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mardi 05 avril 2016

De Brit Floyd à David Gilmour
Par Roger Pion

Pink Floyd n'est plus, c'est officiel. Ce n'est pas une nouvelle à la saveur du jour, je le sais !

Quiconque connait un peu l'histoire du rock le sait également. Il faut le dire, sans Richard Wright, lui qui est parti pour un autre monde en 2008 et qui a été un membre tout aussi important que n’importe qui dans le groupe, c’est inconcevable d’admettre que tout est encore possible.

Sans compter que ce cher Nick Mason, à de toutes évidences tirer sa révérence le jour où il a rendu publique la biographie du groupe, dont lui-même en a relaté les faits et gestes (Pink Floyd, l'histoire selon Nick Mason), paru en 2004. D’ailleurs, très révélateur comme ouvrage. Dommage qu’il n’ait pu nous parler de ces retrouvailles historiques, lors du Live 8 en 2005.

Ils étaient tous présent, même le grand Roger Waters. Quant à ce dernier, Floyd, c'est de l'histoire ancienne. On sait très bien à quel point la période The Wall l'a marqué. Alors, normal qu'il ait continué d'en vivre en solitaire, sans plus.

Alors il ne reste plus que ce cher David Gilmour. C'est lui qui tient à bout de bras ce qu'a été le passé de cette formation légendaire. Il aura été le dernier à en faire la démonstration. Pink Floyd c'était à la fois un des précurseurs du genre psychédélique et il a bien sûr été un des très bons ambassadeurs du mode « rock progressif ». Ce côté « psychédélique », il ne faudrait pas l'oublier ! C'était Syd Barrett, à partir de 1965.

C’est lui qui aura aussi participé à la portion « acid rock », mais, bien malgré lui, il lança rapidement la serviette pour passer le flambeau à Monsieur Gilmour, celui qui contribuera un peu plus à la portion « space rock ».

Cela dit, les imitateurs ont la porte toute grande ouverte pour venir à combler ce manque à gagner... Pour la plupart, ils ont de toutes évidences du talent à revendre. Pas surprenant qu’ils réussissent à nous faire rêver comme les maîtres incontestés l’ont fait, ils ont le parfait contrôle de la recette magique.

Les plus connus sont évidemment « Australian Pink Floyd », que j’ai vu en 2010 et plus récemment, « Brit Floyd » le 24 mars 2016. Je dois d’abord reconnaître que chacune de ces deux formations ont atteint un summum d’excellence. Il faut le dire, les Australiens mettent le paquet pour nous divertir visuellement. Ils ont leur propre marque de commerce. Je pense entre autres au traditionnel cochon qui est cette fois transformé en kangourou. Cela va de soi. Allusion qui revient à quelques reprises sur écran géant. Il ne faudrait pas passer sous silence le talent incontestable de chacun, ça c’est confirmée !

Brit Floyd, quant à lui, semble davantage avoir trouvé le secret de la « Caramilk ». C’est « LE » son de Pink Floyd, le vrai. Celui qui a visé en plein dans le mille. Je peux l’assurer ! Les arrangements sont identiques, jusqu’à temps où ils finissent par introduire quelques notes inédites. Ils nous rappellent que nous assistons à une représentation en direct. Du moins je pense que cela peut s’expliquer ainsi… On comprend rapidement qu’ils veulent nous démontrer leur capacité d’aller plus loin. Et je suis loin de voir ça comme un défaut. En résumé, les artifices de « Brit Floyd » sont à la hauteur.

L’écran circulaire est là, le cochon est là (même si seulement un œil lumineux fonctionnait, le soir où j’y étais) et les lasers y étaient à profusions. Bref, très impressionnant dans l’ensemble.

Le vrai Pink Floyd je l’aurai vu pour la dernière fois en 1977. Le vrai Pink Floyd sans Roger Waters je l’aurai vu pour la dernière fois en 1994. Dans les deux cas, étrangement, c’était au Stade Olympique. Le vrai Pink Floyd de Roger Waters, c’était en 2012.

