LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : lundi 25 juillet 2011 00:14

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE



           
LA CHRONIQUE, DE JOCELYN DANEAU
 

lundi 25 juillet 2011

Poursuite de 22 M$ de SDD : de la nécessité d’un règlement hors cours

Où étiez-vous le soir du 2 mai 2011? Personnellement, je visionnais la séance du conseil municipal de Sorel-Tracy. Surtout, je m’auto commentais les propos de tout et chacun pour subitement, me mettre à sourire béatement. Nos élus venaient de prendre l’engagement de nous doter d’un plan de gestion de notre dette municipale galopante. Mais depuis ce temps, pas de son pas d’image. 

Selon notre directrice des finances, madame Robillard (1) à qui je souhaite une longue retraite heureuse et en santé, la vraie dette d’une municipalité est la « dette à long terme consolidée ». Au 31 décembre 2010, elle était de 54,5 millions de dollars en hausse de 1,9 M$ sur 12 mois (2). Autrement dit, notre dette a encore augmenté de 3,6 % en 2010 à raison de 5 205 $/jour. Au prorata, chaque citoyen de Sorel-Tracy supporte 1 556 $ de dette municipale contre 723 $ pour Granby. 

Ces chiffres me mettent toujours assez mal à l’aise.  Je vous rappelle que dans le palmarès que j’avais établi en matière de gestion de dette municipale, Sorel-Tracy obtenait un peu reluisant D+ (3). Comme la situation de la dette de Sorel-Tracy ne s’améliore pas, ce plan est un impératif. N’attendons pas de devenir la Grèce du Québec. 

Pourquoi parler de la dette en plein milieu des vacances? Parce que nous faisons face à une poursuite faramineuse de 22 M$ avec une première échéance devant un juge, le 13 septembre 2011. Parce que les résultats ALÉATOIRES de cette poursuite auront des impacts durables sur notre dette accumulée et sur les budgets des années à venir et donc, sur le niveau des taxes municipales. Parce qu’en bout de piste, dans un scénario apocalyptique, cette aventure pourrait nous coûter plus que les 22 M$ annoncés. 

Vous ne me croyez pas? Vous êtes de ceux qui ne prennent pas cette poursuite au sérieux en faisant le raisonnement suivant : « Nous n’avons jamais rien signé avec SDD, alors leur poursuite ne tient pas la route ». Dites-vous que si les avocats de Lavery (les représentants de SDD) ont conclu qu’il y avait matière à poursuite, c’est parce qu’il y a un potentiel de gain élevé. Comme un avocat de mes collègues m’a déjà dit : « Il y a ce qui est écrit et l’intention derrière ce qui est écrit ». Il n’y avait peut-être pas de contrat signé, j’en conviens. Mais convenons aussi que les kimonos semblaient assez ouverts. 

Bref, de quoi pourrait être composée notre facture finale? Je vous invite à faire une promenade, à gros traits, dans le merveilleux monde des coûts tangibles et intangibles. 

Les premiers frais tangibles sont ceux qui pourraient être accordés à SDD par la Cour, sur la base de la poursuite de 22 M$. Bien malin celui qui pourrait en prédire le résultat. Pensez aux résultats déconcertants des procès de Guy Turcotte (actuellement en appel) ou de Claude Robinson contre Cinar.  

Les seconds seront les frais de cour et surtout, LES FRAIS D’AVOCATS. Une cause comme celle-ci peut durer des années (4). À la fin de cette aventure, tous ces frais seront imputés aux parties en cause. Quelle sera notre part à nous, contribuables de Sorel-Tracy?  Mystère pour nous, mais un véritable festival d’heures "chargeables" pour les avocats. Ceci étant, j’encourage énormément notre ville à faire des provisions à partir du budget 2012. Nous pourrions donc voir un impact sur notre prochain compte de taxe (5). 

Certains diront : « Calmons-nous le pompon, Sorel-Tracy détient une assurance responsabilité ». À ce titre, je vous raconte une anecdote. En Afrique, nous avions une assurance pour des machines tournantes (je vous fais grâce des détails). Une des clauses du contrat stipulait (de mémoire) que les programmes d’entretien du manufacturier devaient être rigoureusement suivis, pour faire valoir les bénéfices de l’assurance en cas de bris. Les machines étaient régulièrement brisées et nous n’avons jamais eu de compensation. Devinez pourquoi. 

Avant d’émettre son premier chèque, notre assureur va s’assurer que la ville de Sorel-Tracy respecte l’esprit et la lettre de sa police d’assurance. Par exemple, avons-nous agi comme un bon père de famille dans la mise en œuvre du Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) adopté en 2005? Ceux qui pensent que l’assureur va nous rembourser intégralement sans poser de questions sont des rêveurs. Vous connaissez l’expression : « Le diable est dans les détails »? 

