jeudi 25 septembre 2008 

Au secours, nos arbres disparaissent !

Combien d’arbres vont disparaître ? 20% ... un arbre sur cinq, peut être plus. Avec une durée de vie moyenne de cent ans, la disparition devrait être de 1%, un arbre sur cent.

Le frêne est attaqué par l’agrile. À lui seul, il représente 20% des érablières. Le noyer cendré a été déclaré espèce en voie de disparition en 2003. Il est attaqué par un chancre au nom imprononçable Sirococcus clavigignenti-juglandacearum.

Vous avez tous remarqué les branches sèches en haut des ormes, des peupliers d’Italie, des bouleaux, des saules ou des sorbiers déjà sévèrement atteints par d’autres maladies ou privés brusquement de sol, d’air ou d’eau par les constructions.

Vont-ils disparaître dans cinq ans ou dans cinquante ans ? La réponse dépend de nous tous car la propagation des maladies et l’affaiblissement des plantes sont principalement dus aux mauvaises pratiques humaines. On peut raisonnablement être inquiet car il n’y a pas d’image claire d’un paysage Montérégien dont la forêt serait une composante essentielle. L’absence de la forêt dans cette vision d’ensemble sur notre territoire est simple à vérifier. À part quelques spécialistes, on ne reconnaît plus les arbres et on ne sait plus comment agir avec eux.

Il ne faut pas transporter le bois de chauffage sans prendre des précautions pour ne pas transporter les maladies. Mais, le faites vous ? Avez-vous demandé à votre livreur quelles précautions il prend ? Comment faites-vous pour votre chalet ? Certificat d’origine du bois et de respect d’une norme de production, triage, écorçage, désinfection, enfouissement, déchiquetage, brûlage.

Quoi faire et comment ? Un article dans un journal ne peut pas vous montrer les bons gestes, il faut les voir et les faire. Il faut réapprendre le quotidien pour faire un beau paysage avec des arbres.  Il ne faut pas élaguer les arbres et disposer du bois sans prendre d’extrêmes précautions. L’agrile du Frêne peut finir de se développer dans le bois coupé. Les champignons peuvent passer d’un arbre à l’autre par les outils. Le chancre du noyer cendré peut vivre deux ans dans le bois coupé. Protection contre les blessures, désinfection, broyage, enfouissement, compostage sont de mise.

Nous devons changer le paysage de façon volontaire, profonde et peu visible en changeant la place et la façon de ranger notre bois de chauffage. Le bois cordé entre la maison et le hangar n’est plus une bonne façon de le faire sécher pour l’hiver. La bonne façon de faire du passé ne permettra pas de garder nos forêts en bonne santé pour l’avenir. Il va falloir se familiariser avec de nouvelles façons de faire.  Les maladies ne sont pas les seuls facteurs de disparition des arbres.  Les forêts qui sont zonées “blanc” dans les plans d’urbanisme vont disparaître sous les constructions. Les érables argentés et les saules sont bannis par les règlements municipaux. Avez-vous remarqué que les règlements actuels exigent de planter des arbres mais n’exigent pas le minimum de sol pour qu’ils survivent ?

Vous pouvez agir en regardant le paysage. Vous devez voir et faire savoir la place des arbres dans le paysage de la Montérégie. Pas une place isolée du reste, qui le condamne à une mort prématurée. Une place importante, avec des arbres sous toutes ses formes, jeunes et vieux ; arbres en vedette, en alignement, en bosquet, en forêt ; arbre utiles en bois d’oeuvre, bois de chauffage, matière première ou matière technologique; arbres en relations avec les autres éléments du paysage, les montagnes, les rivières, l’agriculture, l’industrie, le commerce, les maisons, les routes, les fils électriques et votre poêle à bois.

Vous devez agir en préservant les arbres existants. Ne blessez pas les branches, le tronc et les racines. Ne propagez pas les maladies qui risquent de les tuer.

Vous pouvez agir en favorisant l’avenir. Plantez des arbres pour compenser les pertes prévisibles et pour augmenter la biodiversité.  Préparez le sol pour qu’ils vivent longtemps et soient moins sensibles aux maladies.

Agissez maintenant c’est indispensable, mais nous devons faire plus encore pour préserver l’avenir. Nos plantations devront donner des arbres intéressants pour les générations futures.  Pas juste un intérêt, mais de multiples intérêts esthétiques, économiques et environnementaux.  C’est simple et facile. Il faut juste prendre le temps d’ouvrir les yeux pour faire attention à ce que l’on fait. Ça commence par notre bois de chauffage.

Bruno Gadrat, architecte paysagiste
Vice-président du Conseil régional de l’environnement de la Montérégie

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