Courriel Saurelois
Une chronique sur l'histoire de Sorel
de Roland Plante

20 septembre, 2019

En collaboration avec :

Des commandants du fort de Sorel
Recherches : Jérôme Larochelle

Le lieu de traite qu’était le confluent du Richelieu et du Saint-Laurent devient en 1642 le fort de Saurel. Ce fort sera laissé à l’abandon jusqu’à la construction d’un nouveau fort en 1665. Mathieu Pontbriand, sans son livre sur l’histoire de Sorel explique le contexte de la création de ce nouveau fort.

Toutefois, en 1665, lorsque le contexte devient propice à un établissement permanent, les autorités de la Nouvelle-France choisissent à nouveau le même site. Ce transfert fait suite à une série d’événements déclenchés par le retour des Iroquois dans la vallée du Saint-Laurent, le 6 juin 1633, alors que dans les Cent-Îles, ils tendent une embuscade mortelle aux occupants de deux embarcations chargées d’escorter un convoi huron en route vers Québec . La région du lac Saint-Pierre redevient donc une zone périlleuse pour les Français et leurs alliés. Toutefois, son importance stratégique augmente aussi à la suite de la fondation de nouveaux établissements français. Les autorités doivent conséquemment veiller à exercer une surveillance plus efficace de l’embouchure de la rivière Richelieu, l’une des portes d’entrée des Iroquois sur le fleuve Saint-Laurent, pour assurer la sécurité de la navigation.

Le retour des Iroquois menace l’économie de la Nouvelle-France . Ceux-ci cherchent alors à briser le système d’alliances employé par les Français pour s’approvisionner en pelleteries :
 

Les guerres menées par les Iroquois ont notamment pour but d'obtenir une mainmise sur le commerce des fourrures, notamment dans le réseau français. Pour cela, leur stratégie à l'égard de la Nouvelle-France est d'isoler, cherchant moins à chasser les Français qu'à les contraindre à suspendre tout soutien militaire envers leurs alliés, contre lesquels les Iroquois lancent d'innombrables attaques.

Un autre moyen consiste en l'affaiblissement de la colonie par la capture de Français, afin d'obliger ces derniers à rester neutres dans les guerres des Iroquois.

Dans toutes les négociations de paix avec les Français, les conditions iroquoises restent pratiquement inchangées tout au long du XVIIe siècle : l'abandon par les Français de leurs alliés.

En effet, les Iroquois ont toujours refusé de signer des paix générales, qui incluraient les Français et leurs alliés autochtones. Par contre, ils ont parfois engagé des pourparlers avec ces derniers, toujours dans le but d'isoler les Français et de désagréger l'alliance franco-amérindienne .

Les premiers commandants du Fort Richelieu sont François de Champflour, lequel s’est illustré lors des attaques des Iroquois aux Trois-Rivières en 1641. Lui succède Senneterre à la fin de 1643 qui demeurera en poste jusqu’à la fin de l’année 1645 pour laisser la place à Jacques Rabelin, dit La Crapaudière.

Quand le fort est reconstruit, Pierre de Saurel, capitaine de la compagnie qui porte son nom du Régiment de Carignan-Salières, est le chef des lieux.

Le texte qui suit a été écrit par monsieur Arthur-Aimé Bruneau et soumis à la Société historique par feu M. Jérôme Larochelle, ami et membre de la Société historique. Nous avons conservé le style et la forme qu’a utilisés l’auteur.

DES COMMANDANTS DU FORT DE SOREL.

On aurait tort de croire que la mort de M. de Saurel, (1682) fit évacuer la garnison que le gouvernement français y tenait casernée depuis 1665, il est probable que durant les quelques années de repos et de tranquillité de la paix de 1666, la garnison ne fut pas très nombreuse. D’ailleurs les soldats s’étaient faits « Habitants » ; les rives du Richelieu avaient été concédées ; la colonisation marchait à grands pas dans la voie du progrès : tout était à la paix et non à la guerre.

Cependant, comme le poste de Sorel était important par sa position, il était prudent d’être toujours prêts à parer aux éventualités que l’on prévoyait. Il est bien difficile d’établir d’une manière exacte et positive quels ont été les successeurs de M. de Saurel comme commandant du fort.