Les troisièmes frais tangibles sont reliés aux « Autres frais » et aux imprévus. Dans ce dernier cas, il y en a toujours plus que planifié. C’est une vérité immuable.  

Un exemple de « Autres frais » propre à Sorel-Tracy?  Le maire Dauplaise est un témoin important dans cette cause et il devrait être appelé à répondre sous serment aux questions des avocats de Lavery. Vous voyez le portrait? Lui qui est incapable de répondre à la moindre question sans l’aide de messieurs Lazure ou Bibeau. 

Il faudra donc préparer Réjean Dauplaise à répondre aux questions. Il faudra lui préparer une série de questions et de réponses (des « briefings book ») et lui faire apprendre le tout, presque par cœur, avec les variantes et les subtilités de langage. Une tâche monumentale pour un homme qui n’a jamais été préparé à ce genre d’épreuve. Il faudra lui faire faire des simulations avec des avocats-acteurs. Ces séances pourraient même être filmées à des fins d’amélioration. C’est ce que font les chefs de partis politiques à la veille des débats électoraux. Tout ça coûte une « beurrée » et le résultat, loin d’être garanti, pourrait nous coûter une autre « beurrée ». 

Les intangibles maintenant, il s’agit de frais difficilement quantifiables.  Mais ils sont toujours présents, notamment dans le cas qui nous occupe. Premièrement, il y a la perte d’efficacité administrative par le fait que les efforts des élus et d’une partie de la machine administrative de la ville sont déviés d’une de leur mission première : « Gérer la ville ». Autrement dit, pendant que nos élus s’impliquent dans ce dossier, ils ne sont pas disponibles pour améliorer le quotidien des citoyens. L’absence du plan de gestion de notre dette municipale en croissance en est un exemple. 

Mais deuxièmement, il y a pire!  C’est la moins grande disponibilité du maire Dauplaise à rechercher et saisir les opportunités de développement de notre ville. On peut difficilement être impliqué dans la préparation d’un procès, la gestion de la ville, etc., et la recherche d’opportunités de développement socio-économique. Combien nous coûteront toutes ces chances perdues de se développer?  Difficile à estimer, mais bien réel. 

Troisièmement, il y a encore pire!  À combien évaluez-vous la réputation de la ville de Sorel-Tracy? D’Infoman à la présente poursuite de SDD, quelle est le coût de voir notre image de marque continuellement mise à mal?  Quels sont les coûts que nous devrons encourir pour refaire notre réputation? Pour redonner confiance aux investisseurs potentiels ou aux fonctionnaires de Québec quand ils ont le choix entre deux villes de même taille pour un investissement public?  Les coûts associés à la faiblesse de notre image de marque sont énormes. Ils sont intangibles parce que nous pouvons difficilement les quantifier. Mais ils sont là. Les villes sont en compétition féroce pour attirer de nouvelles entreprises et de nouvelles activités. Pensez au retour des Éperviers qui ne se concrétisent pas! 

Compte tenu de ce qui précède, il est impératif que nous trouvions une solution dans un règlement hors cours avec SDD. J’aime mieux une solution négociée gagnante-gagnante qu’un jugement arbitraire du tribunal avec une solution de type gagnant-perdant. Actuellement, nos élus réfléchissent surtout pour avoir raison. Il serait temps qu’ils réfléchissent pour trouver une solution.  Au lieu de laisser notre sort dans les mains de tiers, notamment un juge et des avocats. Qu’en pensez-vous?  

Jocelyn Daneau

Fier citoyen de Sorel-Tracy!

Nouvelle adresse courriel : jocelyndaneau@gmail.com

Site internet : www.jocelyndaneau.com

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(1) Les 2 Rives, 3 mai 2011, page 9.

(2) Rapport financier 2010 consolidé, Exercice terminé le 31 décembre, Sorel-Tracy, 2011,

page 37 (voir : http://www.ville.sorel-tracy.qc.ca/Data/PDF/271.pdf).

(3) voir : http://www.soreltracy.com/chroniques/daneau/2011/3fev11.html

(4) « Signer la pétition », lettre ouverte de Marcel Fafard, Les 2 Rives, 28 juin 2011, page 6 (voir : http://actualite.monteregieweb.com/ecolocopie/DRS/20110628/#/6/)

(5) En fait, c’est la MRC Pierre-de-Saurel au complet qui est dans le collimateur de SDD. Comme Sorel-Tracy représente 68 % de la population de la MRC, nous pouvons estimer notre part à 15 M$ environ.

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