LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mardi 07 juillet 2015 18:15

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NÉCROLOGIE

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Robert
Barberis-Gervais

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L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY MAGAZINE.
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mardi 07 juillet 2015

Le PLQ est-il vraiment le parti de l'économie?
par Robert Barberis-Gervais

Quand un gouvernement modifie une loi pour viser quelqu'un en particulier, cela rappelle Louis XIV et ses lettres de cachet. C'est un exercice arbitraire du pouvoir. C'est de l'abus de pouvoir. Si PKP se fâche et accuse les Libéraux de mesquinerie, on se demandera s'il ne tombe pas dans un piège comme s'il n'y avait pas matière à indignation. Nous devrons tolérer pendant combien de temps encore les âneries d'Anne-Marie Dussault qui se croit futée quand elle demande à Bernard Landry: quand PKP parle, qui parle, le conjoint de fait, le propriétaire de TVA, le chef de l'opposition? Mon Dieu, quel malaise! On craint qu'elle s'évanouisse comme Bella Cormoran. Et Bernard Landry, obséquieux, demande à Philippe Couillard de respecter l'esprit des crédits d'impôts en l'appelant «mon premier ministre». Dans le contexte du coup de cochon libéral, cette obséquiosité est tout à fait incongrue. D'ailleurs, immédiatement, un porte-parole du bureau du premier ministre lui a répondu que rien ne serait changé.

Bernard Landry, en 2003, avait proposé que le gouvernement réserve les crédits d'impôt aux producteurs indépendants, sans liens avec les diffuseurs. De quels liens s'agit-il, là est toute la question. PKP et Julie Snyder sont actuellement conjoints de fait et ils seront bientôt mariés. Cela crée un lien. Mais s'agit-il d'un lien de dépendance? Julie Snyder est la propriétaire de Productions J et PKP est le propriétaire de TVA qui diffuse les Productions J. Il s'agit d'un lien d'affaires entre une productrice et un diffuseur. Qui dépend de qui? C'est TVA qui dépend de Productions J puisque c'est le diffuseur qui profite des cotes d'écoute mirobolantes de la Voix ou de Star Académie. En visant les Productions J, c'est TVA qu'on vise et son propriétaire PKP. Le fait-on pour favoriser les petits amis de Radio-Canada?

De plus, Productions J n'est pas liée financièrement à TVA. Chaque entreprise est indépendante de l'autre: ce sont deux personnes différentes qui contrôlent les deux sociétés.

Alors que Productions J soit privé des crédits d'impôt alloués aux producteurs indépendants est une injustice et un contresens. Bernard Landry est venu expliquer à 24/60 que ces crédits d'impôt ont pour but le développement des productions cinématographiques et télévisuelles. Et que l'intention du législateur était d'en exclure les diffuseurs. En quoi le fait d'enlever les crédits d'impôts à productions J sert-il l'intérêt commun et favorise-t-il la vie économique, ce qui est sensé être la marque de fabrique du Parti libéral?

Or que fait le Parti libéral au pouvoir? Par le moyen d'arguties fiscales douteuses (voir l'article de La Presse du 4 juillet où des «experts» expliquent la loi de l'impôt et le concept de «lien de dépendance»), il met les bâtons dans les roues d'une entreprise dynamique et empêche Productions J de continuer à produire des émissions de divertissement de qualité. Pourquoi le fait-il? Parce que Julie Snyder est la conjointe du chef de l'opposition. Est-ce que c'est ça le parti de l'économie?