Ces nominations, je crois, ne se trouvent nulle part, aucun de nos historiens ne les mentionne, et il ne nous est resté que des registres incomplets de la paroisse, comme unique et seule ressource propre à jeter quelques éclaircissements sur ce point obscur, mais important de l’histoire de Sorel. Voici ce que nous avons trouvé ;

Le 18-janvier 1688 est enterré dans le cimetière de cette paroisse Pierre le Hény ou le Heuss) soldat de la compagnie de M. de Mine, décédé du jour précédent en la foi et la religion catholique et apostolique et romaine, ayant fait autrefois abjuration de l’hérésie et après avoir été muni tous les sacrements de l’Église. Ont été présents, Monsieur de Mine, capitaine d’un détachement de la marine et commandant au dit lieu et le sieur chevalier de Forrany, officier de ladite compagnie » (signé) Buisson, Ptre.

Dix jours auparavant, M. de Forrany avait été parrain de Françoise Gertrude (de Grandmaison) d’un nommé Grandmaison, habitant du fort de St-Louis (Chambly) je me dois de rajouter, ce qui suit : Le nommé Grandmaison, se prénomme François et son épouse se nomme Marie Bardeau. Elle donne naissance à Gertrude, née le 04-janvier 1688, décédée le lendemain, et sa mère décède sept jours plus tard à Sorel.)

Le 20 août 1700 a été baptisé Louise Marie, fille de Pierre Letendre et de Catherine Lamy, ses père et mère, né le dernier juillet ; a eu pour parrain le sieur Louis de Mongeneau, lieutenant de la marine et commandant du fort de Sorel et damoiselle Marie Lamy pour marraine, qui ont signé avec nous l’an et jour que dessus. (signé) F. Laurent, Missionnaire Récollet.

L’an de Notre-Seigneur mille sept cens cinq, le quinzième du mois de juillet,Je soussigné Louis de la Faye, missionnaire de Saurel certifie que [? ]dit Laporte (n’est pas inscrit dans BMS de la paroisse St-Pierre) âgé de 60 ans, habitant du dit lieu est décédé après avoir reçu les Sts-Sacrements et enterré le sixième du dit mois en présence de M. de Cabanac, capitaine d’une compagnie d’un détachement de la marine et de M. Douville officier au dit lieu, et de plusieurs autres. En foi de quoi j’ai signé le susdit jour au dit lieu. (Signé) Louis de la Faye.

Il me semble que le nommé Laporte plausible, serait Jacques de la Porte ou son frère Paul qui serait décédé à Sorel en 1705. Dans le cartable aucun n’est décédé à cette date.

Il est donc indubitable d’après les actes que nous venons de citer qu’aux dates respectives mentionnées, MM. de Mines (1688), Louis de Mongeneau (1700) étaient commandants du fort de Sorel. D’un autre côté, il est évident que de 1682 à 1705 ils n’ont pas dû être les seuls officiers commandants la garnison, car nous trouvons aux Registres, durant cette période et jusqu’à la fin de la guerre des Iroquois, une foule d’autres noms de militaires connus et très distingués, et très connus à cette époque.

Avant d’essayer d’établir quels ont été les autres commandants, disons un mot sur ceux que nous venons de nommer.

M. Jean de Mine. Au commencement de mai 1687, 12 compagnies de troupes royales arrivèrent de France et se mirent en campagne, au mois de juin contre les Iroquois. J’incline à croire que M. de Mine était arrivé sur cette escadre et qu’il fut envoyé au commandement du fort de Sorel à la fin de l’automne de 1687, lorsque les troupes revinrent de leur expédition.

Il n’y a pas de doute qu’à cette époque (1687), de même que la chose avait eu lieu aussi en 1685, les garnisons des petits forts du pays furent renforcées et complétées de manière à soutenir l’attaque de l’ennemi.

En 1687, il n’y a aucun doute, non plus que Sorel avait sa garnison. Jean Le Chasseur, conseiller du Roi, lieutenant général de la juridiction de Trois-Rivières, paraphant le 23 décembre 1686, un petit registre de quatre feuillets blancs devant servir pour l’année 1687, à l’inscription des baptêmes mariages et sépultures de la paroisse de Sorel. « Et lieux y dépendants, savoir, St-François, Berthier, La Rivière du Loup et Autray ».Il ajoute que ce petit registre lui avait été rapporté de Sorel par Martin Ducros, soldat de la garnison de cette ville (Sorel). Nous démontrerons ailleurs jusqu’à quelle date Sorel eut ainsi sa garnison.

