LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : lundi 10 mars 2014 18:21

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NÉCROLOGIE

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«  En passant... »
Une chronique de Jean-Paul Lanouette
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lundi 10 mars 2014

De chien de faïence à chien de garde

Comme disent les Québécoises et Québécois en proie à quelque frustration, « J’le prends juss’ pas! » En effet, une semaine après le fait, je n’ai toujours pas décoléré. Mais quel est donc ce fameux « fait » qui a su provoquer chez moi pareille montée de lait! Je vous le donne en mille : un cinquième déclenchement d’élections générales en dix ans au Québec, cette fois pour cause de « blocages ». Constipation, quand tu nous tiens!

Or, d’une certaine façon, pour ne pas dire d’une façon certaine, ce gouvernement minoritaire qui nous appelle aux urnes après 18 mois à peine de pouvoir « partagé », c’était un choix très clair exprimé par l’électorat (pris globalement). Par ce choix, le peuple avait indiqué que personne ne méritait la grosse part du gâteau. Dès lors, nos élus devaient faire dans le compromis. Dur, ça, très dur, on dirait! Car, bien entendu, on préfère avoir les coudées franches, être « majoritaire », quoi!

Décidément, la culture de l’effort coopératif se perd. Il restait pourtant deux ans et demi pour se faire rassembleur, nouer des alliances… Mais il ne faut point blâmer uniquement le gouvernement sortant. En effet, tout le monde préférait « aller en élections » plutôt que de continuer à essayer de s’entendre. Ouais, sans pouvoir l’avouer, tous les partis rêvaient d’aller en découdre en dehors de l’Assemblée nationale, de monter dans leur autocar respectif pour sillonner les routes de la « belle » province, histoire de nous emplir la vue et les oreilles en direct!

En passant, un gouvernement obligé de tenir compte de l’avis de l’ensemble des élus, je ne déteste pas, au contraire. Songez que l’ami Harper fait bien plus de dégâts en étant majoritaire qu’il n’en a faits minoritaire… Fin de la parenthèse.

Dire qu’il aurait suffi, pour que nous n’ayons pas à revivre si tôt la trentaine de jours de cirque trop ordinaire que suppose invariablement une campagne électorale, oui, dire qu’il aurait suffi que le lieutenant-gouverneur (L-G), version québécoise, refuse de dissoudre l’Assemblée nationale et, de la sorte, force nos « zélus » peu zélés à finir le travail… Le L-G n’aurait-il pas pu, pour une fois, transcender apparat et protocole en renvoyant tout ce beau monde à son lutrin… à la recherche des compromis souhaitables?

Car que de projets de loi valables morts au feuilleton, remis aux calendes grecques ou carrément voués aux oubliettes! Et tout ça à cause d’une soif de « pouvoir sans partage » qui fait oublier les beaux principes énoncés hier…

Vous ne trouvez pas qu’il est devenu trop facile d’invoquer des « blocages » – présumés, pressentis, réels ou inventés – pour se relancer en élections à la vitesse grand V?

De la Reine à l’Arène

C’est alors qu’on se prend à rêver d’un L-G avec du bagout à revendre et du répondant plein sa besace. Un L-G désenglué des raideurs protocolaires et branché sur la réalité. Avec des émoluments aussi princiers – au salaire qu’il fait, quoi! –, comment peut-il se cantonner dans un rôle purement honorifique? Que le chien de faïence devienne enfin chien de garde, tel est mon souhait! Qu’il passe de représentant de la Reine à représentant du Peuple.

Qu’est-ce qu’on veut à la fin? Une potiche royale figée sur sa tablette dorée dans un rôle de rubber stamping (approbation à l’aveugle), oubedon un véritable Cerbère, avec du mordant, posté aux abords immédiats de l’arène politique pour, par exemple, étouffer dans l’œuf les velléités électorales prématurées d’un gouvernement minoritaire, toujours plus enclin à vouloir aller se balader en autocar, aux frais des contribuables, qu’à forger des consensus?

Pas d’élections? On aurait fait l’économie non seulement de 88 millions de dollars, mais encore de millions de mots enflés et creux. Car Dieu et Allah le savent (ou le sait, si l’on présume qu’Ils ne font qu’Un) : en 30 jours de campagne putassière, on peut en débiter des fadaises!

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