Et ce qui est le plus choquant, c'est que Philippe Couillard et Carlos Leitao se cachent derrière l'équité pour justifier leur mesure discriminatoire, mesquine et politiquement motivée. L'association québécoise de la production médiatique (AQPM) s'est bien défendue d'avoir fait cette demande au nom de ses membres. Alors l'équité au nom du milieu dont se réclament les Libéraux voudrait dire que des producteurs jaloux et envieux ont demandé qu'on coupe les jambes à Julie Snyder parce que ses productions sont si populaires qu'elles leur portent ombrage. Sur sa page Facebook, Victor-Lévy Beaulieu s'est demandé ce que cache le silence de son amie Fabienne Larouche. La réponse à cette question est simple. Quand on fait affaire uniquement avec Radio-Canada comme Fabienne Larouche, est-ce qu'on se porte à la défense de l'épouse indépendantiste du chef de l'opposition indépendantiste qui fait affaire avec le concurrent TVA? C'est ainsi que les intérêts passent avant les principes. On ne peut pas exclure la jalousie d'une productrice en concurrence avec une autre productrice. Ils nous induisent en erreur ceux qui comme Nathalie Petrowski (encore La Presse… et Power corporation… et la famille Desmarais…) disent que Julie Snyder est favorisée par TVA. Qui favorise qui? Je dirais que c'est TVA qui est favorisé par Julie Snyder qui produit des émissions qui ont 3 millions de cote d'écoute. Victor-Lévy Beaulieu fait appel à la solidarité entre productrices. Cela l'honore. C'est un idéaliste: c'est pour ça qu'on l'aime et que sa campagne de souscription pour publier son livre sur Nietzsche a été une réussite. Mais l'idéalisme n'a pas sa place dans l'affaire Julie Snyder. C'est plutôt son contraire, la mesquinerie.

Un gouvernement qui base ses politiques sur la médiocrité, l'envie et la jalousie est-il digne d'exercer le pouvoir et le fait-il dans l'intérêt commun? C'est une autre preuve que c'est une imposture de dire que le Parti libéral du Québec est le parti de l'économie. C'est encore et toujours le parti des petits amis ce que malheureusement la Commission Charest-Charbonneau n'a pas réussi à démontrer car elle était contrôlée par le même individu qui a été nommé par Jean Charest pour contrôler la commission Bastarache qui a accouché d'une souris mais nous a quand même appris la méthode des post-it qui consiste à nommer des Libéraux partout.

Quand je pense qu'on a réussi à faire toute une histoire avec un prêt insignifiant dans l'immobilier par le Fonds de solidarité à Claude Blanchet (le «deal» avec Claude Blanchet) que l'avocat du Parti libéral a qualifié de toxique de façon abusive sans être réprimandé; quand je pense qu'on a fait un drame avec une demande légitime d'Elaine Zakaïb de voir ses dossiers régionaux mieux considérés par le Fonds de solidarité. Le tout au moyen de conversations téléphoniques enregistrées du président de la FTQ, ce qui est toujours spectaculaire. La Commission s'est montrée notoirement anti-syndicaliste. Quand je pense qu'on a transformé en vedette un mythomane comme Gilles Cloutier et que la juge Charbonneau a rassuré maternellement Nathalie Normandeau au début de son témoignage. Pas surprenant que le rapport soit difficile à écrire. Et Marc Bibeau, le grand argentier, grand ami de Jean Charest et témoin capital des magouilles libérales, nous ne l'avons pas vu à la commission.

Il n'y a pas de différence entre les lettres de cachet de Louis XIV qui visaient un individu et les changements apportés par Carlos Leitao dans son dernier budget, changements qui visent explicitement les productions J de Julie Snyder. Les fiscalistes qui nous expliquent longuement la notion de liens de dépendance, ce n'est que de la poudre aux yeux pour semer le doute dans l'esprit de l'honnête citoyen qui se rend bien compte de l'objectif qui est visé par le gouvernement libéral Couillard-Leitao: ne pas permettre à productions J de bénéficier des crédits d'impôts qui sont accordés à tous les autres producteurs indépendants. Or, comme l'ont dit Roger Frappier et Pierre Lampron, Julie Snyder est une productrice indépendante. (Voir Le Devoir, 4 juillet 2015: «Julie Snyder, productrice indépendante, un cas flagrant de discrimination», Pierre Lampron).

Avec l'affaire Julie Snyder, on est toujours dans ce monde malsain que la commission Charest-Charbonneau n'a pas voulu débusquer même si le rapport Duchesneau avait mis la table pour montrer une collusion qui a augmenté le coût des travaux des infrastructures de 30% soit plusieurs milliards de dollars. Il fallait trouver des coupables précis et la Commission Charest-Charbonneau ne l'a pas fait. L'affaire Julie Snyder montre la violence qui est faite à Productions J et plonge le Québec tout entier dans un monde de corruption, d'hypocrisie et de mensonge. Essayer de faire passer de l'inéquité pour de l'équité comme le font Philippe Couillard, Carlos Leitao et Hélène David, c'est grave et c'est inacceptable. C'est le comble de la corruption.

Robert Barberis-Gervais,

Vieux-Longueuil,
mardi 07 juillet 2015
barberis@videotron.ca

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