Nous ne pouvons cependant préciser ni la date d’arrivée de M. de Mine à Sorel, comme commandant du fort ni celle de son départ. Il était capitaine d’un détachement de la marine. Le 2 septembre 1693, il épousait à Montréal Marie Anne de Saint-Ours, baptisée à Sorel le 13 novembre 1675, fille de M. Pierre de Saint Ours, ancien capitaine du régiment de Carignan. Marie Anne de Saint Ours avait eu pour parrain M. de Saurel « tenant pour le sieur Randin, » et madame Alexandre Berthier pour marraine.

M. de la Potherie nous a conservé sur la jeunesse de Madame de Mine un épisode que nous ne pouvons nous empêcher de rapporter.

Mlle Marie Anne de St-Ours, âgée de huit à neuf ans, était allée avec les enfants de son âge à l’île de St-Ours, à une demi-lieu de la maison paternelle, pour chercher des noisettes et pêcher des écrevisses. Tout à coup un parti d’Iroquois, dérobant sa marche à la faveur des bois, se précipite sur la Seigneurie et met le feu aux maisons. À la vue des flammes dont la lueur se projetait au loin, les enfants comprennent instantanément que l’ennemi est là et aussitôt de gagner leur canot et de prendre la fuite.

Comme ils coupaient droit sur le fort en plein canal, les Iroquois se mettent à lancer sur eux une grêle de traits. Effrayés par cette décharge, les enfants se blottirent au fond du canot et laissent leur canot à la dérive.

Alors la jeune demoiselle, ôtant une partie des vêtements qui l’embarrassaient, se jette à l’eau ; et comme elle savait bien nager, elle espère pouvoir atteindre la rive. Les autres enfants, la voyant ainsi se précipiter dans les îlots, se mirent à pleurer, ne doutant pas qu’elle allait se noyer.

Pour elle, glissant adroitement le long du canot, du côté de l’île, de manière à n’être pas atteinte par les flèches des Iroquois, elle suit doucement les mouvements de la frêle nacelle. Le danger que courraient les enfants ayant alors été aperçu, on fit une sortie du fort, ce qui obligea l’ennemi à prendre la fuite et aller se cacher dans les bois.

Tout d’abord, lorsque le canot fut plus approché et que l’on vit le mouvement de l’eau, on crut que ce mouvement ne fut autre qu’un petit barbet qui avait coutume de suivre les enfants. Mais ayant fait plus d’attention, les factionnaires de reconnaître que c’était celui d’une personne qui se débattait dans l’eau.

Aussitôt un officier s’élança sur une embarcation pour aller au secours. Quelle ne fut pas sa surprise quand il reconnut la belle Marie Anne de Saint-Ours !

L’embarras était de la prendre, car ces canots, qui sont d’écorce de bouleau, épais d’un écu, avec des petites varingues plates extrêmement volages pour peu qu’on penche plus d’un côté que de l’autre, chavirent à l’instant.

C’est ce qui arriva. Le soldat qui s’était trop pressé d’atteindre les bras de la jeune demoiselle, tomba lui-même à l’eau et faillit se noyer. Faisant alors le plongeon, l’habile nageuse passe sous le canot et revient à fleur d’eau.

On lui présente un aviron, et, à l’aide de ce secours, elle put gagner la nouvelle embarcation. Elle avait nagé plus d’un quart de lieue, mais nullement déconcertée par le danger qu’elle a couru, elle ne songe qu’aux autres enfants et n’a de repos que lorsqu’ils sont tous ramenés sur le rivage.

L’auteur des « Familles Contemporaines» de qui nous empruntons ces détails ajoute que son mariage avec M. de Mine fut de courte durée. Étant passé à Gibraltar, cet officier y fut emporté au moment où on s’y attendait le moins.»

Louis de Mongeneau :

Je n’ai trouvé aucun renseignement sur la vie et le caractère de cet officier.
M. l’abbé Tanguay , consulté, ne mentionne pas son nom, et M. Benjamin Sulte, dans son histoire des Canadiens français, n’en parle pas non plus. On doit en conclure, je crois, qu’il a été peu de temps au Pays.

Michel Dagneau, sieur Douville.

