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dimanche 21 octobre 2012

Vous avez dit : improvisation ?

par Robert Barberis-Gervais

Il y a mille et une raisons de critiquer le gouvernement du Parti québécois moins d’un mois auprès la formation du conseil des ministres. Mais se pourrait-il qu'on soit devant un bon gouvernement. Alors comment expliquer que les médias soient si négatifs.

Par exemple, vous avez les maires de Bécancour et de Trois-Rivières qui sont des libéraux, qui souhaitent la défaite du Parti québécois aux prochaines élections (le maire de Trois-Rivières l’a dit carrément) et qui disent tout le mal qu’ils peuvent contre la décision de fermer la centrale nucléaire Gentilly. Ils ne feront heureusement pas partie du comité de diversification de l’économie de la région de la Mauricie formé par la ministre Elaine Zakaïb qui aura 200 millions à bien utiliser.

Vous avez les journalistes qui ne veulent surtout pas paraître complaisants envers le nouveau gouvernement. Le cliché qu’on a le plus souvent entendu est de dire que les 30 premiers jours de l’exercice du pouvoir portent la marque de l’improvisation. L’accusation d’improvisation est faite pour nuire au gouvernement du Parti québécois et pour laisser entendre que ses ministres sont des incompétents. On en a eu un un bel exemple aux Coulisses du pouvoir où pendant quinze minutes trois journalistes n’ont rien eu à dire de positif sur les premières semaines du gouvernement péquiste : Chantal Hébert surtout s’est illustrée en faisant des raccourcis qui déformaient les propos de la ministre de l’éducation pour mieux les pourfendre. Pas surprenant que selon le dernier sondage Léger Marketing, 56% de la population se dise insatisfaite du gouvernement Marois. Il y a quand même 61% de la population qui est d’accord avec la fermeture de Gentilly.

Une remarque préliminaire s’impose dont il faut peser toutes les conséquences. Tous les engagements que le Parti québécois a pris pendant la campagne électorale supposaient l’élection d’un gouvernement majoritaire. Or comme on est devant un gouvernement minoritaire, c’est faire preuve de mauvaise foi que d’exiger que toutes les promesses soient intégralement respectées.

C’est ce que les journalistes (et l’opposition par la bouche de Raymond Bachand) ont fait en disant que la grande promesse d’éliminer la taxe santé n’a pas été tenue. Dans ce cas, au lieu de parler d’improvisation, il faudrait parler d’ajustements imposés au gouvernement par sa situation de minoritaire et par l’utilisation démagogique de la notion de rétroactivité. Le ministre des finances Nicolas Marceau a été obligé de s’ajuster à la situation non prévue de gouvernement minoritaire. J’ai bien aimé sa stratégie de communication toute en souplesse et en disponibilité sans arrogance. Il a eu l’attitude d’un bon professeur qui répond à toutes les questions avec un talent pédagogique certain. Et sa proposition est perfectible et pourrait être améliorée quand on en connaîtra les détails sur les seuils de revenus pour l’exemption de la taxe santé après les avoir comparés à ceux de 2012.

A propos des interventions de Marie Malavoy, une avocate du nom de Mélanie Dugré a parlé d’improvisation 101. Elle s’oppose à ce que des discussions sur la souveraineté bouffent du temps consacré à l’enseignement de l’anglais. C’est pas très honnête d’opposer ainsi les réflexions sur la question nationale qui s’imposent dans un cours d’histoire au secondaire à l’apprentissage de l’anglais qui ne doit pas se faire au détriment de la langue maternelle ou de la réussite globale des études au niveau primaire. On ne peut pas opposer comme ça un programme d’enseignement de l’histoire au secondaire à un programme d’enseignement de l’anglais au primaire. Qu’une ministre de l’éducation soit taxée d’improvisation quand elle exprime des positions sur l’enseignement de l’histoire, l’apprentissage de l’anglais et l’élitisme de l’enseignement privé qui sont écrites noir sur blanc dans le programme du Parti québécois adopté en congrès depuis 2009, cela relève de l’ignorance ou de la mauvaise foi. A moins que ce ne soit purement et simplement une façon d’exprimer son désaccord.

Peut-on qualifier d’improvisations les positions défendues par Bernard Drainville sur le financement des Partis politiques dans le contexte hautement favorable créé par les révélations de Lino Zambito devant la Commission Charbonneau ! Peut-on qualifier d’improvisation le projet d’assurance autonomie pour les aînés proposé par le ministre de la santé le Dr Réjean Hébert et expliqué clairement pendant l’émission Larocque-Lapierre ! Après l’annonce des décisions courageuses sur le gaz de schiste, l’amiante et l’énergie nucléaire, peut-on qualifier d’improvisation les efforts de la ministre Elaine Zakaïb pour diversifier les économies des régions touchées ! Après la décision annoncée d’abolir la hausse libérale des frais de scolarité de 82%, est-ce que toutes les démarches de Pierre Duchesne pour organiser le sommet de l’éducation et renouer le dialogue avec les étudiants en remplaçant le mépris libéral par le respect, est-ce que toutes ces démarches relèvent de l’improvisation ?

Contrairement à l’impression que veulent faire passer les médias que le nouveau gouvernement du Parti québécois ne sait pas gouverner et surtout ne sait pas communiquer, je crois au contraire que nous sommes devant des ministres au fort calibre qui sont en train de nous faire oublier le mépris et la corruption libérales.

Je suis en désaccord avec les gérants d’estrade qui prétendent que sur la taxe santé comme sur les autres dossiers, la stratégie de communication a été mauvaise.

Le débat sur la taxe santé et sur les modalités d’application de la proposition Marceau est loin d’être clos. Les questions de fond de justice sociale et d’équité fiscale soulevées par la taxe santé auront permis d’une part de comprendre les limites d’un gouvernement minoritaire mais surtout de voir le vrai visage du Parti libéral et de la Coalition Avenir Québec et quels intérêts ils servent.

Cela pourrait ouvrir les yeux de certains électeurs en vue des prochaines élections générales.

Robert Barberis-Gervais, vieux-Longueuil, 18 octobre 2012

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