LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mardi 19 juillet 2011 12:26

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE



           
LA CHRONIQUE, DE JOCELYN DANEAU
 

mardi 19 juillet 2011

Le changement, en avons-nous peur? 

Vous aimez les clichés? Voici un classique : « Les impôts et la mort sont les seules certitudes dans la vie. »  En réalité, ce n’est vrai qu’en partie. Certains réussissent à éviter les impôts, mais personne n’échappe à la mort … et au changement. À 20 ans, c’est : « Vive le changement ». À 75, vous le détestez. À mon âge, on le redoute.

Le changement, on peut le pelleter par en avant, il est toujours là. On peut l’ignorer, il nous rattrape. Examiner votre vie, c’est une suite ininterrompue de changements. Il vient de tous les côtés et s’accélère. Vous voudriez l’arrêter tellement il se complique? Oubliez ça, c’est vous créer des problèmes qui deviennent quelques fois plus difficiles à résoudre. S’il y a une chose que j’ai apprise dans la vie, c’est d’assimiler le changement et de le gérer au meilleur de mes capacités. 

Comprendre et tenter de maîtriser le changement a été de tout temps, l’un des grands défis de l’Homme. Si nous voulons gérer le changement, il est impératif d’en saisir tant la nature que la mécanique. Mais comme rien n’est simple, le changement a souvent ses secrets, sa logique et même, ses propres objectifs. Il est imprévisible, parlez-en à Gilles Duceppe. Au cours des dernières décennies, Sorel-Tracy a connu plusieurs grands changements. J’en ai retenu trois à titre illustratif. 

La désindustrialisation de la région (ex. : fermeture de Marine Industrie) est un changement de nature économique qui trouve son origine à l’extérieur de la région. Nous ne l’avons pas provoqué, mais dans certains cas par aveuglement, nous l’avons favorisé. En bout de piste, nous le subissons encore collectivement. Nous l’avons géré en saisissant d’autres opportunités économiques avec ce que cela amène comme modification à notre mode de vie (ex. : un déménagement). 

La fusion de Sorel et Tracy en 2000 a été un changement de nature sociopolitique. Il trouve son origine dans la volonté du gouvernement du Québec avec un appui de notre population. Cette fusion n’est pas encore terminée. Par exemple, les taux de taxation de l’eau sont toujours différents entre Sorel et Tracy. Sur le plan des valeurs, sommes-nous intégrés? Personnellement, j’ai quitté Tracy en 1984 pour revenir à Sorel-Tracy. Ça s’appelle comment un résidant de Sorel-Tracy? Les problèmes d’identité sont fondamentaux dans les dynamiques de changement, notamment dans les projets d’intégration. Par exemple, nos voisins du Sud se définissent systématiquement comme Américains. Ils ont une identité forte. Au Québec, nous sommes Canadiens pour certains et Québécois pour les autres. Est-ce que la Grande équipe des citoyens de Sorel-Tracy est soudée dans une même identité? J’aurais de la difficulté à répondre avec un « oui » affirmatif.  

Le second mandat de Marcel Robert (1) a été marqué par une volonté locale de changer la culture de la ville de Sorel-Tracy. Ce sont les changements les plus difficiles à implanter. À l’époque, indifférent à la politique municipale de Sorel-Tracy, je comprenais que M. Robert voulait insuffler une nouvelle dynamique à notre ville. L’Agenda 21 local, la mise en valeur des berges de nos cours d'eau (incluant celle du Quai # 2) et le projet du Vieux marché ne sont que quelques-uns des projets que nous pouvons lui attribuer, ainsi qu’à son équipe. Pourquoi malgré ces bonnes idées, ce changement a-t-il échoué pour se terminer par l’éviction de Marcel Robert et une impression de retour en arrière?

Essentiellement parce que Marcel Robert a raté sa gestion du changement. Pourquoi? Parce qu’il lui manquait une vision claire, achevée et maîtrisée de l’avenir de la ville. Il lui manquait l’idée maîtresse qui synthétisait (« qui ramassait ») tant sa pensée que l’ensemble des projets qu’il voulait mettre de l’avant. Par vision, je pense à une image, une phrase, un slogan qui aurait touché le cœur des citoyens et stimulé leur imaginaire. Il n’y a rien de mieux que le rêve pour faire ouvrir un portefeuille

Un exemple de vision que M. Robert aurait pu porter? : « Sorel-Tracy, pour devenir ensemble, la première ville postindustrielle et carboneutre au Canada ». Notez que « postindustrielle » ne fait aucunement référence à l’absence d’industries, mais à des modes de production en accord avec le développement durable (ex. : QIT, AK Steel aux É.-U.). 

Globalement, Marcel Robert n’a pas su trouver les mots, l’écoute et l’attitude pour transmettre sa vision de la ville. À la place, les citoyens avaient de puissantes et persistantes images de folies des grandeurs et de folles dépenses. C’est ce que l’on appelle en matière de gestion du changement : « Faire de la résistance ».   Le résultat de l’élection de 2009 en est l’aboutissement.  