Son mariage eut lieu à Sorel le 18 mai 1688, « après dispense de trois bancs, vu de bonnes raisons qui nous avaient été démontrées », dit le missionnaire.
Il épousa Marie Lamy, de Sorel, fille de Joseph Isaac Lamy et de Marie Madeleine de Chevrainvville. Au chapitre des premières familles de Sorel
(Recensement de 1681) nous parlerons au long de la famille Lamy, qui était une des plus considérables de la paroisse à cette époque.

L’acte de mariage suscité donne à M. Dagneau, le titre de « Enseigne et cadet de la compagnie de M. de Mine » Il est donc à supposer qu’il arriva à Sorel, lui aussi, à l’automne de 1687, en même temps que M. de Mine. Il signait indifféremment« Dagneaux, Degneau et Douville. » De 1688 à 1719, son nom figure à toutes les pages de nos registres, soit comme parrain ou témoin aux actes de sépultures ou de mariages.

M. Dagneau appartenait à une noble famille française, et faisait partie de cette pléiade de « de cadets » de France qui passèrent alors au Canada afin de s’y créer un avenir en servant fidèlement la mère patrie. On sait que la noblesse, sous l’ancien régime, avait certains privilèges inconnus aux mortels plébéiens. Or ces droits et privilèges, la noblesse française du Canada les a toujours revendiqués.

Pour s’en convaincre, on a qu’à jeter un coup d’œil sur « Le Conseil Souverain de la Nouvelle France. » Et il appert clairement que la société que l’on voulait développer ici ou que la nation que l’on voulait fonder, devait être dans l’intention de ses auteurs, à l’image et à la ressemblance de la France.

L’Amérique n’était pas à cette époque, cette terre démocratique par excellence telle que nous la connaissons maintenant. La traversée de l’océan n’avait pas changé les idées et les mœurs des Français. Ils furent donc ce qu’ils étaient là-bas, sur les rives du St Laurent, comme sur celles de la Seine. La noblesse, celle qui s’établit dans le pays, sut néanmoins ne point trop profiter de ses avantages, et disons le hautement à son honneur, elle donne elle-même, la première, comme le devoir le lui incombait, l’exemple de tous les dévouements et de tous les sacrifices. Désireuse de se créer un avenir, elle comprit que pour faire plaisir au Roi il fallait quitter l’épée pour la charrue, et des capitaines devinrent de vaillants soldats qu’ils étaient, de braves colons canadiens.

Quels bel exemple pouvons-nous en donner que celui de MM. de Saurel et de
St-Ours ! Quelques ombres, ici et là, ne peuvent cependant amoindrir ce mérite et lui faire refuser dans l’histoire l’éloge qui lui revient de droit. Ajoutons que si la noblesse française du Canada privilégiée partout dans les charges civiles et militaires, n’a pas totalement disparu dans le grand désastre de 1759, elle n’a du moins fait de laisser ici quelques rejetons, dignes d‘elle peut être, mais trop faibles et isolés pour tenir tête aux événements qui ont amené successivement le triomphe de la démocratie canadienne.

Le 26 juin 1708, « M. Michel Dagneaux Escuyer sieur de Douville, officier dans les troupes du détachement de la marine entretenues en ce pays », présentait au Conseil Souverain une requête accompagnée des pièces justificatives de sa noblesse, demandant au Conseil de vouloir bien ordonner qu’il jouirait des privilèges auxquels il avait droit. Sa requête fut accordée et enregistrée au greffe du Conseil et fut ordonnée (Jugement, Vol. V. 856).

Il n’est peut-être pas inutile de mentionner ici le salaire que recevaient ceux qui faisaient partie « des troupes entretenues en ce pays »; un Capitaine recevait 120 livres par mois; un lieutenant 90 livres; un lieutenant réformé 50; un sous-lieutenant réformé 40; un soldat 6 sols par jour.

M. Dagneaux fit baptiser quinze enfants, 12 garçons et 3 filles. En voici la liste.

Charlotte Catherine ; baptisée le 12 juillet 1889, Parrain Charles de Grais, Escuyer, sieur de Merville, capitaine d’un détachement de la marine, Alexandre Berthier, sieur de Villemeur, Villemure, ayant tenu l’enfant sur les fonts en qualité de son procureur. Marraine : Madame de Saurel.

Marie Françoise : née le 8 février 1691, à la Pointe-aux-Trembles de Québec.

Michel : baptisé à Sorel le 14 novembre 1691, Parrain : Gabriel Provost, sieur de St-Jean, capitaine d’un détachement de la marine. Gertrude Legardeur (la soeur de Madame de Saurel) marraine.

