LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : vendredi 14 juin 2013 16:46

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NÉCROLOGIE

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Robert
Barberis-Gervais

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L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
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vendredi 14 juin 2013

Le soir du référendum d’octobre 1995
La voie du courage et de la résistance

par Robert Barberis-Gervais

Dans les milieux politiques indépendantistes, on discute du parti de Jean-Martin Aussant, Option nationale et de la possibilité que, lors des prochaines élections, comme le 4 septembre, ce parti divise les votes et contribue à la victoire d’un caquiste ou d’un libéral dans une dizaine de comtés. On connaît la recette des anti-Marois dont le plus visible et acharné sur la Tribune libre de Vigile est l’ex-avocat Pierre Cloutier. Pour régler tous les problèmes, sa recette est de changer la cheffe du PQ et d’abandonner la gouvernante souverainiste. A ce propos une correspondante de la Tribune libre a répliqué et je suis d’accord avec elle : « Votre recette ne fonctionne pas, vos idées ne pognent pas et votre acharnement démobilise ».

Mais, faisant un retour historique sur le référendum de 1995, Pierre Cloutier a écrit :

« La dernière fois qu’on a mis le pays à l’ordre du jour, en 1995, on a failli réussir - n’eut été des fraudes dont on a été victimes + l’argent et le vote ethnique, grâce au courage de Jacques Parizeau qui ne s’est pas accroché au petit pouvoir provincial de merde comme Pauline ».

C’est cette opinion que je veux discuter et contester en indiquant quelle aurait été la voie du courage et de la résistance le soir du 30 octobre 1995.

Affirmer que la décision de Jacques Parizeau de démissionner de son poste de premier ministre du Québec est un acte de courage constitue une erreur historique grave. Au contraire, le courage, ce serait d’être resté à son poste au lieu de laisser toute la place à Lucien Bouchard.

Deuxièmement, considérer que l’Etat du Québec auquel Jacques Parizeau « ne s’est pas accroché » est « un petit pouvoir provincial de merde » constitue aussi une erreur historique grave. Parler « du courage de Jacques Parizeau qui ne s’est pas accroché au petit pouvoir provincial de merde comme Pauline », c’est évidemment, encore une fois, vouloir discréditer Pauline Marois, ça ne nous surprend pas, mais il y a des limites à écrire des absurdités.

L’Etat du Québec est le principal moyen d’action politique que possède la collectivité québécoise. Dire le contraire, c’est déraper.

Parlons maintenant du courage de Jacques Parizeau. Au lieu de donner, avant le soir du référendum, une entrevue à Stéphan Bureau annonçant sa démission si on perdait le référendum, au lieu de faire un discours de sociologue sur les causes de la défaite : l’argent et les votes ethniques, voici ce que Jacques Parizeau aurait pu dire dans son discours du soir du référendum. Là aurait été le véritable courage.

Certains aiment faire de la politique fiction. Moi aussi j’aime ça. Voici donc ce que Jacques Parizeau aurait pu dire. Ce discours tire les conséquences politiques « des fraudes dont on a été victimes » autrement qu’en victime.

Jacques Parizeau parle, le soir du référendum d’octobre 1995, où la différence est de 50,000 votes en faveur du NON.


Jacques Parizeau, le soir du référendum volé, au lieu de faire le discours qu’il a fait, aurait dû dire :

« Mes amis, les résultats du référendum sont tellement serrés que je ne peux pas, ce soir, déclarer que les forces du NON ont gagné. Nous allons réfléchir avant de concéder la victoire. Nos informations sont à l’effet que la loi québécoise des référendums n’a pas été respectée surtout au chapitre de la limite des dépenses permises. Nous n’irons pas jusqu’à dire que ce référendum a été volé mais plusieurs indices penchent dans cette direction. Nous allons dormir là-dessus et nous vous reviendrons. Nous pensons qu’une commission d’enquête sur les irrégularités commises par le camp du NON pourrait nous permettre de contester le résultat. Paraît-il qu’il y a même eu une organisation clandestine nommée Option Canada qui a dépensé un million de dollars pour le NON.

Nous ne sommes pas une république de bananes où on peut faire n’importe quoi. Il y a des lois au Québec que certains vont apprendre à devoir respecter. La démocratie et le fair-play ont des exigences et nous verrons si ces exigences ont été respectées. Si tel n’est pas le cas comme de nombreux indices nous le montrent déjà, nous prendrons les mesures qui s’imposent. Le peuple québécois ne se laissera pas voler son pays. Il se peut même que nous allions en appel devant des instances internationales.

Une chose est certaine : je ne démissionnerai pas de mon poste de premier ministre. L’Etat québécois existe et il peut agir. C’est le plus important instrument d’action politique de la nation québécoise. Nous agirons. Bonne nuit. »"

Cela aurait été LA position vraiment courageuse à prendre qui aurait changé l’histoire du Québec. Ce discours que Jacques Parizeau aurait pu faire le soir du référendum, ça c’est de la politique mais hélas c’est de la politique fiction. Mais inventer un tel scénario peut faire comprendre où était la voie du courage et de la résistance contre tous ceux que Robin Philpot a dénoncés dans son livre remarquable :"Le référendum volé".

Et quant à y être, puisque nous parlons de courage, allons jusqu’au bout de la démarche. Quand on a fait une tentative de putsch contre Pauline Marois, elle a tenu tête en disant : "Les autres chefs du Parti québécois, dans la tempête, ont démissionné. Moi, je ne démissionnerai pas". C’est ça le véritable courage politique. C’est ce que tous les observateurs objectifs de la scène politique ont dit.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
vendredi 14 juin 2013
barberis@videotron.ca

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