mercredi 02 septembre 2020

Un Radio-Canada bon pour la casse ?
 
Petit mot à l'ombudsman de la Société Radio-Canada 

 

 
Prologue : Ayant convié l'ombudsman de la SRC à prendre connaissance de ma récente lettre ouverte au journal Le Devoir (publiée en : https://www.soreltracy.com/liter/2020/aout/29a.htm), pour son volet radio-canadien (si je puis dire), celui-ci m'aura répondu aimablement. Et rapidement. La présente regroupe donc le mot de monsieur Guy Gendron, suivi d'un complément de ma part (ici légèrement peaufiné). J'ai pensé que cet échange s'avérerait d'intérêt public. Pour une meilleure intelligence, on lira donc les deux interventions, successivement, de bas en haut. 

 
       ......................... 

 
 
Monsieur Guy Gendron 
Ombudsman de Radio-Canada 

 
     c.c. : auditoire@radio-canada.ca  et  telejournal@radio-canada.ca 

 
Rebonjour monsieur Gendron,   
 
 
Merci de votre courriel. 
Diligent qui plus est. Je vous en suis reconnaissant. 

 
Je suis bien au fait de ces multiples dimensions dont vous m'entretenez. 

 
Or je vous ai fait parvenir cette réflexion non dans l'objectif de déposer une plainte formelle auprès de vos services, en quelque façon, mais simplement dans le but, quoique bien modestement, d'apporter un peu de matériel à votre propre réflexion à titre de Protecteur de l'auditeur (si vous me permettez cette formule). Et ce, de manière générale. 

 
De fait, en dépit de quelques éléments solides encore en place au sein du réseau de Radio-Canada, ma déception est tellement large et profonde relativement à la qualité de cette antenne dite publique (axée sur les variétés et le "parlotage", vain, à n'en plus finir, une information trop souvent douteuse de cent manières [le non-dit, le tendancieux, l'abstentionnisme délibéré, les restrictions mentales, etc.], une qualité de langue franchement impardonnable chez des "professionnels" de la communication*, une culture terriblement pauvre chez la majorité des responsables et animateurs/animatrices d'émissions, radio et télévision confondues, etc.), que je ne saurais plus, bien honnêtement, où donner de la tête en termes de "plaintes" à formuler. 

 
On ne répare pas une maison en ruines, monsieur : on la rase. 
Puis on reconstruit. Si possible. 

 
Citoyen en début de soixantaine, j'ai connu, naguère, un Radio-Canada (j'opte pour le masculin plutôt que le féminin habituel, eu égard à la raison sociale) dont j'étais fier. Mais vraiment ! Dans toutes ses dimensions, et via tous les canaux de diffusion - la chaîne de télévision et les deux chaînes radiophoniques réunies. Aux plans Culture, Information, Analyse, Débats (fréquents) entre gens articulés et d'opinions divergentes. Même enfant, dans les soixantines, j'y trouvais mon compte... 

 
Or aujourd'hui, sauf exceptions, rarissimes, à chaque fois que je syntonise l'une de vos antennes, j'ai l'impression d'entendre des adolescents à horizons culturels et intellectuels extrêmement limités, qui au surplus s'expriment laborieusement avec... une poignée de mots. 

 
Même la 'seconde' chaîne radiophonique - que je ne saurais identifier spécifiquement, compte tenu qu'elle a changé continuellement d'appellation depuis plus de vingt-cinq ans - me rebute. Puissamment. Alors que j'en fus un adepte fidèle et attentif plusieurs décennies durant. Et ce, dès l'adolescence. 

 
Qui plus est, au plan musical on se croirait sur la chaîne anglaise équivalente. En CBC. Nous possédons un trésor de la chanson française absolument extraordinaire. Ex-tra-or-di-nai-re. Rien moins. Mais celui-ci se voit pour ainsi dire interdit de diffusion sur notre propre réseau public ! C'est franchement hallucinant. Comme si les miettes d'antenne accordées à madame Monique Giroux, par exemple, ne constituaient plus qu'une caution-paravent dudit réseau quant au statut français des chaînes en question. Quel mépris ! Et sans doute, surtout, quelle abyssale ignorance de notre propre Culture. Québécoise et, plus largement, francienne. 

 
Je pourrais ainsi décliner ma "colère citoyenne" sur des pages et des pages. Sans fin... 

 
Mais à quoi bon, monsieur Gendron ? 

 
J'ai totalement perdu confiance en ce Radio-Canada - lourdement médiocre devenu. 
Le point de non-retour a été atteint. Et depuis longtemps déjà. 

 
Nonobstant les budgets de la Société, raffermis dans les dernières années. 

