À la guerre comme à la guerre

La rage au volant

Cette nouvelle appellation a vu le jour récemment et tous et chacun s’inquiètent de cet état de chose.  Des scientifiques ont été recrutés, pour tenter de déterminer la cause de cette soudaine épidémie.  Certains prétendent qu’il s’agirait d’un virus transmis via le caoutchouc des pneus de l’auto lorsqu’ils entrent en contact avec une moufette porteuse du virus de la rage.  D’autres croient, pour leur part que cette rage serait transmise par une espèce de maringouin ayant traversé nos frontières.  Des ingénieurs en électrotechnique affirment que l’abondance de lignes électriques à haute-tension longeant nos routes, les ondes néfastes générées par les ordinateurs, les téléphones cellulaires ainsi que les téléavertisseurs, agiraient malicieusement sur le cerveau humain.  Et pourquoi pas le réchauffement de la planète, le trou dans la couche d’ozone ou la pollution de notre environnement !

Pourtant l’être humain, descendant direct de l’Homme du Néantotal, est un être pacifique, submergé d’amour, de compassion, d’empathie, de bonté et très sportif de par surcroît.

Mais qu’à cela ne tienne, la rage poursuit son œuvre dévastatrice.  Ce virus aurait même réussi à s’infiltrer dans les arénas.  En effet une vague de possessions démoniaques, causées par cet infecte virus de la famille des Orthomycoviridae, déferle actuellement sur le Québec.  Nos chercheurs investiguent ces lieux de violence où, et c’est ce qui étonne tout le monde, cette folie momentanément durable, s’est transportée dans les gradins. La violence au hockey est socialement acceptable et nos joueurs font figures de gladiateurs des temps modernes, mais quand les partisans s’en mêlent, la population s’insurge et clame bien haut sa désapprobation.  Des prélèvements de café, de hot-dogs et de frites, des cantines de ces Colisées Romains ou Sorelois abritant nos valeureux guerriers, seront envoyés au Laboratoire médico-légal, pour tenter d’isoler la cause de ce délerium très mince.  On songe même à pousser l’étude pour expertiser certaines machines Zamboni fonctionnant au profane qui pourraient dégager un gaz irritant qui affecterait une partie de notre bulle rachidienne.     

Ce sont là les deux derniers petits bébés de Maman et Papa La rage. Nos médias (très médium) de notre quotidien traitent abondamment de ces rejetons, au grand plaisir des lecteurs.  Les meurtres qui jadis faisaient la manchette se retrouvent en vingtième page, juste avant l’horoscope et la météo. C’est le cas de le dire « Tirage oblige ».

On commente et s’indigne de la naissance de ces nouvelles rages, mais il faudrait consulter leur arbre gynécologique pour rencontrer leurs aïeux et ainsi mieux comprendre.  Je vous en présente quelques-uns : la guerre en Israël, la guerre des clans, la bataille électorale, la guerre des sexes, la guerre des boutons, les grandes guerres mondiales, la guerre des prix, la violence conjugale, la bataille des plaines d’Abraham, la guerre des motards, la guerre des Bohers, la guerre des étoiles, la guerre des clans, les conflits ouvriers, la lutte à la chefferie, la lutte au pouvoir, la guerre des gangs, la guerre du Golfe, la guerre de Cent Ans, la guerre civile... et cette liste pourrait s’allonger longtemps.

Il faudrait également s’attarder brièvement au vocabulaire éloquent relié à ce monde de violence :

La guerre a fait 12 000 morts en...

Un corps mutilé et roué de coups a été retrouvé...

Deux candidats se disputent l’investiture du parti...

Deux automobilistes en sont venus aux prises...

Les Royaux affrontent les...

Patrick s’en prend à sa femme...

Vas-y, rentre-le dans la bande, assomme-le, tue-le...

Une victime innocente a été abattue de plusieurs coups de feu...

Ils se sont disputés les honneurs...

Les favoris se sont livrés une bataille féroce...

Il a écrasé son adversaire...

Et ainsi de suite...

Je suis d’avis qu’il faudrait faire la Guerre à la Guerre.  En effet, sous l’aile bienveillante des nos autorités, nous pourrions former une armée de casque de bain bleu spécialement entraînée, pour lutter violemment contre les adeptes qui sont contre la non-violence. Nous pourrions mater ces brutes sanguinaires en les anéantissant pour de bon de la surface de la planète. 

Au fait ! N’est-ce pas l’histoire qui se répète ?

Qu’en est-il de notre tolérance et de notre soif insatiable de pouvoir ?

Qu’en pensez-vous ?

Le Pendule

lependule@hotmail.com

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