LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mardi 25 mars 2014 10:32

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Barberis-Gervais

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mardi 25 mars 2014

Ne pas se décourager devant les sondages

par Robert Barberis-Gervais


Qu’en est-il de la question de la valeur scientifique des sondages et surtout de leur rôle comme instrument de manipulation de l’opinion publique ?

Les derniers sondages CROP-La Presse et Forum Research découragent les partisans du Parti québécois et encouragent les libéraux au point où ceux-ci ont l’arrogance d’annoncer la formation d’un comité de transition présidé par Daniel Johnson. Forum Research, avec un maigre échantillon de 800 personnes, donne 70 comtés aux libéraux. Or, 800 personnes, c’est un échantillon trop petit comme les 600 personnes sondées dans la région de Québec est un échantillon trop petit.

C’est un fait qu’au Québec, certains médias orientent leur couverture d’une campagne électorale en fonction de leurs intérêts politiques. Selon le cofondateur de ViewStats Research et statisticien Oleh Iwanyshyn, « les prétentions des sondeurs sur l’exactitude des résultats sont suspectes en raison d’un conflit d’intérêts évident. Ils sondent, mais commercialisent aussi leurs produits. Les médias sont également en conflit d’intérêts. Les grandes organisations médias tissent des liens incestueux avec les sondeurs. Pouvez-vous vous rappeler de la dernière fois qu’une grande organisation des médias a remis en question les résultats d’un sondage pour lequel elle a payé ? Même si une organisation de nouvelles n’a aucun intérêt financier dans un sondage, elle n’a généralement pas l’expertise technique pour évaluer de façon indépendante l’exactitude du sondage. » En effet, la maison « CROP » a des liens incestueux avec « La Presse » qui a des intérêts politiques à promouvoir comme Radio-Canada d’ailleurs et on sait lesquels. L’article 1 de la charte de la Société Radio-Canada oblige à la défense des intérêts des valeurs canadiennes multiculturelles anti-Charte de la laïcité… Entre parenthèse, ceux qui ont peur de Pierre-Karl Péladeau, propriétaire de médias, auraient plus de crédibilité s’ils dénonçaient le propagande anti-indépendantiste de Radio-Canada et de La Presse.

Que faut-il penser des sondages ? Sur Huffington Post, le blogueur Steve E. Fortin vient de publier un excellent article intitulé : « Peut-on faire confiance aux médias pour sonder la population en période électorale ? » La réponse, c’est NON, on ne peut pas faire confiance aux médias. Alors cessons de nous décourager mais continuons de nous indigner devant les tentatives de manipulation de l’opinion publique par le moyen des sondages. On comprend pourquoi des citoyens ont songé à les interdire en période électorale : ils sont devenus de véritables instruments de propagande. Mais c’est toujours vrai de dire que le vrai sondage, c’est le jour de l’élection.

Le patron de la firme EKOS, Frank Graves a parlé du fiasco des sondeurs en Colombie-Britannique. « On se souviendra également de ces sondages lors de l’élection albertaine qui donnait parfois le Wildrose en avance de plus d’une dizaine de points alors que le règne des progressistes-conservateurs n’a finalement jamais été mis en cause. »

Ce qui est intéressant, c’est l’examen des causes possibles de ces erreurs des sondeurs. La principale cause c’est l’incapacité des panels web (sondages par internet) à bien représenter l’ensemble des électeurs selon le sexe, les groupes d’âge, la langue, les régions, le niveau de vie, la religion etc.

« Au Québec, dans un contexte où la population de plus de 55 ans représente un segment de l’électorat qui est démographiquement important et sous-représenté au sein des panels web, il sera toujours plus difficile de prévoir le résultat électoral, » écrit Steve Fortin.

« Oleh Iwanyshyn se base sur la dernière élection provinciale en Ontario pour rappeler également que les grandes firmes de sondage, devant l’inexactitude de leurs enquêtes, ont commencé à se chicaner entre elles sur leurs méthodes respectives (ça rappelle le chassé-croisé sur la question entre CROP et Léger...). Le statisticien tranche ici la question de façon non équivoque : aucune n’aura raison tant que les firmes de sondage publieront des enquêtes statistiquement et scientifiquement non crédibles. Les sondages web n’offrent aucune marge d’erreur, leur représentativité est douteuse, des segments importants de la population sont sous représentés et il en coûte trop cher de mettre à jour systématiquement des bases de données dont l’exactitude est au départ contestable.

Actuellement, les médias publient « tout et n’importe quoi sans égards à la validité statistique ou la crédibilité des informations que proposent les enquêtes d’opinion ; surtout quand ceux qui commentent des sondages sans validité statistique ne le mentionnent pas et les citent comme si ces enquêtes étaient crédibles. Dans le cas de Gesca-La Presse, un groupe de presse dont on connaît l’hostilité envers les souverainistes, la porte est ouverte à la « propagande par sondage ». (…) Tout dépend du but recherché par celui qui publie. Tout se passe comme si on tentait d’infléchir le cours de la campagne.

Deux conclusions s’imposent.

La première, c’est que les médias ne tiennent pas compte du fait que les spécialistes affirment que les sondages au panel web de 600 ou 800 personnes ou 1000 personnes n’ont pas de validité statistique et conduisent à des conclusions douteuses car leurs résultats ne sont pas crédibles scientifiquement. Impossible d’échapper à l’évidence : une société qui permet une telle manipulation de l’opinion n’a pas beaucoup de respect pour la démocratie. L’omniprésence des sondages exige de la population une maturité et un esprit critique difficiles à atteindre. Alors les manipulateurs d’opinion en profitent. Espérons que le peuple, étourdi de chiffres, ne se laissera pas impressionner, les jettera à la poubelle et saura identifier ceux et celles capables de défendre leurs intérêts.

La deuxième conclusion, c’est que devant le spectacle désolant de ces manipulations de l’opinion publique où on voit des commentateurs complices de cette imposture discuter de chiffres et de pourcentages qui proviennent de sondages-bidon sous-échantillonnés dont on ignore la méthodologie, les militants du Parti québécois sauront rester sereins et continuer à espérer la victoire en faisant confiance au bon sens et au jugement du peuple québécois sans lequel notre projet politique ne saurait se réaliser.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
mardi 25 mars 2014
barberis@videotron.ca

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