Gérer le changement, c’est aplanir les résistances. Par exemple, c’est trouver une solution de compromis dans le dossier de l’usine SDD/Conporec. Au lieu de bêtement l’acheter pour faire taire les résistances d’une minorité. Gérer le changement, c’est garder le cap sur l’essentiel en faisant les compromis rassembleurs qui s’imposent. Ceci étant, je vous rappelle que changer les valeurs et la culture d’une société (d’une ville) est une tâche colossale. 

En 2011, on se souvient de René Lévesque pour Hydro-Québec ou de Robert Bourassa pour la Baie-James, de grands changements qui n’étaient pas évidents au départ. Dans 50 ans, on se souviendra peut-être de Marcel Robert comme étant le premier à avoir voulu faire entrer Sorel-Tracy dans l’ère postindustrielle. 

Qu’est-ce que le changement pour un leader politique? Essentiellement, c’est la capacité de maîtriser le présent pour le faire évoluer vers le futur avec un minimum d’impacts (négatifs) pour les citoyens tout en améliorant leur bien-être. C’est aussi la capacité de faire rêver (voir 2 exemples, notes 2). 

Ce que le changement ne doit pas être pour les citoyens? Revenir en arrière pour retrouver le bon vieux temps avec les bonnes vieilles façons de faire. Revenir en arrière avec des politiciens globalement mal préparés pour affronter les défis du 21e siècle. Cela ne fonctionne pas, tout comme espérer que le problème se règle de lui-même. 

Un exemple d’un changement nécessaire à Sorel-Tracy, non géré actuellement et qui pourrait nous « sauter au visage »? 

Avec le budget 2011, les élus de Sorel-Tracy ont fait le choix de se cacher derrière les modifications aux évaluations municipales et au fonds de pension des employées et ce faisant,  de hausser les taxes. Ils avaient pourtant en début de mandat, une occasion en or pour entreprendre des changements aux façons de faire de la ville e réduire notre facture. Mais ils ont préféré envoyer un message de statu quo tant à l’appareil municipal qu’aux citoyens (note 3).  

Ce déni de responsabilité s’est traduit par des hausses de taxes qui ont des impacts directs sur chacun de nous. Les élus de la ville de Sorel-Tracy par leur absence de vision et donc, leur incapacité à gérer le changement ont simplement dit aux citoyens : « Nous vous pompons plus d’argent en 2011 parce que nous n’avons pas le courage nécessaire pour contrôler et améliorer les façons de faire de la ville de 2 %, en terme monétaire. Nous vous transférons donc cette responsabilité. Vous devrez vous citoyens, rationaliser individuellement vos dépenses et donc, baisser votre niveau de vie » (note 4). En fait, je me demande si globalement, nos élus ne sont pas les premiers de nos résistants au changement? Il y a là, matière à réflexion. Qu’en pensez-vous? 

En cette période où Jean-Paul II est fait Bienheureux par l’Église catholique, j’emprunte une de ses citations les plus célèbres pour conclure sur le changement. C’est une image très forte qui stimule encore aujourd’hui, les cœurs de millions d’hommes et de femmes : « N’ayez pas peur ». 

Jocelyn Daneau
Fier citoyen de Sorel-Tracy!

Site internet : http://jocelyndaneau.com/ 

Pour commenter directement cette chronique : http://wp.me/p1chFg-5t 

(1) L’auteur de cette chronique n’a jamais rencontré Marcel Robert. 

(2) Le « Yes we can » de Barack Obama pendant sa campagne électorale de 2008 a été un moment phare. Ce « Oui nous le pouvons » est encore utilisé. De même, dans la présente édition du prestigieux hebdomadaire The Economist, la page couverture fait référence à la mort d’Oussama Ben Laden. Son titre est : « Now, kill his dream ». « Maintenant, il faut tuer son rêve » chez ceux qui partageaient son désir d’anéantir l’Occident, principalement les États-Unis. Voir : http://www.economist.com/.     

(3) Des réponses à vos questions, sous la signature de monsieur Réjean Dauplaise, maire de Sorel-Tracy, La Voix, 11 février 2011, page 8. 

Texte intégral : POURQUOI LE CONSEIL N’A-T-IL PAS FAIT LE CHOIX DE RÉDUIRE LES DÉPENSES? Afin de maintenir les services au niveau actuel, le conseil a consacré aux dépenses de fonctionnement une hausse de 2 %, s’approchant de l’indice des prix à la consommation (IPC moyen 2010 à 1,8 %). Une diminution bien que minime, aurait eu un impact direct dans la prestation de services aux citoyens. 

(4) DERNIÈRE HEURE : Le conseil municipal de Sorel-Tracy (session du 2 mai 2011) envisage enfin de doter la ville d’un plan de gestion de notre dette. C’est une preuve de plus que le GBS finit toujours par triompher. J’aimerais mentionner aux élus qu’un BON plan de gestion contient généralement des cibles quantitatives, c.-à-d. chiffrées avec des dates de réalisation et des responsables. Surtout, il faut un suivi mensuel RIGOUREUX des résultats. J’attends donc ce plan avec impatience.

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