plan d’action suite au rapport sur les bibliothèques pour les prochaines années. C’est vraiment un rapport complet et fort intéressant. »

 

Premièrement, je leur aurais demandé de suspendre le plan d’action en cours de préparation. Il faut savoir où l’on va avant d’y aller. Deuxièmement, je leur aurais donné un seul mandat : « Identifier sur un horizon de 5 à 10 ans, une vision relativement à l’offre de lecture de la ville de Sorel-Tracy et de sa région ». « L’expert » aborde ce sujet à la page 71 de sa « stratégie », mais il est incapable de formuler un début de réponse. Ce qui de facto, rend caduc l’ensemble de la stratégie qu’il propose. (Note : Sur le concept de vision, voir : L’Agenda 21 local de Sorel-Tracy : Conporec, Bouddha et les Carboneutres).

 

Ce mandat de vision devrait être encadré des balises suivantes.

 

RUPTURE : Si nous lisons entre les lignes, « l’expert » accorde à notre réseau de bibliothèques, une piètre note. De plus, considérant que le modèle de bibliothèque qu’il nous propose est périmé, nous avons la chance unique de pouvoir repartir à zéro. Bref, considérant que la valeur intrinsèque de nos bibliothèques est dorénavant faible, nous pouvons transformer cette situation en avantage en repartant d’une page blanche.

 

SYNERGIE : Il faut éviter de se dédoubler. Je suis convaincu que les autres villes de la MRC Pierre-de-Saurel et le réseau scolaire y incluant le CEGEP font face aux mêmes défis que Sorel-Tracy en matière de réseau de bibliothèques. Il y a donc des partenariats à instaurer, du moins à examiner. À ce titre, nos libraires locaux seraient peut-être intéressés à un projet collectif pour instituer une première bibliothèque régionale virtuelle.

 

TECHONOLOGIE : Je suis de l’avis contraire de « l’expert », la technologie numérique est la voie de l’avenir pour un réseau de bibliothèques. Je ne ferai pas un long discours technique sur la portabilité ou l’ubiquité des technologies numériques en 3 ou 4G ou sur le « Cloud computing ». Je dirais simplement : « OBSERVEZ LES JEUNES ».

 

HUMANISME : L’Humain a une capacité infinie d’apprendre et une soif illimitée en ce sens, peu importe son âge. Cela devra être le fondement de notre réseau de bibliothèques. De plus, les hommes et les femmes d’aujourd’hui et de demain sont et développeront, un fort penchant pour ce que l’on appelle, l’hédonisme. Les lieux physiques de la nouvelle bibliothèque devront refléter cette tendance. Ils devront être un lieu de bien-être et de loisirs littéraires où l’on comprendra aussi, que l’économie du savoir émerge de plus en plus.

 

« CASH » : Une vision sans moyen ou avec l’argent des autres, ce n’est que du « bla-bla » de politicien. Il faudra que la vision proposée une fois acceptée, soit accompagnée de son pendant concret : un budget, des étapes de réalisation, des dates et des livrables sans oublier un plan de transition vers la « bibliothèque » de demain.  

J’ai revisité la proposition de vision que je vous faisais dans ma chronique de juillet 2011,  mentionné précédemment. Je propose donc l’énoncé suivant comme pierre angulaire pour notre réseau de bibliothèques pour au minimum, les 10 prochaines années : « À Sorel-Tracy, la lecture est sur le bout des doigts ». Vous remarquerez que le mot « livre » n’apparaît pas. C’est la « lecture » qui est l’essentiel et elle accompagne les hommes et les femmes de notre communauté. 

 Jocelyn Daneau
Saurelois, fier citoyen de Sorel-Tracy!

Adresse courriel : jocelyndaneau@gmail.com
Site internet : www.jocelyndaneau.com
Sur TWITTER: http://twitter.com/#!/JocelynDaneau

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