LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : jeudi 24 novembre 2011 10:53

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE



           
LA CHRONIQUE, DE JOCELYN DANEAU
 

jeudi 24 novembre 2011

Quitter Tracy. Quitter Sorel. Entrer dans Sorel-Tracy! 

C’est une question qui me turlupine depuis longtemps : Ça s’appelle comment un citoyen de Sorel-Tracy? Un Sorelois? Un Tracien? Un Sorelois-Tracien? J’ai posé cette question dans une chronique précédente mais elle n’a suscité aucune réaction (voir : Le changement, en avons-nous peur?). Remarquez que je n’avais pas proposé de solution. Mais quelques mois plus tard, j’aurais peut-être une suggestion, toute simple. Avant de l’énoncer cependant, je voudrais vous convaincre de l’utilité de nous donner un nom collectif comme citoyen. C’est une question de fierté collective. 

Verrait-on une équipe de hockey sans nom? Une entreprise sans identifiant même s’il ne s’agit que d’un simple numéro. Il existe même des répertoires de noms d’animaux. Votre prénom a été l’un des premiers sujets de discussion de vos parents vous concernant, sinon vous seriez « chose » comme dans « Hey, chose ». Chez Provigo anciennement, les produits sans nom avaient quand même un nom, les « Sans nom ». Même François Legault, Caquiste en chef, se cherche ce que nous pourrions appeler, des Caqueteurs. Là où je veux en venir, c’est que les questions d’identité sont fondamentales dans l’édification et la pérennité des sociétés, des familles, des groupes, des équipes, des entreprises. On parle ici du sentiment d’appartenance à une entité. 

Cette affirmation soulève une question préalable : « Sorel-Tracy forme-t-elle une société c.-à-d. un groupe culturellement homogène? » N’étant pas sociologue ni historien, je profite de la brièveté de cette chronique pour prendre un raccourci et répondre en politicien : « OUI » et « NON ». Oui, nous sommes une société même si elle est microscopique c.-à-d. un groupe d’individus organisé pour vivre ensemble. Nous sommes (presque) homogènes par la langue, la culture, la religion (même si nous démolissons actuellement des églises), les programmes de TV, la gibelotte, etc. Mais je dis aussitôt « non ». Notre esprit d’équipe est déficient. Nous ne tirons pas tous dans le même sens.  

Un exemple récent? Lors de la dernière séance du conseil municipal de Sorel-Tracy (7-11-11), la question de notre identité collective est encore ressortie. Cette fois-ci sous la forme d’une discussion de nos représentants sur le bouclage des réseaux d’eau potable. Pour les uns, la tarification de l’eau devrait être uniforme. Pour les autres, il n’en est pas question. Cela sous-tends que 10 ans après la fusion, les citoyens de Sorel-Tracy ne sont toujours pas égaux aux yeux de leur ville, selon le côté du Richelieu où ils habitent. C’est un problème fondamental de valeur dans ce que l’on appelle, le « vivre ensemble ». Je vous rappelle par exemple que les tarifs d’électricité au Québec sont homogènes à la grandeur du territoire, même si le coût du service est différent d’un endroit à l’autre. 

Je suis convaincu que la décision ou non de réaliser le bouclage trouverait une solution plus facile si nous avions une identité commune forte. Autrement dit, il faut arrêter de se tirailler pour déterminer si nous devons réparer des égouts à Sorel OU à Tracy, en donnant l’impression que l’un se fait au détriment de l’autre. Il nous faut le faire à Sorel-Tracy dans les meilleurs intérêts du « vivre ensemble » que nous avons décidé avec la fusion de 2000. Il faut arrêter de jouer l’équipe de Sorel contre celle de Tracy. J’ai suffisamment donné dans ma jeunesse, œil au beurre noir inclus. 

Si au 20e siècle, le St-Laurent (et la famille Simard) a fait de Sorel-Tracy un pôle majeur de l’industrie manufacturière, modelant ainsi notre identité de société industrielle, ce n’est plus le cas au 21e siècle. Ce siècle du moins au début, sera celui de l’information, du numérique et surtout, de l’émergence de l’Asie comme puissance économique. Nous devons développer un nouvel imaginaire de ce que nous voulons devenir pour affronter ces défis. Cela commence par la prise de conscience quant à la nécessité d’une identité forte et affirmée. À SOREL-TRACY, IL NOUS FAUT IMPÉRATIVEMENT DEVENIR UNE ÉQUIPE SOUDÉE, TOURNÉE VERS L’AVENIR. 

