Des porcs et des hommes 
Concentration de l'information ou recentrement de con[s] ?

 

Objet :  «Médias» (Radio-Canada, 11 février 2001, 11 hres / Media@Montreal.radio-canada.ca). Commentaire personnel relativement à l'émission de ce jour, portant entre autres sur la compagnie abitibienne Radio-Nord .

      Quoique toujours trop succincte, j'apprécie l'émission dynamique, bien rodée et professionnellement animée par Mme Line Pagé.

De manière générale, les gens de Radio-Nord ne semblent guère se soucier du fait que la concentration locale des services télévisuels et radiophoniques d'information et de communication soient antagoniques à une véritable liberté d'expression ­ laquelle par définition autorise les débats, la confrontation créatrice et positive des idées et, ultimement, le progrès réel de la collectivité.

Bref, c'est pour le bonheur économique de la région qu'il faudrait sacrifier cette dimension secondaire, voire insignifiante, de la vie des hommes: la LIBERTÉ D'OPINION. Aussi à bas la différence, vulgaire empêcheuse de tourner en rond.

C'est tragédie que dans une société soi-disant intellectuellement évoluée comme la nôtre, il y ait encore des gens pour commettre pareil discours ­ et ce dans la plus parfaite insouciance. Discours incidemment que tenait très exactement «Big Brother» dans 1984.

Au reste, à considérer la qualité de langue de maints intervenants du milieu («les gens s'assisent autour d'une table...», «les choses que je vous parle...», etc.), il n'est pas totalement étonnant que la qualité des idées et des propos des mêmes soient de nature comparable ­ bancale. On croirait entendre un époux violent s'adressant à sa compagne: «C'est pour ton bien que je te balafre...»

Avec de pareilles entreprises s'occupant d'information et de la diffusion de celle-ci, ce n'est pas au retour vers la «Grande noirceur» duplessiste que nous assistons, mais à celle carrément du Moyen Âge occidental où la société, pour l'essentiel, se départageait entre serfs et seigneurs.

J'inclus également ici (autre volet de l'émission) les hebdos incolores , inodores, insipides et anonymes (Quebecor, Transcontinental, Power Corporation) qui ont éradiqué toute forme d'éditoriaux ou de commentaires "critiques" des pages de leurs publications (publicistes, clients, lecteurs et propriétaires y trouveraient tous leur compte, semble-t-il, et personne dès lors ne se sentirait jamais «lésé» ­ ô arme intolérable au sein du troupeau ­ par une opinion potentiellement désobligeante à l'égard de l'une des «têtes» du cheptel). Pas de débats; donc, pas de problèmes. Message final en filigrane: nous vivons dans une société idéale. «Vous êtes heureux, je vous l'ordonne!»

Big  et ubique is the brother.

À écouter «ces gens-là», j'ai nettement l'impression que les progrès de l'humanité accomplis dans les derniers siècles (et dans quels terribles affres et sacrifices!) se voient balayés d'un simple revers de la main: la valeur de l'existence humaine réduite à des conditions d'abord économiques.

En un mot : un porc nécessite une saine alimentation dans un enclos couvert et maintenu à climat tempéré. Le reste est de l'ordre du subsidiaire. Et les «dommages» ­ si bien sûr dommages il y a, la déshumanisation par exemple ­ sont à considérer comme vaguement collatéraux.

Mais comment peut-on au troisième millénaire être doté d'une conscience à ce point aveugle et abrutie??? Assujettissement volontaire: Intelligence zéro, conscience collective zéro, respect de la personne zéro. Un homme est un rouage, d'ailleurs pas toujours nécessaire, de la machine à sous. Le reste, dont la Liberté même, est placotage estudiantin de gauchiste sinon caprice de mauvais garçon.

Caudale question : que fait un porc avec du fric plein le groin (fautes de poches sur les pantalons qu'il ne porte plus, ayant troqué la position debout pour celle de l'animal)?

Soyons concis : Au nom du bien-être économique, la régression même de l'humanité.

Décidément, on voit loin, très loin, chez les p'tits affaireux incultes de Radio-Nord. Hélas! simple et quasi banale illustration microcosmique de la possession tyrannique de la presse québécoise entre les crocs de Quebecor et de la very canadian
Power Corporation.


Jean-Luc Gouin
Québec
11 février 2001


En complément : «Les risques d'une presse concentrée dans les mains de conglomérats» ( http://ledevoir.com/med/2001a/cond100201.html ),«Le Québec ou les Écuries de Troie» ( http://www.soreltracy.com/liter/Gouin/13nov.htm )

Quelques adrélecs utiles : Quebecor ( Qi_info@Quebecor.com, http://www.quebecor.com/htmfr/0_0/index.asp ), Transcontinental ( mckinnona2@transcontinental.ca , http://www.transcontinental-gtc.com/ ), Power Corporation/Gesca ( http://www.powercorp.ca/GC_1_F_M.htm ), Radio Nord ( radionord@synapse.net , http://www.radio-nord.com/bienvenue.html ), (CRTC)  Info@CRTC.gc.ca 

Jean-Luc Gouin
Courriel

 


Tous droits réservés © 2001
www.soreltracy.com