LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mardi 07 janvier 2014 09:44

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mardi 07 janvier 2014

Criq-Caq-Croq

 

Sorel-Tracy, le 28 décembre 2013,

Ce matin en noyant les céréales de mes enfants,  la symphonie musicale oeuvrant  à l’accoutumé comme la rosée dans ma cuisine avait mué. Elle avait désormais la cadence boiteuse, elle éraillait, persiflait et bataillait. On aurait dit qu’elle conjurait un mauvais sort triste, inutile et avilissant. Les oreilles écarquillées au désespoir, je perçus l’infamie; le Craq du Criq-Craq-Croq avait laissé tomber son R pour devenir maintenant Caq.

Pris d’une souveraine panique, mes neurones gorgées d’insécurité battaient des cils vitesse grand V. Inquiet du rictus malin qui sévissait sur mon visage, je verbalisais tel un crieur de mort les questionnements qui m’enfargeais l’esprit : Que ferait le nouveau Caq sans son R de la révolte devant le cowboy « espèciste » d’Harper (Honeycomb)? ou qu’adviendrait-il de lui sans son R de la résistance face au séduisant toucan Couillard et sa palette de couleurs et de saveurs, emblème du multiculturalisme économique (Froot loops) ? ou encore piaffera-t-il, sans son R de la révolution,  devant les lettrés et les sages d’Alphabits (PQ) ? Sans oublier  l’impétuosité de Tony le tigre Mulcair et son orange enivrant ou encore le petit côté givré du fils de l’autre magouilleur pré-commandite ? Bouleversé, je constatais à regret que cette mutation subite mettait en péril toute la musicalité de mon enfance et par surcroit l’équilibre de notre joute politique nationale.

Les québécois s’approprieront tôt ou tard le droit de se gérer et d’évoluer selon leur propre intérêt et selon le dessein qui leur sied le mieux. Seul le temps que cela prendra demeure inaudible à cette épopée d’une beauté indicible. Or bon an mal an, lorsqu’un peuple se dote de la prérogative d’œuvrer en tant que maître chez soi, il ne reste politiquement que peu d’option soit; être pour ou être contre! Mais il y a les hésitants, les rationnels-insécures, les blafards, les coincés, les balances, les casaniers, les albinos, les tourmentés, les vertigineux, les alarmistes… Bref, tout ce beau monde doit avoir écho à l’assemblée nationale et c’est le job, dans un système électoral où s’opère un mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour, de la troisième organisation politique soit le Craq désormais réduit à la Caq.    

La défunte ADQ jouait un rôle d’une importance capitale dans le discours et l’évolution de la pensée politique québécoise. En proposant la seule troisième option intelligible dans le concert de klaxon de notre politique nationale, l’approche constitutionnelle, les adéquistes servaient grandement et fièrement l’arène politique et n’eut été des exactions ultra conservatrices de ce parti, il faut admettre qu’il poussait ses adversaires politiques vers l’avant et l’innovation.

L’imagerie populaire politique se scindait, dès lors, en trois grandes idées ; être un pays, être une petite province dans un grand pays ou être une grande province dans un petit pays. Et chaque moment de notre histoire où ces trois modes de pensée se sont polarisés à leur maximum ont mené à des revirements historiques significatifs où la latence du statu quo devenait intolérable pour tous.

L’ignominie désastreuse se conjugue en perte de temps considérable pour les québécois car notre troisième voie à l’assemblée nationale nous propose le statu quo souverainiste. Comme me le dirait Polo mon voisin ado ; « De Kessé ? ». Polo avec sa question à deux balles résume bien la profonde insignifiance de ce positionnement politique carrément hors du ring.

Mais les penseux et les licheux d’enveloppes brunes savent très bien à qui rapporte cette position.  Le statu quo est une machination où l’obsession du surplace rapporte à ceux qui sont en place et qui y règne en maître, plus le système se statufie plus la machine s’empiffre et s’ankylose jusqu’à ce que son obésité morbide éclate et recouvre la nation de son fiel. Or sachez que lorsque les caquistes s’annoncent en Eliot Ness vertueux, c’est plutôt un mensonge gros comme Nessie que les québécois reçoivent en pleine gueule, du flanc patenté pour que le statu quo nous fige dans le cynisme et que nos ressources collectives s’écoulent vers ceux bien en place, « les deux mains sur le volant ». 

Vous allez comprendre que j’ai souvent la tête qui Caq car l’indéfendable est monnaie courante chez nos politiciens. Bastien dans La bataille de Londres illustre le plus simplement du monde à quel point le Canada n’est qu’un voyou aux allures dandies. La constitution est le texte le plus important qu’une nation puisse se doter, il est la pièce maîtresse de sa démocratie, il cerne en substance les principes de gouvernance et de respect des peuples fondateurs. Une constitution unificatrice et endossée est ce qui différencie un bum qu’il soit de bonne famille ou pas, d’un chef d’état. Or, à mon humble avis, un provincialiste en petitesse ou en grandeur vaudra toujours mieux que n’importe quel politicien cheap procrastinant son devoir dans un statu quo eunuque et  menotté dans le présent.

Putain que j’ai la tête qui Caq !

Quand j’ai voulu changer le monde par l’écriture au STM, ses dirigeants m’aimaient bien en opinioneux, rôle que j’assume avec aisance, mais en contre partie vous verrez rarement de citations en bas de page ou autres appuis officiels de ma pensée. Je les garde jalousement pour moi en respect à mon rôle d’opinioneux. De cette façon je m’assure de garder en avant scène mon côté prose combat.

Mr. Daneau, chroniqueur au STM, a récemment affirmé, qu’en 2014, il s’offrirait le pourquoi du pourquoi de son envie d’écrire. En ce qui me concerne, la dynamique est obsessive-compulsive, écrire me soulage des idées qui se cristallisent en mots et qui repassent en boucle dans mon esprit jusqu’à ce que je les couche sur papier; délivrance. Merci à ceux qui les lisent, vous faites partie de la thérapie.

Bonne année 2014; la seule chose que vous devriez mâcher moins ce sont les mots. Indignez vous devant le béotisme. Souriez.

James Morgan

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