Henri : baptisé à la Pointe-aux-Trembles de Québec. Le 9 janvier 1694
Jean : baptisé à Sorel le 31 décembre 1694. Parrain : Jean de L’Espinay. Marraine : Mde de Saurel. Le 17 mars 1728, il épousait à la Longue Pointe, Marie Elisabeth Raimbault, dont la mère était Iroquoise ? (d’après Drouin vol. #2, au nom de son père, le notaire Raimbault, de son M#1, sa mère se nomme Jeanne Françoise Simblin, fille de Paul François et de Marie Catherine Daubusson, la date de leur mariage n’est pas indiquée ni de leurs parents distinctifs ? Et Tanguay vol #5 p.186 n’indique pas le nom de l’épouse. Par contre Pierre Raimbault est Conseiller et Procureur du Roi et lieutenant général à Montréal.

Louis Hector: né à Sorel, le 16 octobre 1696, Parrain « Louis Hector de Callières,Chevalier de St-Louis, Gouverneur de Montréal. Marraine: «Anne Pécaudy épouse de Jean Louis de Lacorne, capitaine. »

Alexandre : baptisé à Sore l, le 18 mai 1698, Parrain : Jean Baptiste de St Ours, sieur de l’Échaillon, marraine : Jeanne de Saint-Ours. L’enfant était né du 20 avril précédent et avait été ondoyé à la maison par « Charles Vanet, marguillier de ladite paroisse de Saint-Pierre de Sorelle, n’ayant point de missionnaire pour lors. »

Philippe : baptisé à Sorel le 9 janvier 1700, eut pour parrain : Philippe de Rigaud, chevalier, seigneur de Vaudreuil, chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis, capitaine de vaisseaux, gouverneur de l’isle de Montréal et les dépendances. » Marraine : Madame de Saurel. Comme son frère Alexandre, Philippe avait été ondoyé à la maison le 9 mai précédent, par Charles Vanet le Parisien.

Le 13 septembre 1827, Philippe Dagneau épousait Magdeleine Raimbault, Jean et Philippe étaient mariés aux deux sœurs. Philippe signait « Dauville de la Saussaye. (Tanguay III, 220). Son fils aîné épousa en 1755 Marie-Anne Jarret, fille de Jean Jarret de Verchères, chevalier et seigneur.

Pierre, baptisé à Sorel le 22 juin 1702, eut pour parrain : Pierre de Saint-Ours et pour Marraine : Dame Isabelle de St-Ours, femme de M. de la Potherie.
Louis Césaire : baptisé à Sorel le 18 0ctobre 1703, eut pour parrain Jean Louis de la Corne, « Lieutenant d’une compagnie d’un détachement de la marine en ce pays » Marraine : Marie Mulois, Dame de Saint-Ours. L’enfant est dit né le du 8 octobre 1703 et avoir été ondoyé par « Jean Chromy, soldat de la compagnie de M. de Saint-Ours.

Louis Césaire Dagneau embrassa lui aussi, la carrière militaire comme plusieurs de ses frères et devint Colonel. Il mourut le 2 février 1767, au Détroit où il paraît être allé s’établir vers 1750. Il prit le surnom de «Donville sieur de Quindre. » Il signait toujours« Fontenay » (Tanguay III, 219,)

Guillaume, baptisé à Sorel le 7 mai 1705, eut pour parrain « Guillaume de Beauharnois, chevalier seigneur de Beauville, » et pour marraine : Dame Louise Élisabeth de Joibert, marquise de Vaudreuil.» Comme ses frères Louis, Césaire, etc.. Il passe au Détroit, il signait sieur de Lamotte.

Marie-Claire, baptisée le 12 août 1706, à l’île Dupas, épouse à Montréal, le 23 juin 1736, M. Pierre de St-Ours.

Hyacinthe : baptisé à Sorel, le 16 août 1708. M. L. Chaigneau, missionnaire à Sorel ; Marraine : Mademoiselle Charlotte Dagneau.

Joseph, né à Sorel, le 25 04-1710, baptisé le 07-06-1710.

Antoine, baptisé à Sorel le 20 février 1712, parrain : Antoine Pécaudy de Contrecœur, marraine : Françoise Dagneau.

