mercredi 02 novembre 2011
Pourquoi
Pauline Marois "ne passe pas"
Machisme et envie
Par Robert
Barberis-Gervais
Dimanche dernier au brunch
organisé par Sylvain Simard, le
député de Richelieu, Pauline
Marois et Gilles Duceppe ont
pris la parole. A voir le
plaisir des Sorelois à les
écouter ensemble et tenir des
propos complémentaires, on se
met à rêver d’un tandem comme
certains le souhaitent.
Je vous le demande, pourquoi
l’ancien chef du Bloc québécois
et la chef actuelle du Parti
québécois ne pourraient-ils pas
travailler ensemble. Pourquoi
l’action de Gilles Duceppe
exige-t-elle absolument la
démission de Pauline Marois
comme chef du Parti québécois ?
Est-ce que Gilles Duceppe doit
obligatoirement être le chef
pour travailler efficacement à
l’avènement de l’indépendance ?
Je sais que c’est une question
en apparence naïve mais je la
pose quand même.
Toutefois, mon propos principal
n’est pas là. Il y avait pas mal
de journalistes à Sorel. Une
journaliste a demandé à un vieux
sage de Sorel pourquoi on dit
que Pauline Marois "ne passe
pas".
A Sorel, il y a l’inimitable
Normand L’Amour et son grandiose
poème "la poignée de porte".
Normand est fort bavard.
Mais le Sorelois typique,
surtout âgé, est de peu de mots
mais quand il parle, c’est
pesant. Cela s’applique à
Jean Cournoyer quand il parle de
la construction. La
réponse du vénérable sorelois
tient en deux mots : machisme et
envie.
Ces deux mots, je les ai
longuement soupesés. Ainsi donc
Pauline Marois ne passerait pas
aux yeux de la majorité de la
population parce qu’elle est une
femme et parce qu’elle est
millionnaire (comme Legault mais
lui, c’est un homme).
C’est le vieux sage de Sorel, un
homme qui a vécu et réfléchi,
qui le dit.
Interrogé sur Pauline Marois,
lors du lancement de son dernier
CD, Gilles Vigneault s’est posé
la question : est-ce que les
Québécois mâles sont prêts à
accepter une femme comme
première ministre ? A 81 ans, on
peut bien qualifier Gilles
Vigneault de vieux sage sans
risquer de l’offenser surtout
après le magnifique hommage que
lui a rendu Fred Pellerin au
gala de l’ADISQ.
Après le machisme qui est
l’idéologie de la suprématie du
mâle (on parle de phallocratie
ou de comportement macho), la
deuxième raison de la difficulté
de Pauline Marois à "passer",
c’est qu’elle est riche.
Sa maison à l’île Bizard vaut 7
millions et elle vient de
s’acheter pour un demi million,
une maison à St-Irénée, la villa
du Cap Blanc dans Charlevoix.
Sur le canal Historia, il y a
une série sur les sept péchés
capitaux. J’ai écouté
l’émission sur l’envie.
L’envie est un sentiment de
tristesse, d’irritation et même
de haine qui nous anime contre
qui possède un bien que nous
n’avons pas. L’émission
sur l’envie disait que les
Québécois avaient tendance à
être envieux. Impossible de ne
pas penser à Pauline Marois.
Le machisme de la société
occidentale qui perdure après 50
ans de féminisme et le sentiment
d’envie encouragé par tous ces
reportages en apparence
innocents sur la prospérité de
Pauline Marois et de son mari
Claude Blanchet sont une
explication "plausible" de cette
hypothèse confirmée par les
sondages (plus ou moins bidons)
que Pauline Marois "ne passe
pas" même si elle a fait élire
53 députés aux dernières
élections.
Ai-je besoin de dire que le
machisme et l’envie ne font pas
honneur à une société qui se dit
civilisée.
Robert Barberis-Gervais,
Longueuil, 1er novembre 2011
|