Là vous me direz, nous ne sommes pas différents des gens du Saguenay, de la Gaspésie ou de Rouyn-Noranda. Oui ils sont différents parce qu’ils ont une identité forte : les Bleuets, les « ch’t’un » Gaspésien, les Témiscamiens et nous pouvons rajouter les Madelinots, les Beaucerons, les Maskoutains de St-Hyacinthe ou les Campivallensiens de Salaberry-de-Valleyfield, etc. L’identification des individus à un groupe spécifique est un puissant facteur d’appartenance et de motivation. Si nous voulons avoir une vision claire du devenir de notre ville, il faut savoir qui nous sommes. 

J’ai l’impression quelques fois que nous sommes comme les protagonistes du roman de Stephen King : « Minuit moins 2 ». Nous sommes les passagers d’un avion qui se cherche une destination dans un espace-temps indéfini. Pris entre un passé qui n’existe plus et continuellement en retard de 2 minutes sur un présent qui est notre futur.  

Pour illustrer cette « impression », je pense à l’excellent portfolio d’une dizaine d’articles publiés par La Presse sur Sorel-Tracy, mais auquel il manquait quelque chose de fondamental. Sauf pour Sorel-Tracy, presque tous les portfolios publiés contiennent un article de fond avec le premier magistrat de la ville « vedette » quant à sa vision de l’avenir. Beaucoup de choses fonctionnent et même très bien à Sorel-Tracy, mais je nous vois toujours à la recherche d’une direction dans un espace-temps sans leadership où rien ne semble attaché. À preuve, le débat récent et surtout sans vision du conseil municipal sur la contribution de la ville de Sorel-Tracy au Technocentre. Il s’est terminé par une résolution adoptée à « Minuit moins 1 ». 

Je vous donne un autre exemple. Nous avons voulu sortir de notre passé industriel à l’imaginaire glorieux pour entrer dans un présent inconnu qui s’appelait l’écologie industrielle, l’Agenda 21 local, etc. Mais ne sachant pas qui nous étions devenus, fusionnées par la force des choses, nous ne pouvions reconnaître notre destination dans ce flot de nouveaux concepts ni le chemin pour nous y conduire. D’autant plus que les hommes et les femmes de bonne volonté qui voulaient nous y guider, parlaient un langage qui rencontrait peu d’écho avec des concepts qu’eux-mêmes maitrisaient quelques fois difficilement.  

C’est pourquoi en partie, le projet de ville proposé par l’ancienne administration est allé s’écraser aux élections de 2009 sur le mur des « réactionnaires ». Lesquels sont historiquement considérés comme  des opposants au changement. Bref, la majorité des citoyens de Sorel-Tracy n’ayant pas d’identité sociétale affirmée, ont préféré retourner vers un passé jugé sécuritaire. Grave erreur, ont ne refait pas le passé.  

Concrètement, comment interpréter les deux derniers paragraphes? Imaginez les plus vieux d’entre nous qui n’avaient pas encore fait leur deuil de leur mode vie dans une société industrielle. Subitement, on leur dit : « Atlas, Tioxide, c’est fermé. Maintenant, c’est l’écologie industrielle. Voici la facture du Technocentre. À propos, le fonds de pension d’Atlas est en problème et vous n’aurez pas chaque mois, l’argent que vous attendiez ». Avouons que la pilule pouvait mal passer. 

Dix ans après la fusion, je suis convaincu que l’identité des citoyens de Sorel-Tracy doit être consolidée. L’objectif devant être que chaque citoyen quitte Sorel ou Tracy pour entrer à Sorel-Tracy. À l’époque, nous avons fusionné administrativement. Maintenant, il faut le faire émotionnellement. Il nous faut impérativement fusionner dans notre tête. 

Pour terminer le deuil de nos anciennes villes, je vous propose un peu comme pour les Italiens de la Renaissance (XVIe – XVIe siècle), de renaître en se donnant un nom collectif.  

Identifions-nous comme des SAURELOIS. 

Ce nom est simple mais nouveau par son orthographe, pour nous identifier. Tous, jeunes et moins jeunes, nous le connaissons. Il est connu à l’extérieur de la région. 

Il est surtout un signe de continuité avec ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous voulons être : une communauté soudée tournée vers l’avenir et qui se donne les moyens pour y parvenir, au bénéfice de tous, sacrifices inclus. 

“ Sindaco Dauplaise, questo è un progetto unificante, futuro semplice, apolitica, a portata di mano e promettente per tutti noi a voi.” 1  

Jocelyn Daneau

Saurelois et fier citoyen de Sorel-Tracy!
Adresse courriel :
jocelyndaneau@gmail.com
Site internet : www.jocelyndaneau.com

Sur TWITTER: http://twitter.com/#!/JocelynDaneau

1 Traduction à l’aide de Google de : “Monsieur le maire Dauplaise, voilà un projet rassembleur, simple, apolitique, à votre portée et porteur d'avenir pour nous tous, à vous de jouer.” 

Note : J’espère que la Société historique Pierre-de-Saurel me pardonnera cet emprunt relativement au titre de sa revue historique, Le Saurelois.

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