Nous avons donné les noms des parrains et marraines des enfants de M. Dagneau, non seulement pour prouver qu’il était de noble extraction, mais encore afin d’expliquer et faire connaître en temps et lieu, les causes et les événements qui appelaient ces hauts personnages à Sorel. Tout ce va-et-vient montre les choses du temps, dirait M. Benjamin Sulte .

M. Dagneau était encore à Sorel le 6 mars 1718, car un nommé François Carré dit Laroche, et Marie Olivier sa femme, au baptême de leur enfant Jean Marie, sont désignés comme demeurant chez M. Douville.» Le 6 novembre 1719, M. Michel Dagneau est parrain. C’est la dernière fois que son nom se rencontre dans nos registres. Il n’est donc parti d’ici que dans l’automne de cette année 1719 ou peut-être au commencement de 1720. Il y avait alors, 32 ans au moins qu’il résidait à Sorel. Sa famille partit avec lui pour s’établir à Montréal, où il mourut le 24 mars 1753.

Il nous serait bien de dire combien de temps MM. de Mine, Mongeneau et Dagneau ont exercé leur charge de commandant du fort de Sorel. Nous croyons cependant qu’ils ont dû remplir cette fonction que peu de temps, vu la guerre que nous menaient, à cette époque, les fameux Iroquois et qui exigeait continuellement le déplacement de ces officiers. Nous avons dit plus haut que MM. de Mine et Dagneau ont dû arriver à Sorel, dans l’automne de 1687.

Le 16 novembre de cette année (1687) a lieu la sépulture d’un soldat « non dénommé » de la compagnie de M. Duguay, en présence de M. Douville le chevalier Forrany, enseigne de la compagnie de M. de Mine. Deux années s’étaient à peine écoulées depuis la mort de M. de Saurel, lorsque recommencèrent (1684), sur une plus large échelle que jamais, avec plus de ruse, d’intensité et de perfidie, les embûches et les brigandages des Iroquois.

Près de 1200 hommes, tant sauvages que Canadiens et soldats des garnisons du pays, se mirent en campagne. Des canons furent immédiatement mandés de France, et dès l’année suivante (1685) la première fois, peut-être que la mère patrie acquiescerait aussi promptement à une semblable demande. 500 soldats partirent pour le Canada, sous les ordres des capitaines d’Orvilliers, Saint-Cirq, ( Macary ) Macarty, et Flour,de Troy, Daneau, du Muis, des Meloise, Clément de Valrennes, des Bergères et d’Esquérac, des lieutenants de la Motte, Desjordy aîné et cadet, Larivière, Chauffour et Ramsay. Cent cinquante de ces militaires moururent durant la traversée.

Les garnisons furent renforcées, et les compagnies furent logées un peu partout dans les paroisses, Sorel en eut sa part parmi les militaires que nous venons de nommer. Des Bergères épouse à Sorel, le 13 novembre 1700 Dame Marie Marguerite Vauvrille de Blazon, veuve de Lambert Boucher de Grandpré, major des Trois Rivières. Assistent à ce mariage : Pierre de Saint Ours, Jean-Baptiste Pothier notaire de Trois-Rivières et Joseph Pheray Duburon, « sergent de la compagnie de feu M. Mantet.»

Le 5 septembre 1712, Marie Madeleine Chatellereau fait baptiser une fille dont Madame de Saurel est marraine. L’acte déclare père de l’enfant « François Desjourdy, écuyer, capitaine du détachement de la marine, en marge du registre: fille naturelle. »C’est donc une erreur lorsque M. Tanguay (Vol. III, 40) Désigne Marie Chatellereau épouse de François Désourdy ».

La paroisse de Sorel datait de près d’un demi-siècle, et durant cet espace de temps, c’est la seule naissance illégitime que nous constatons dans les. Registres.

Le 9 janvier 1714, « Charles Charon dit Laroche et Élisabeth Poupart, son épouse sont désignés domestiques de M. de Ramezay » M. Tanguay dit aussi Charon, soldat de la compagnie Duvivier (III, 21).

Le 6 juillet 1703, Joseph Desjourdy, sieur de Cabanac, « Capitaine en pied dans le détachement de la marine » est parrain de Marie Catherine, fille d’Étienne de Miré, sieur de l’Argenterie et de Louise Salvaye. Le lendemain il assiste au mariage de Charles Marin de la Margne (Marque), sieur de Méssière (Mézière), avec Louise Lamy. Marin avait été marié en première noce à Madeleine Niquet, fille de Pierre Niquet, alors établi à Sorel. Sa belle-sœur, Angélique Niquet, Mde de Saurel, Dagneau, Pierre Lam. Il fut plus tard capitaine de milice à Sorel, François Lemoine et Charles Vanet assistaient à ce mariage.

