jeudi 29 septembre 2011
Un Épervier à
la recherche d’altitude
Pourquoi malgré les efforts
déployés, les Éperviers ne
sont-ils toujours pas de retour
à Sorel-Tracy? Comment
finir par convaincre M.Gilles
Courteau, le puissant président
de la Ligne de Hockey Junior
Majeur du Québec, de nous
accorder une franchise. Lui qui
a été identifié
comme la 15ième
personnalité sportive la plus
influente au Québec?
Je suis un partisan
CONVAINCU du retour des
Éperviers à Sorel-Tracy. J’aime
le hockey. J’aime l’énergie que
génère et fait converger une
équipe sportive. Je suis
convaincu que Sorel-Tracy a
besoin de projets communs pour
retrouver la fierté qui était la
sienne. Le retour de la LHJMQ
chez nous serait une immense
contribution à la nécessaire
création de ce que j’ai appelé,
un « BUZZ » Sorel-Tracy.
Mais je suis un partisan
LUCIDE du retour des
Éperviers. Je vous invite donc à
examiner les critères qui font
qu’une équipe sportive a
financièrement du succès ou non.
Pour ce faire, nous utiliserons
et adapterons le modèle
d’analyse du
Conference Board du Canada (CBC)
sur les conditions de succès des
équipes sportives
professionnelles.
Veuillez noter que le CBC
examine uniquement des
critères économiques et
financiers. La performance
sportive est donc assumée égale
pour toutes les équipes. De
plus, le CBC est parfaitement
conscient du sentiment de
quasi-amour qui peut se
développer entre une équipe et
ses partisans. Malheureusement,
la rentabilité tant économique
que financière et l’amour font
souvent mauvais ménage.
Aux fins de cette analyse, j’ai
retenu un échantillon de 7
équipes de la LHJMQ :
Shawinigan, Victoriaville,
Baie-Comeau, Rimouski, Val-d'Or,
Rouyn-Noranda et Drummondville.
Je n’ai pas retenu Québec,
Gatineau et Chicoutimi parce
qu’elles sont nettement plus
populeuses que Sorel-Tracy.
Le premier critère du CBC
est relié à la taille du marché.
Pour déterminer sa taille
minimale, le CBC utilise une
règle du pouce : la taille de
la population doit être au moins
égale au nombre total de billets
à vendre. À Sorel-Tracy, la
capacité du Colisée Cardin est
de 3 037 sièges. Considérant 4
parties hors-concours et 34
matches réguliers, les Éperviers
devraient opérer dans un marché
de 115 000 personnes. Pour
apprécier ce résultat, il faut
faire une hypothèse : on ne peut
tenir compte des partisans qui
proviennent de l’extérieur de la
ville de référence. Pourquoi?
Pour nous permettre de comparer
notre échantillon de 7 villes
sur une même base c.-à-d. la
population des villes du Québec
fournies par
l’Institut de la Statistique du
Québec (ISQ).
La population de Sorel-Tracy en
2009 était estimée à 34 000
personnes. Ce qui nous donne un
déficit en termes de rentabilité
de 81 000 personnes. Sur la base
de ce critère pris en son sens
strict, les Éperviers ne peuvent
atteindre le seuil de
rentabilité. Sur cette même
base, les
7 équipes de notre échantillon
de référence
ont un déficit moyen de 71 000
personnes. Sorel-Tracy se situe
au milieu de cet échantillon. De
deux choses l’une, où toutes les
équipes de notre échantillon ne
font pas leurs frais. Ou le
critère du CBC n’est pas valide
pour le hockey junior et les
Éperviers seraient au moins
aussi rentables que les 7
équipes de notre échantillon.
Nous pouvons raisonnablement
retenir cette dernière
interprétation. D’autant plus
que selon
Jean Tremblay,
figure de proue du projet « Éperviers »,
le seuil de rentabilité serait à
2 250 spectateurs en moyenne. Ce
qui semble suffisant quand on
sait que l’assistance moyenne
aux parties de notre échantillon
de 7 équipes était de 2 354
personnes, au 1er
janvier 2011.
Notons que Québec, Gatineau et
Chicoutimi respectent la règle
du pouce du CBC ainsi que
l’Armada de Blainville-Boisbriand
et Sherbrooke.
En conclusion, le critère de
population ne semble pas être un
empêchement pour permettre à
Sorel-Tracy de rentabiliser une
concession dans la LHJMQ.
Il y a un cependant un important
bémol. Le critère de population
du CBC est accompagné d’une
condition de croissance du
nombre d’habitants. La valeur de
ce taux de croissance n’est pas
spécifiée. On sait qu’à
l’horizon 2024 sur la base du
recensement de 2006 de
Statistique Canada,
la population de Sorel-Tracy est
vieillissante et stagnante.
Ce n’est pas le cas pour
Blainville-Boisbriand et la
région de Laval où la population
est en forte croissance.