Et, plus récemment, le survol d’une époque étendu sur plus de 50 ans d’existences, c’était avec Monsieur David Gilmour à Toronto le 1er avril 2016, au « Air Canada Center ». C’était à guichet fermé. Il passait seulement deux jours au Canada et c’était à Toronto, alors on peut comprendre que David n’a plus l’appétit qu’il avait.

Onze représentations au total, en Amérique. Il a inévitablement vieilli ce monsieur, comme nous tous d’ailleurs. C’est même un exploit de se prêter au jeu. Ce n’est pas à 65 ans que nous souhaitons tous y mettre la pédale douce ? Il a eu 70 ans le 6 mars ce cher Gilmour.

Au départ on se dit qu’il est inévitablement là pour son dernier disque, « Rattle That Lock ». Il en fait bien sûr quelques-unes… Mon ami et moi sommes comblés, nous avons en partie aimés ce dernier. Il part le bal avec « 5 AM », « Rattle That Lock » et « Faces Of Stone », de ce même opus. Cela ne semble pas faire l’unanimité. La majorité de la foule semble indifférente et discute à tort et à travers. Ce ne sont pas tous des fans de la première heure… C’est clair !

Entre les pièces, les applaudissements sont à peine polis. On sentait même un petit temps mort entre les pièces, avant que Gilmour poursuive… Les premières notes de « Wish You Were Here » se font entendre… C’est soudainement l’euphorie! Je comprends encore plus pourquoi les billets se sont vendus. Tout baigne soudainement dans l’huile. C’est définitivement un happening. C’est comme ça qu’il faut le comprendre. Les deux tiers du spectacle seront d’ailleurs dédié à l’époque Pink Floyd. Assez révélateur !

Visiblement, plus le spectacle avance plus Gilmour est rattrapé par son âge. Je fais allusion à sa dextérité, mais aussi à sa voix quelquefois éteinte. Ce n'est plus comme à ses 20 ans ou 30 ans ou 40 ans ou 50 ans ou 60 ans, parce que jusque-là c'était vraiment transparent, mais là il a visiblement pris un coup de vieux. C’est confirmé, il n'est pas surhumain. Lorsqu’il chante les vieux succès de Pink Floyd, ce n'est pas toujours sur la coche, mais si peu !

Gilmour nous a toujours fait connaitre la perfection. La capacité vocale n’est plus la même et on lui pardonne. Et lorsqu’il interprète ses nouveaux succès c’est impeccable, ce qui provoque une certaine distance entre ses deux tranches de vie. Comme quoi il s’est tout simplement adapté à ses nouvelles capacités physiques.

Les petits accros à la guitare, tout à l’heure dû à un problème logistique mais aussi humain, étaient tout de même perceptible. L’épuisement se faisait sentir. Le programme de la soirée était immense à parcourir. David Gilmour a été très généreux. Les différences m’auront confirmés cette fatigue, sa performance de la veille était naturellement plus fluide. Des amis assistaient à la première représentation et un d’eux me convaincra à quel point ce fut impeccable.

Pour ma part, je dois l’avouer, entendre de parfait imitateur de ce qu’aura été les belles années de Pink Floyd, à une semaine d’intervalle de cette soirée mémorable avec David Gilmour, les comparaisons allaient être inévitables. Presque sévère… Brit Floyd et David Gilmour avaient nécessairement les mêmes repères musicaux, et puis voilà ! On finit par comparer. J’ai pourtant passé deux excellentes et inoubliables soirées. Ai-je vu David Gilmour en spectacle pour la dernière fois ? Qui sait !

Première partie
1. 5 A.M.
2. Rattle That Lock
3. Faces of Stone
4. Wish You Were Here
5. What Do You Want From Me
6. A Boat Lies Waiting
7. The Blue
8. Money
9. Us and Them
10. In Any Tongue
11. High Hopes

Deuxième partie
12. Astronomy Domine
13. Shine On You Crazy Diamond (Parts I-V)
14. Fat Old Sun
15. Coming Back to Life
16. The Girl in the Yellow Dress
17. Today
18. Sorrow
19. Run Like Hell

Rappel:
20. Time
21. Breathe (Reprise)
22. Comfortably Numb

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