Le 15 juillet le nom de Joseph Desjourdy figure de nouveau aux régistres (registres). Quelques années plus tard, Joseph Desjourdy, sieur de Cabanac, « Il signait toujours Cabanac ». Quelques années plus tard il était propriétaire de la seigneurie de Latouche Champlain et commandant de la ville de Trois-Rivières.

Le 6 juin 1690, Alexandre de Clermont est parrain de Thérèse, fille de Jean de Miré, sieur de l’Argenterie. M. de Clermont avait reçu ordre dans le cours de l’été(1690) de M. de Frontenac d’aller découvrir «le long de la rivière de Chambly, depuis Sorel jusque dans le lac Champlain.» Les Iroquois parcouraient dans le pays, en promenant partout le fer et le feu. Sorel eut pour sa part plusieurs de ses habitants massacrés.

M. le chevalier de Clermont, « arrivant à Sorel, aperçut que cinq enfants qui gardaient les bestiaux aux environs du fort, venaient d’être enlevés par un parti ennemi. Il les suivit avec les meilleurs hommes du sien, et quelques habitants qui se joignirent à lui. Il les eut bientôt attrapés et en tua un sur place, délivre quatre de ces enfants et mit le reste en fuite. On a trouvé, depuis, quatre autres hommes de tués du même parti, parmi lesquels était un Anglais, dont la commission était du magistrat d’Orange a été prise et envoyée à Monseigneur
(le comte de Frontenac, gouverneur). Le cinquième enfant était le plus jeune, avait été tué par eux, ne pouvant les suivre. » (Monseignat. Documents publiés à Québec I, 510).

Ce que les habitants de Sorel à cette époque ont dû subir de la part des Iroquois, nous le dirons ailleurs. Nous ne pouvons cependant nous empêcher de dire que la tradition a perpétué dans notre campagne, l’enlèvement de ces cinq enfants. Le récit en a quelque peu altéré, mais le fait est resté.

Voici ce qu’un habitant nous a raconté : « Un jour les Iroquois avaient enlevé de Sorel plusieurs enfants qui gardaient les troupeaux. On s’arme jusqu’aux dents et l’un part en campagne. Les sauvages avaient l’habitude de faire brûler à petit feu leurs prisonniers dans une île du lac Champlain, appelé l’Île aux Bœufs.

Nos habitants les savaient rendus à cette île, ils s’arrêtent à cette île, ils arrêtent leur course et attendent l’ennemi, qu’ils avaient devancé sans s’en apercevoir.
À la brunante, des cris épouvantables annoncent l’arrivée de « ceux qui semaient ainsi la mort et le deuil dans les fermes ». On se cache soigneusement et on l’attend, tout palpitant d’émotion, la préparation du drame que les Iroquois doivent accomplir. Le bûcher s’élève, le feu s’allume, les enfants vont mourir ! Soudain on se lance sur l’ennemi qui, pris par surprise » se sauve à toute vitesse vers ses canots, les enfants étaient sauvés !

Quelle mine à exploiter que notre histoire, pour le drame et le roman. De 1708 à 1714 sont mentionnés plus d’une fois les noms suivants aux régistres (registres) de Sorel, Valérien de Porus, sieur de Beaumont, Pierre Chatelein dit la Pierre, tous deux« sergents de la compagnie de M. d’Eschaillons » (St-Ours) ; « Nicolas Lessard dit la Toupie, Girard Alée dit Lajeunesse, Hu Poupart, Thomas Digou (ou Digon), Hilaire Saurel dit Léveillée », soldats de M. d’Eschaillons » quelquefois « de St-Ours ». M. de St-Ours lui-même y apparaît aussi. Il s’agit ici de Jean-Baptiste de St-Ours. Fils aîné de M. Pierre de St-Ours.

