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SORELTRACY MAGAZINE.
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mardi 24 décembre 2019

Noël : de l’illusion vers la réunion
Par Jocelyn Daneau


Drôle de phénomène que la fête de Noël, qui sur le fond des choses est essentiellement une fiction fabriquée par le catholicisme. Pour ce qui est de la forme, Noël, c’est surtout devenu un gros happening d’achats, qui répond aux impératifs du marketing de l’industrie du commerce de détail; laquelle nous a aussi inventé au XXe siècle, le père Noël pour nous faire dépenser encore plus. En fait, ce 25 décembre est rempli à ras le bord de contradictions, peu importe la grille d’analyse utilisée.

Si on regarde le tout dans le contexte du Québec et de la région de Sorel-Tracy, surtout du point de vue des « boomers » et de leur descendance, nous sommes pratiquement tous issus de la mouvance catholique. Mais depuis longtemps, nous ne pratiquons plus aucune religion – catholique ou autres - dans une région où les églises se vident, sont carrément démolies ou transformées en salle de gymnastique, voir en alambique. Contradiction majeure! Plus personne ou presque ne s’intéresse au Dieu catholique, mais les radios nous abreuvent à satiété d’une musique de Noël où les Il est né le divin messie et autres Minuit chrétiens, n’en finissent plus, pour finir par nous taper sur les nerfs, même si d’année en année, nous en redemandons. On s’est débarrassé des curés et des églises pour les remplacer par les « Vendeurs du temple ».

Ainsi, avec ce vieux fond catholique dans le Québec de 2019, de la loi 21 sur la laïcité et du décrochage des crucifix, il faudrait assumer notre « noellitude » : religion ou consommation. Remarquez que pour un peuple qui ne se reconnaît pas dans le « plusse » beau pays du monde, mais qui continue d’y adhérer, nous ne sommes pas à une contradiction près.

Bref, on se dit laïc, agnostique et autres « iques », mais surtout pas catholiques, du moins, catholiques pratiquants. Alors, qu’est-ce qui nous pousse comme les Rois mages à nous lancer dans une frénésie de cadeaux? Pourquoi nous excitons-nous dans un rodéo de cartes de crédit à nous endetter plus que de raison, souvent jusqu’à 17 h. chaque 24 décembre, à commander des bébelles de partout dans le monde?

Il y a quoi à fêter, si on ne célèbre pas la naissance de Jésus? Le solstice d’hiver, comme le faisaient les fêtes païennes du IVe siècle, à partir duquel le Noël actuel a été construit par le catholicisme?

En réalité, la période des Fêtes est devenue un long congé statutaire, aux déplacements épuisants où se multiplie les repas gargantuesques, qui donne par tradition, un argument pour s’endetter dans une orgie de cadeaux souvent inutiles. Vous ne me croyez pas! Sachez qu’en France, près de 30 % des cadeaux de Noël sont immédiatement revendus et qu’eBay propose déjà un site internet de revente, sur la base de l’idée que le père Noël s’est trompé.

Enfoncé que nous sommes dans le tourbillon de cette tradition millénaire, même les environnementalistes sont victimes de ce paradigme en nous laissent en paix avec l’empreinte de carbone de Noël; laquelle doit être phénoménale. Parce que c’est ici, une autre de nos contradictions. Nous déplorons l’absence de froid et de neige pour nos sports d’hiver pour cause de réchauffement climatique, mais avec notre consumérisme effréné de Noël, nous contribuons à émettre des tonnes de gaz à effet de serre; nous-mêmes en nous déplaçant en VUS (50 % du parc automobile au Québec) ou en avion pour le Sud ou en installant à l’extérieur des millions d’ampoules multicolores ou en achetant mondialement des millions de « kossins » livrables à notre porte.

Mais Noël n’a pas que des défauts. C’est un moment privilégié de l’année qui permet de se rassembler en famille. Laquelle on le sait, devient de plus en plus éclatée avec la disparition de la famille traditionnelle de type nucléaire. C’est aussi un moment d’arrêt, même si la gestion des rencontres les uns avec les autres requiert souvent des habiletés diplomatiques de haut vol.

Abolir Noël? Sur le plan des sacro-saintes retombées économiques, je vois mal la classe politique se lancer dans un tel projet; même abolir les polluants publisacs fait présentement l’objet d’une bataille rangée, genre débat de société. Au plan émotionnel de la tradition de Noël, qui voudra mener cette bataille qui heurtera notre imaginaire de plein front, sachant que le catholicisme imprègne encore énormément une société québécoise qui se dit laïque et ouverte au multiculturalisme, tout en le pratiquant à géométrie variable.

Abolir Noël? Cela arrivera plutôt que tard par la force des choses c.-à-d. par le biais des changements climatiques. Lesquels suivent sans état d’âme, leur propre logique autodestructrice de l’Homme, son plus grand et principal prédateur. Parce que cette course immodérée à la consommation dont nous sommes tous les acteurs aura une fin, c’est dans l’ordre naturel des choses. Sans vouloir faire une Greta de moi-même, il serait temps d’y penser et d’agir parce que la nature a déjà commencé à y voir et elle ne nous fera pas de cadeau, surtout pas à Noël.

Cessons de vivre dans l’illusion d’un Noël de religion et de consommation pour n’y retenir que son côté union et réunion. Là, nous ferons un pas en avant comme société.

Bonne année 2020! La santé pour vous et les vôtres, c’est le bien le plus précieux.

Jocelyn Daneau
jocelyndaneau@gmail.com

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