vendredi 25 septembre 2020

El Gréco
(Puisque, enfin, c’est un vrai mec cette femme !  / dixit le grand Jacques) 


 

 
« Vivre c’est mauvais pour la santé. » 
Jacky le beau et con à la fois, en quelque lieu dans les soixantines 

 

 
     À mes compatriotes de la française culture chantée, 

 

 
   Références (dans l’immédiat de l’émotion) : Juliette et Gréco 

 

 

 
Pourquoi désertent-ils, ou -elles, tous, un à une… ? 

 
Charles Aznavour, Monique Leyrac, Marie Laforêt, Renée Claude, Michel Legrand, encore, et encore, dans les tout derniers mois. Y compris Georges Jouannest, ce compositeur extraordinaire, mais largement sous-estimé, injustement oublié aussi, qui fut en quelque sorte madame Brel avant de devenir « monsieur Gréco » en personne. 

 
Et maintenant Juliette. 

 
Comme pour enterrer sinon enferrer, une seconde fois, les Brel, Brassens, Ferré, Vian, Béart, Desnos, Queneau, Aragon, Sagan, Éluard, McOrlan, Carrière, Prévert et Kosma, le tandem Nyel / Verlor aussi, sans oublier Gainsbourg et, bien sûr, Aznavour. *

 
Ainsi que l’eût pu dire à nouveau le poignant Qui ? du fier Arménien d'origine. En 1963. 

 
Juliette. Qui au passage célébrait ses 16 ans le Jour de la naissance de Sylvain Lelièvre, autre immense et regretté talent - et authentique Quadricéphale - de la chanson de chez-nous. En pays de Gilles Vigneault. De quoi, n’est-ce pas, ensemencer une rumeur posthume pour les trois prochaines éternités. Depuis la réputée sinistre prison de Fresnes, peut-être même. Comme par surcroît. Millésime des abîmes. Car à Paris en 1943, on le sait, après Dieppe un an plus tôt, et nonobstant la débâcle de la Wehrmacht à Stalingrad, le désespoir absolu - L’Être et le Néant fraîchement publié « aidant » (on a la Résistance que l’on peut disent les faiseux) - tenait du constat factuel le plus élémentaire. Sinon lucide. 

 
Ce désespoir, après tout, qui ne serait rien d’autre - aux dires de Léo, père chéri de Pépée jusqu’à cet avril de Soixante-huit - que la forme supérieure de la critique... 

 

 
Mais pourquoi ? en effet. 
Demandais-je, d’entrée. 

 
Sinon pour s’amuser - depuis quelque Au-delà ou En-deça à ce jour inconnus - à laisser à leur sort les survivants, du coup mortifiés, confrontés à une époque désoeuvrée d’une vacuité et d’une insignifiance sans fond. Et sans nom. 

 
Dans laquelle, incidemment, l’auteur de Ces gens-là et de La statue - esprit libre s’il en est un - eût été lapidé illico sur la Place de Brouckère de tous les Occidents en honorant une femme, et non sans enthousiasme (c’est-à-dire « inspiré des dieux »), du ‘label’ de Mec ! 

 
Aujourd’hui Jujube a compris. 
Selon toute vraisemblance. 

 
Que le ridicule, à force, finit par tuer. 

 
Bel et bien. Corps et âme. 

 
Reste qu’il faut reconnaître, au final, à 93 ans, verte du verbe jusqu’à son tout dernier soupir (d’exaspération plus que d’expiration, je le subodore), qu'elle aura su faire preuve - l’interprète de la Rue des Blancs-Manteaux de Jean-Paul (et Joseph) - d’une placidité qu’on ne lui connaissait pas… 

 
Il avait bien raison son grand amour-amitié du Plat pays : Vivre c’est assurément mauvais pour la santé. 

 
R.I.P. - Juliette Gréco : Française devenant en « arrivant » à Montpellier le 7 février de 1927, et définitivement arrivée à Ramatuelle le 23 septembre de 2020. 

 
Jean-Luc Gouin 

 
Québec, le 23 septembre 2020, non sans également une pensée émue, et douloureuse, pour un autre grand personnage des arts nommé Michael Lonsdale - disparu quelques heures à peine avant la très féminine et désormais intemporelle garçonne de la Rive Gauche (appellation certes plus poétique, cela dit, que les prosaïques rives sud de ce côté de l’Atlantique. En attendant, j’imagine, hélas, un Left Bank ou un Left Wing  - sinon un South Side ! - déjà dans les cartons…?) 

 

 
* Voire Dréjac et Giraud, ou même le Trenet de 1951 en 1962.  
Ici même et à l’instant à une oreille, pour ce qui me concerne, inconsolable  

 

 

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