Le 10 0ctobre 1692, Fontaine demandait des places pour « le sieur de St-Ours, lieutenant réformé, le sieur Duguay aussi lieutenant réformé et les sieurs de la Pérade et Berthier. Ils sont tous jolis garçons et fils d’anciens capitaines. Cinq ans après (1708) M. de St-Ours recevant le brevet de capitaine. Il a donc de bonnes raisons de croire que M. de St-Ours a pu être commandant à Sorel, M. Charles Gaspard Piot Sieur de Langloiserie (le fut aussi)

Voici pourquoi. Le 16 mai 1691 a lieu la sépulture de « Jean Prou dit Baguette, soldat de la compagnie de M. de Langloiserie, »

Le 10 août suivant, après dispense de trois bancs, M. de St-Claude célèbre le mariage de Charles Gaspard Piot de Langloiserie, capitaine d’un détachement de la marine, avec Marie Thérèse Duguay, fille de Sidrac Michel Duguay Ecr., sergent de l’île Ste-Thérèse et capitaine lui aussi, d’un détachement de la marine. Présents à ce mariage : Pierre de Quatre Barbe, lieutenant du susdit détachement et Nicolas […]? Enseigne. (Pierre Quatrebarbe ; Drouin le nomme comme capitaine, marié à Marie LeRoy, sans date.)

Le 30 août 1692, M. de Langloiserie fait baptiser sa première enfant, Pierre Duguay, enseigne en est le parrain. Madame de Saurel marraine, M. Tanguay (Vol I, 488). Fit baptiser cette enfant deux fois, la première fois à Montréal, le 11 mai 1691.

Il y a là erreur, évidemment, puisque le mariage de M. de Langloiserie eût lieu le 15 septembre 1691. Le 5 septembre (1692) Pierre de Quatre-Barbe, lieutenant est parrain de Pierre, fils de Jean Mandeville. Le 8 février 1693, sépulture de Marie Charlotte Piot de Langloiserie, dans la chapelle de Sorel. On constate donc ainsi que M. de Langloiserie (c’était sa signature) était à Sorel, du 16 mai 1691 au 5 février 1693, il fût capitaine et chevalier de St-Louis, et il pouvait être ici, évidemment, que comme officier, car il est indubitable qu’il n’était pas alors « habitant.»

N’oublions pas que nous étions toujours en guerre avec les Iroquois, que Sorel était continuellement menacé et dévasté par ces barbares, qu’au lieu d’augmenter, la population de la paroisse diminuait et allait ailleurs, chercher à se mettre à l’abri de leurs coups, que pour calmer les esprits et protéger ces braves colons qui enduraient cette guerre de corsaires avec courage, espérant des jours meilleurs.

M. de Frontenac venait de faire de nouvelles fortifications à Sorel ; or Charles Gaspard Piot de Langloiserie était à Sorel au moment le plus critique. N’est-il pas permis de croire, sous ces circonstances, qu’il ait été commandant du fort de Sorel. Il était né en 1655 et était fils de Martin et d’Anne Petit, de Hanion, évêché de Chartres (Tanguay I, 488.) Il paraît être parti de Sorel dans le cours de l’année de 1693. Après cette date, du moins, et jusqu’en 1697, ses enfants sont baptisés à Montréal. De 1698 à 1707, on le retrouve à Varennes.

Ces notes, quoique didactiques qu’elles puissent paraître, nous font connaître Sorel sous un nouveau jour, elles nous apprennent quels étaient ceux qui, au moment du danger, étaient au poste de l’honneur, protégeant les familles de ceux qui venaient jeter à l’embouchure de la rivière que les Iroquois fréquentaient habituellement, les bases d’une paroisse aujourd’hui florissante et prospère.

Tous ces noms appartiennent à une grande époque, parce que c’est celle où l’habitant a eu le plus à souffrir et à endurer de misères, de privations, d’attaques, de périls et de dangers. C’est donc notre devoir de tirer de l’oubli les noms de ceux qui font partie d’un des plus belles pages de notre histoire.
Signature A. A. Bruneau

ΩΩΩΩΩ

Quelle passion anime monsieur Bruneau, qui nous instruit sur les commandants du fort de Sorel et qui nous transmet du même coup à travers son interprétation de l’histoire, un point de vue particulier. Non seulement nous a-t-il livré la grande histoire de notre région, mais encore nous fait-il partager sa petite histoire, celle des commandants du Fort de Sorel.


Madeleine Blanche Lussier et Roland Plante
Société historique Pierre-de-Saurel

 

Source : Roland Plante, Courriel Saurelois

Bookmark and Share

PUBLICITÉ

------------------------

------------------------

Le SorelTracy Magazine
une filiale des Productions Kapricom
Tous droits réservés
© 2000-2019