LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : samedi 18 janvier 2014 10:55

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Barberis-Gervais

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L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
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samedi 18 janvier 2014


Bernard Landry appuie-t-il la Charte des valeurs oui ou non ?  

par Robert Barberis-Gervais

A l’occasion du début de la Commission parlementaire sur la loi 60, un certain nombre de textes d’analyse ont été publiés dans les média. Par exemple, sur le site de Radio-Canada, le 14 janvier 2014, Isabelle Maltais écrit : « Les politiciens n’ont pas été en reste dans cette polémique. Plusieurs ténors du mouvement souverainiste ont critiqué le projet du gouvernement Marois, notamment les anciens premiers ministres Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry, et l’ancien chef du Bloc québécois Gilles Duceppe. » Des adversaires de la Charte des valeurs québécoises font la même affirmation. Pour embarrasser Bernard Drainville et le gouvernement Marois, ils ne cessent de répéter que Parizeau, Bouchard et Landry sont contre la Charte. Et cette énumération qui contient les noms de trois anciens premiers ministres péquistes est sans cesse répétée dans les émissions politiques ou dans les nouvelles à RDI, LCN, TVA et Radio-Canada. Or, que ce soit volontaire ou non, cette énumération est trompeuse et induit en erreur. Je dirais même plus : c’est une fausseté.

Ce serait un travail à plein temps que de rectifier toutes les erreurs qui ont été proférées ou qui le seront à propos de la Charte des valeurs. Mais la place importante qu’occupe Bernard Landry dans le mouvement indépendantiste impose une obligation de rigueur.

D’abord établissons clairement que Bernard Landry appuie la Charte du gouvernement Marois. Trois preuves, s’il faut le prouver. Une lettre ouverte publiée dans les journaux qu’il a signée le 1er novembre 2014 donne sa position qui appuie la Charte. Son appui au mouvement des Jannette auquel s’est joint son épouse Chantal Renaud. Enfin, son affrontement avec Maria Mourani à l’émission 24 heures en soixante minutes où il s’est montré un ardent défenseur de la Charte en exprimant sa ferme réprobation des attaques de Maria Mourani contre l’interdiction du port de signes religieux ostensibles.

En novembre, Bernard Landry s’est distancié très clairement des objections qu’a émises Jacques Parizeau concernant l’interdiction des signes religieux ostentatoires. il est d’accord avec le projet de loi déposé par le ministre Drainville, sa seule réserve portant sur l’utilisation du terme « valeurs québécoises » au lieu de « laïcité ».

Alors, comment expliquer qu’en date du 14 janvier 2014, on fait encore l’énumération des trois premiers ministres qui seraient opposés à la Charte ? On peut l’expliquer sans recourir à la théorie du complot. Le Devoir du 3 octobre 2013 titrait : « Selon Jacques Parizeau, la charte va trop loin. » L’article disait : « Concernant l’interdiction du port des signes religieux, Jacques Parizeau pense « qu’on devrait se limiter aux recommandations du rapport Bouchard-Taylor, c’est-à-dire de l’appliquer aux policiers, aux procureurs, aux juges et généralement à ceux qui ont le pouvoir de contraindre. Je n’irais pas plus loin pour le moment ». Le lendemain, un autre titre du Devoir : « Charte : Lucien Bouchard suit Jacques Parizeau. »

Puis Bernard Landry entre en scène. Voyons le compte-rendu de Martine Turenne sur le Blogue de l’actualité de Yahoo. Ce compte-rendu correspond exactement à mon souvenir. Le titre vaut mille mots : « Charte des valeurs : les belles-mères du PQ sur la même longueur d’ondes ». Voyons ce qu’écrit Martine Turenne.

« Après Jacques Parizeau hier, et Lucien Bouchard ce matin, c’est au tour de Bernard Landry d’émettre ce midi des doutes sur certains aspects de la Charte des valeurs.