 
Aussi je crois que la seule issue possible, désormais, à mon humble avis, consisterait à rapatrier les budgets du réseau français de Radio-Canada au Québec. Et de construire sur des bases nouvelles quelque chose s'apparentant à l'excellence de ce que fut jadis Radio-Canada. 

 
Non. À l'évidence, on ne répare pas une maison en ruines. 

 
Bien cordialement à vous, monsieur Gendron, que je crois être un homme de bonne foi. 
 

 
À telle enseigne que je vous "soupçonnerais" même de partager en pensée, in petto, l'essentiel du contenu du présent réquisitoire (que j'ai voulu, sciemment, dans les circonstances, extrêmement court). 

 
Ce qui hélas - le cas échéant, nonobstant votre conscience des problèmes et des carences ici à peine effleurés, alliée à vos meilleures intentions dans le cadre de vos fonctions - ne modifie en rien la trajectoire 'nullilante' de ce qui fut sans doute, à une certaine époque, et je soupèse mes mots, car je n'ignore pas ce qui se fait ailleurs (France, Belgique, Suisse, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, États-Unis...), l'un des réseaux publics de communication les plus riches, les plus rigoureux et les plus professionnels de la Planète. 

 
Pour l'heure toujours habitable. 

 
Merci, 

 

 
Jean-Luc Gouin 
un simple citoyen, qui ne représente que lui-même 
Capitale nationale, 1er septembre 2020 

 

 
En guise de rappel (parmi moult interventions du même, au fil des ans) : http://www.soreltracy.com/liter/2020/mai/19m.htm . Incidemment, à titre de banal contre-exemple, nous en sommes à estimer comme impensable, par exemple, chez nos gens de la SRC, une émission du style de C dans l'air, diffusée quotidiennement sur TV5 (depuis France-5), en fin de soirée : des gens compétents d'origines intellectuelles et idéologiques variées qui discutent avec lumière et intelligence, et dans une langue toujours limpide, des dossiers d'actualité. Et ce, 65 minutes continues au chrono ! Des tables de discussion de cette sorte devraient aller de soi au sein d'une antenne publique digne de ce nom. Mais non ! Impensable, semble-t-il. Hormis un cinq, un sept ou un douze minutes, à l'occasion, au téléjournal ou en quelque autre 24-60. Toujours avec les mêmes invité-es/commentateurs. En boucle. À peu de chose près. Comme si tout un chacun était un spécialiste en toutes matières. En clair : de la télé et de la radio étudiante... ou si peu s'en faut. Et ce, en dépit d'une Anne-Marie Dussault bien solitaire en pareil univers. 
      On préfère, parmi moult jeux télévisés et émissions de bavardage, les adolescenteries des Bonsoir, bonsoir ! Et équivalents. Où on ne dépasse jamais les idées/tendances à la mode du présent. La tête enfouie dans un présentisme d'un aveuglement toxique à hurler. Et où les personnes, les animateurs au premier chef, semblent préoccupées par leurs chaussettes et leur coupe de cheveux infiniment plus que par les simulacres de conversation auxquels ils s'abandonnent avec complaisance. Dans une atmosphère d'une vacuité sidérante. C'est cela devenu, pour l'essentiel (sic), citoyennes et citoyens, le Radio-Canada de nos taxes et de nos impôts 

 

 

Le lun., août 31, 2020 à 8:56, Ombudsman de Radio-Canada
<ombudsman@radio-canada.ca> a écrit :
Monsieur Gouin

 
Bonjour,

 
J'accuse réception de votre message et je vous remercie d'avoir pris le temps de me le faire parvenir, car la qualité de la langue est aussi pour moi importante.

 
Néanmoins, je dois vous préciser que le mandat de l'ombudsman se limite à l'application des normes de déontologie journalistique dans les contenus d'information présentés à Radio-Canada. Sa juridiction ne s'étend donc pas aux questions relatives aux erreurs de français qui peuvent survenir de temps à autre.

 
Toutefois, je vais transmettre votre courriel aux responsables du site linguistique de Radio-Canada, afin qu'ils en prennent connaissance et lui donnent le suivi approprié.

 
J'en profite pour vous remercier de votre vigilance. Sachez que l'opinion des auditeurs et téléspectateurs est essentielle pour permettre à Radio-Canada d'améliorer des pratiques.

 
Le Bureau de l'ombudsman est une instance indépendante de la direction de l'Information. Il doit veiller au respect des Normes et pratiques journalistiques (NPJ) de Radio-Canada. Vous pouvez les consulter sur mon site web.

 
Cordialement.

 
Guy Gendron
Ombudsman des Services français
 
Tél. : 514-597-4757 - sans frais : 1 877 846-4737
Twitter : @ombudsmanrc

 

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