Le second critère porte
sur le niveau de revenu de la
population qui achète des
billets et les produits dérivés
des équipes. Selon l’ISQ, le
« Revenu d'emploi moyen des
travailleurs de 25-64 ans en
2009 » au niveau de la MRC
Pierre-de-Saurel était de
41 482 $. Notre région est dans
la moyenne des revenus de notre
échantillon de comparaison des 7
villes. Il faut donc conclure
que ce n’est pas le critère de
revenu personnel de nos citoyens
qui empêche le retour des
Éperviers.
Le troisième critère du
CBC porte sur la présence d’un
milieu des affaires dynamiques
et surtout, leur implication en
termes de location de loges
corporatives. Les exigences de
la LHJMQ seraient de 8 loges.
Selon
René Cournoyer,
un des promoteurs du projet « Éperviers »,
« …
on a fait nos devoirs, …, une
liste des loges réservées noms,
adresses, e-mail des personnes
qui ont réservé … »
est incluse dans le
cahier des charges. Il faut
conclure ici aussi que ce
critère est rencontré par
Sorel-Tracy. D’autant plus qu’à
l’examen de la liste des
entreprises membres de la
Chambre de commerce et
d’industrie Sorel-Tracy
métropolitain,
il y a suffisamment
d’entreprises capables de se
doter d’une loge, ne serait-ce
qu’en temps partagé.
Le quatrième critère
s’intitule : l’égalité des
chances. Il s’agit de deux
critères de nature financière
importants pour les équipes
professionnelles : le taux de
change et le niveau des impôts.
Malgré le fait que
le niveau des taxes municipales
à Sorel-Tracy
soit l’un des plus élevés au
Québec, nous pouvons
raisonnablement considérer ce
critère comme neutre dans le
succès éventuel des Éperviers.
Une première conclusion
s’impose. Selon les critères
FORMELS du Conference
Board du Canada, sous
réserve de la structure de notre
population, les Éperviers de
Sorel-Tracy seraient
financièrement rentables. Ce qui
est une excellente nouvelle.
Cependant, il semble que cela ne
soit pas suffisant pour la LHJMQ.
Pourquoi?
A priori, je ne crois pas que la
situation géographique de notre
ville soit en cause. À mon avis,
les contraintes associées à la
nature enclavée de la géographie
de Sorel-Tracy sont comme
toujours, nettement surestimées.
De même, je ne crois pas que le
bâtiment du Colisée Cardin
et son éventuel réaménagement
pour rencontrer les exigences de
la LHJMQ soient en cause. De
même, j’accorde peu de
crédibilité à l’exigence
qu’aurait la LHJMQ quant à la
nécessité d’un aréna neuve pour
obtenir une franchise. Alors,
pourquoi notre Épervier ne
lève-t-il pas?
Une partie de la réponse se
trouve peut-être du côté de ce
que j’appellerais, les
aspects INFORMELS.
Le premier aspect est relié à la
notion de « contact ».
Sans égard aux qualités et aux
efforts immenses consentis par
les promoteurs du projet « Épervier »,
avons-nous les contacts qu’il
faut? Je parle ici de gens
qui connaissent la « game »
et surtout, qui ont des entrées
auprès des décideurs. Par
exemple, pensez au duo
Joël Bouchard/Pierre Karl
Péladeau
avec l’Armada de Blainville-Boisbriand
ou aux associés de
Jocelyn Thibault
impliqué à Sherbrooke. Pensez à
Guy Carbonneau à Chicoutimi ou
si vous remontez dans le temps,
à Wayne Gretsky à Gatineau.
Avons-nous à Sorel-Tracy,
quelqu’un qui verra ses appels
téléphoniques retournés sous 24h
par Gilles Courteau?
Le second aspect informel est
relié à « l’image ». Nous
sommes dorénavant dans une
société « marketisée » où
le « branding » de
l’image de marque est devenu une
valeur fondamentale. En ce sens,
le produit est roi et la LHJMQ
en l’occurrence, veut être
associée à des gagnants. À votre
avis, si Sorel-Tracy était une
marque de commerce, quelle en
serait la valeur par exemple,
par rapport à Repentigny?
Quelle est la perception de
Gilles Courteau quand il pense à
Sorel-Tracy? Lorsqu’il consulte
l’actualité nous concernant,
quelle conclusion tire-t-il?
Il y a un sérieux coup de barre
à donner quant à l’image de
marque de notre ville, tant pour
la réussite du projet « Épervier »
que pour la pérennité de notre
communauté.
En conclusion, les Éperviers de
Sorel-Tracy seraient une
entreprise financièrement
rentable. Mais pour que notre
Épervier puisse voir le nid que
nous lui avons préparé, il lui
faut maintenant voler dans la
cour des grands. Surtout, il lui
faut prendre de l’altitude.
Jocelyn Daneau
Fier citoyen de Sorel-Tracy!
Adresse courriel :
jocelyndaneau@gmail.com
Site internet :
www.jocelyndaneau.com
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