CE SOIR IL ME VIENT UNE IDÉE

REQUIEM  POUR  UN CAPILLUS

Petit  cheveu au vent, se ballottant à droite et à gauche tout mignon qu’il est, profitant du peu qui lui reste, voulu jouer  à l’aventurier,  choisi de naviguer sur ce qu’il croit être la mer. Mais ce qu’il prend pour la mer, n’est que le reflet de sa décomposition future  .

Se sentant assez fort pour mener à bon port son navire, tout comme la boussole dirige la route du marin sur les flots, se dit, je serai capitaine. Comme aucun concurrent ne se présente, ce sera moi l’élu pour une telle responsabilité! 

Fasciné, se jetant dans l’action, scrute l’horizon, met le cap sur l’inconnu, l’imprévisible, ainsi le rêve prend forme.

Confiant en lui-même, sans bruit ni fracas, amarre en toute sécurité dans les ports éloignés de son choix, avec une fermeté rare pour une telle expérience.

Le voilà au large, l’ivresse l’enveloppe,  et plein d’admiration pour ce qu’il voit.. Quelle beauté pour les yeux!

Vivant des nuits pure, se voyant l’ami des étoiles pleines de mystères et de confidences, au point de vouloir se régénérer en elles. Un roulement de vagues attire son attention, le ramenant à se questionner!!!!

D’où  prend-il sa racine; de qui est-il le protégé; que sont devenus les autres; de qu’elle follicule dévastatrice suis-je donc la victime pour m’être ainsi laissé agresser et me voir aujourd’hui si seule au beau milieu de cet océan ?

Dans ce raz de marée de questions, la crainte du désespoir qui s’empare de lui est tellement forte, qu’il se demande si  dans toutes ces secousses et grondements, il saura résister à la tempête qui pourrait bien le faire couler lui et son embarcation.

Mais qu’est ce que c’est, que cette écume blanchâtre, tout comme une bouche béante  qui s’approche à une telle vitesse,  voulant tout dévorer sur son passage ? Apercevant à sa suite, une lame d’une telle densité, à l’exemple de la mort, ce perfide, toujours aux aguets qui aime surprendre sans s’annoncer…( lui tranche ce qui lui reste de plus cher !! )

Insurmontable chagrin, accablé, se sentant mourir, survolant l’abîme qui bientôt l’engloutira.. D’un coup!  Un tourbillon le soulève, lui permettant de sentir à nouveau l’attrait de ces ondes, lui  rappelant cette chaleur humaine  dont  il était si avide; et à la lumière de ses étoiles vénérées, ferme les yeux, et murmure son dernier  épitaphe en cette nuit nébuleuse ( Trépas pour un dernier capillus ) Contemplant à nouveau cette grande surface lisse, héroïquement dans un sursaut étrange  de méditation,  se dira :  ( J’aurai quand même embellit comme à tout être qui existe, l’existence de celui qui me porta si longtemps).

Quelque  soit l’infime parcelle de beauté à regarder,  sachons apprécier les dons qui nous sont accordés  gratuitement.

Adieu cheveu ,tu fus cher en mon cœur, et sur ma tête.

BÉRENGÈRE


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