jeudi 10 février 2011
Au-delà de la
peur, un avenir à construire !
Par Corina
Bastiani
Dans
l’administration publique, la
planification est essentielle
car les conseils municipaux ont
souvent à agir à l’intérieur
d’une mince marge de manœuvre.
Une réflexion et une gestion
cohérentes sont donc
primordiales pour continuer à
forger une ville en santé et
offrir aux citoyens un lieu où
il fait bon vivre. Les achats,
investissements et orientations
se doivent d’être réfléchis et
justifiés toujours dans une
optique de bien commun.
C’est par le plan triennal
d’immobilisation que les élus
doivent assurer cette
planification nécessaire dans
les infrastructures, soient les
égouts, les aqueducs, la voirie,
les trottoirs, pour lesquelles
on se doit de maintenir un
investissement efficient pour
recevoir notre retour de taxe
d’accise du gouvernement
provincial pour ainsi rattraper
le retard d’entretien. Retard
que l’on retrouve d’ailleurs
dans la majorité des
municipalités québécoises.
Ensuite, il faut aussi songer à
la mise à niveau des bâtiments
municipaux et à l’implantation
de projets mobilisateurs. Le
plan triennal d’immobilisation
fait souvent peur, car il a en
grande partie un impact direct
sur l’endettement municipal.
La dette est devenue un
instrument de terrorisme
économique et intellectuel.
Souvent les candidats à un poste
électif s’engagent à nous
libérer de la dette publique
dans les plus brefs délais. Les
critiques du
tout-au-remboursement font mine
d’ignorer le contexte des
chiffres. Le remboursement
rapide de la dette municipale
est une méthode progressiste? Le
discours sur la dette promet
souvent le bonheur en s’appuyant
sur quelques chiffres lancés
dans le vide. La dette publique
n’est qu’un élément du budget,
souvent seul montré du doigt par
des politicailleurs en mal de
fausses questions. Dans le
domaine public, ce ne sont pas
seulement une dette qu’on lègue,
mais aussi des actifs
importants. Ainsi, il importe de
résister aux pressions
idéologiques et de considérer la
dette pour ce qu’elle est et de
ne pas se laisser impressionner
par les arguments fallacieux.
Le terrorisme intellectuel se
traduit ainsi par des
déclarations qui ne représentent
pas la réalité et qui n’ont
d’autres but que d’effrayer la
population. Il est nécessaire de
comparer à quoi l’argent ainsi
emprunté a bien pu servir, et
ce, à travers une lecture de la
dette avec une analyse sérieuse
des actifs qui l’accompagnent.
Dans la logique de notre système
fiscal public, lorsque les
actifs sont construits ou
rénovés pour plus d’une
génération, il est normal que la
dette qui en découle soit elle
aussi étalée sur plus d’une
génération. On ne peut donc pas
séparer la dette des actifs
qu’elle a servi à construire.
Le monde municipal est en
évolution particulièrement
depuis les années1980 où une
démarche de décentralisation a
été adoptée par le gouvernement
provincial. En 2004, la loi 62
sur les compétences municipales
a reformulé en termes plus
généraux des pouvoirs
administratifs et réglementaires
attribués aux municipalités,
afin d’accentuer leur marge de
manoeuvre dans des domaines
élargis. Avec les nouvelles lois
sur l’octroi et la gestion des
contrats et la loi sur l’éthique
et la déontologie, les façons de
faire se modernisent. De plus,
le gouvernement s’apprête à
modifier la loi sur
l’aménagement et l’urbanisme.
Par mes implications nationales
au sein de l’union des
municipalités du Québec, je
participe beaucoup aux travaux
sur ces différents sujets. Le
mandat des municipalités ne
cesse de s’élargir, l’intérêt de
la population doit être ravivé
envers les fonctions et les
dossiers municipaux. Nous sommes
à l’heure de faire autrement, de
trouver des solutions
novatrices, de transmettre le
goût aigu de l’implication
constructive.
Au moment où les municipalités
doivent assumer leurs
responsabilités et leur part de
leadership dans la société, le
citoyen doit faire de la
politique : s’intéresser,
construire, non pas adopter une
attitude de nonisme et être
politicailleur mais plutôt
s’investir, innover,
s’intéresser. Car lorsqu’on sort
de chez soi le matin, qu’on
regarde dehors, lorsqu’on
arpente les rues, les quartiers
ce qu’on voit c’est le municipal
qui peut l’améliorer. Quel sera
notre Sorel-Tracy de 2020?
La période de question des
assemblées publiques est loin
d’être le seul lieu
d’implication car c’est en fait
un lieu pour poser des questions
ponctuelles. Le débat doit être
rehaussé car les défis sont
grands pour les municipalités
d’aujourd’hui.
Corina Bastiani, conseillère
municipale ville de Sorel-Tracy,
7 février 2011
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