 Sur les ondes de Radio-Canada, l’ex-premier ministre, qui avait pourtant appuyé le projet lorsqu’il en a d’abord été question en août, dit qu’on doit revenir aux conclusions du rapport Bouchard-Taylor.

Ce rapport n’interdisait pas le port des signes « ostentatoires » pour tous les employés de la fonction publique, mais seulement ceux en état d’autorité. « Comme Bouchard, Parizeau et moi avons servi l’État québécois, cela nous donne un regard pénétrant sur la société », a-t-il dit.

 Bernard Landry croit que les grands principes de la Charte sont bons, mais que le projet est « améliorable » et nécessite un « compromis ». Et tout comme Jacques Parizeau, il souhaite qu’on parle de Charte de la laïcité, et non pas des valeurs. « On a une occasion unique de réunir les trois partis autour d’une Charte de la laïcité ». (…)
Cette sortie en cascade de ces trois « belles-mères » péquistes est inusitée : il est très rare que les trois hommes partagent les mêmes points de vue politiques. »

C’était la conclusion spectaculaire mais exacte d’un article daté du 4 octobre 2013. Cela est confirmé sur Twitter par Josée Legault, le 4 octobre 2103, suite à cette entrevue de Bernard Landry à la radio : "Bref, B. Landry s’est dit d’accord avec J. Parizeau et L. Bouchard à propos de la Charte contre l’interdiction élargie des signes religieux."

C’est sans aucun doute ce qui explique que Bernard Landry soit inclus dans la liste des anciens premiers ministres du Québec qui sont contre la Charte. Il a embarqué de façon prématurée dans le train Parizeau-Bouchard, il en paie aujourd’hui le prix. Quant à comprendre pourquoi il a parlé trop vite, il faudrait qu’il se demande pourquoi il aime tant être vu, être entendu et paraître. Son engagement indépendantiste indéfectible n’explique pas tout, ne justifie pas tout et n’exige pas qu’il monopolise l’industrie du commentaire surtout quand, parfois, il tombe dans la boursoufflure comme, par exemple, quand il s’arroge « un regard pénétrant » sur la société québécoise. Son regard était tellement pénétrant en octobre 2013 qu'il a ensuite changé d'idée. 

Car depuis lors, sa position a évolué.  La nouvelle position de Bernard Landry est exprimée dans une lettre ouverte datée du 1er novembre 2013. « La « Charte des valeurs québécoises » devrait redevenir celle de la « laïcité ». L’interdiction du port de signes religieux ostentatoires devrait être étendue aux enseignants, de la maternelle à l’université. Pour lui, pas question de permettre des exceptions, un droit de retrait sur une base institutionnelle ou même géographique - le Québec doit être rassembleur de Ville de Saguenay à Ville de Mont-Royal. »

A cette prise de position du premier novembre 2013, il faut citer l’expression de sa solidarité avec sa femme Chantal Renaud quand Jannette Bertrand a appuyé ouvertement la Charte des valeurs. Et enfin, il faut ajouter son débat émotif avec Maria Mourani où il a défendu la Charte devant les déformations de l’ancienne députée du Bloc qui joindra bientôt les rangs du parti de Justin Trudeau.

Puisque Jacques Parizeau et Lucien Bouchard s’opposent à l’interdiction des signes religieux ostentatoires sur les heures de travail contenue dans la loi 60 et que Bernard Landry est en faveur de cette interdiction, c’est une fausseté que de dire et d’écrire aujourd’hui que Bernard Landry s’oppose à la Charte des valeurs québécoises "comme Jacques Parizeau et Lucien Bouchard". Je crois en avoir fait la démonstration irréfutable.

Les journalistes, les hommes et femmes politiques de l’opposition et les adversaires de la Charte sont donc priés fermement de cesser de répéter cette fausseté. Ils sont invités à dire une vérité à savoir que Bernard Landry est en faveur de la loi 60.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
samedi 18 janvier 2014
barberis@videotron.ca

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