LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : jeudi 05 décembre 2013 16:38

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NÉCROLOGIE

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Robert
Barberis-Gervais

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L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
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jeudi 05 décembre 2013

Réunion d’information sur la Charte à Longueuil
Bernard Drainville, pas du tout xénophobe plutôt xénophile

par Robert Barberis-Gervais

Ceci n’est pas un compte-rendu objectif d’une réunion d’information tenue lundi le 2 décembre 2013 à Longueuil sur la Charte de la laïcité en présence de Marie Malavoy et Bernard Drainville et bien présidée par Manuel Dionne, attaché de presse du ministre responsable de la Charte. Je vous renvoie à un article du Devoir : Longueuil - Rencontre tendue entre le ministre Drainville et des citoyens autour de la charte de... www.ledevoir.com et à un long article de Josée Legault sur son blogue du Journal de Montréal: Soirée « charte » à Longueuil | Josée Legault  blogues.journaldemontreal.com/joseelegault/.../soriee-charte-a-longueuil/ Josée Legault - 3 décembre 2013. Lundi soir, à Longueuil, une soirée « charte des valeurs » avec Bernard Drainville résumait à elle seule ce que le Québec vit ...

Je n’ai rien appris de nouveau sur la loi 60 puisque j’étais au courant. Je ne parlerai pas plus que ça de Jaggi Singh et de ses amis, responsables de l’annulation de la présence de Bernard Drainville à l’Université Concordia incapable de s’engager à ce que le débat se fasse dans l’ordre et sans perturbation. En s’y mettant à quatre, ils ont tenté en vain de monopoliser la période des questions et de faire dévier le débat en attaquant la ministre de l’Education à propos des enfants sans papiers. L’activiste Singh a proféré de façon agressive des accusations de racisme et de xénophobie. Selon lui, « la charte est xénophobe et raciste et fait prendre un virage horrible à la société québécoise." Deux interventions préparées d’avance (on est militante alors on se prépare…) se sont terminées de façon théâtrale par un bien senti : « J’ai honte d’être québécoise ». Nous avons gardé notre calme. René Lévesque, le soir du 15 novembre 1976, a dit : « Je suis fier d’être Québécois. » J’ai trouvé ces musulmanes un peu effrontées de détourner ainsi cette citation.

Le clou de la soirée quant à moi a été la présence d’une douzaine de femmes portant le voile, militantes de la liberté de religion, qui ont participé à l’assemblée. Quatre d’entre elles sont allées au micro et ont pu exprimer librement leur opposition à la Charte. Avec leur français impeccable, leurs voiles multicolores et leur pensée articulée, je les ai trouvées fort séduisantes. Elles m’ont fait penser à Fatima Houda-Pépin. Je doute fort que dans leur couple l’homme soit dominant...au contraire.

Ce qui m’a frappé, c’est l’attitude ferme et respectueuse de Bernard Drainville dans sa façon de leur répondre. Il a terminé chaque fois en disant : « J’ai du respect pour vous. Vous êtes des Québécoises à part entière. Nous avons des points de vue différents. Je vous demande à votre tour de respecter le point de vue du gouvernement. »

D’une logique redoutable, il a fait le raisonnement suivant et je cite de mémoire : « Les femmes musulmanes se disent libres de porter le voile. Alors, si elles sont libres de le porter, elles sont libres de l’enlever sur les heures de travail. Et si elles sont obligées de le porter à cause de la pression du groupe et principalement des hommes musulmans, ça va contre l’égalité hommes-femmes et nous devons combattre ce genre d’intégrisme. »

Il a ajouté que si le Québec se donne des règles claires quant aux accommodements et quant à la neutralité de l’Etat qui s’exprime par l’absence de signes religieux très visibles, la société fonctionnera mieux et des employeurs ne mettront pas les cv des maghrébins aux poubelles de peur d’avoir à consentir à toutes sortes de demandes d’accommodements.

Après avoir montré une grande pertinence et ce que ma mère aurait appelé « une patience d’ange » dans sa façon ferme et polie de répondre aux objections à la Charte, objections qui ont pu s’exprimer librement comme cela est normal dans une société démocratique, Bernard Drainville a parlé de l’adoption que sa femme et lui ont faite d’un jeune Coréen qui s’est ajouté à ses deux autres enfants « biologiques ». Cet enfant coréen est maintenant un Québécois a-t-il dit ému.

De cette adoption et de sa manière très respectueuse de répondre aux questions des quatre femmes voilées, j’en conclus qu’au fond Bernard Drainville n'est pas du tout xénophobe et qu'il est plutôt xénophile. Pour en arriver à cette conclusion, cela valait le déplacement.

Et cela explique le peu de travail des trois policiers athlétiques qui montaient la garde en arrière et qui m’ont répondu quand je leur ai dit que le dénommé Singh voulait passer à la télévision de Radio-Canada qui enregistrait fébrilement ses interventions : « On le sait, on le connaît. » L’assistance majoritairement favorable à la Charte a montré une discipline digne de Michel Therrien pour ne pas faire le jeu des agitateurs.

Meilleure chance la prochaine fois messieurs les grands partisans du multiculturalisme et de la Charte trudeauesque des libertés à sens unique. Au fond, vous n’êtes pas si mauvais garçons. Car si vous aviez vraiment voulu perturber cette assemblée pacifique d’information, vous auriez essayé de poser vos questions en anglais. Je dis bien « essayé » car vous ne seriez pas allé loin dans votre tactique. J’en profite pour vous féliciter de votre bon français. En vous exprimant dans la langue de Gilles Vigneault, vous avez montré votre respect pour la culture québécoise. Vous aussi, malgré votre évidente préférence pour le Canada et le free for all de la Charte canadienne quant à la liberté individuelle de religion, vous commencez à être Québécois. A la fin de la réunion, mon beau-frère Marcel Soucy, ex-professeur de philosophie au collège Maisonneuse, pour souligner le  prosélytisme des enseignantes portant le voile, est allé saluer Saggi Singh en lui disant: "le medium est le message" et Singh a réagi: "Marshall McLuhan." C'est un début de dialogue.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
jeudi 05 décembre 2013
barberis@videotron.ca

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