mardi 27 mai 2008

À un cheveu de la Coupe? 

À l’heure où Penguins et Red Wings font les frais de la grande finale hockeyesque, permettez-moi d’effectuer un bref retour sur la trop brève présence du CH dans les présentes séries éliminatoires. J’ai préféré attendre que les plaies de nos Glorieux – et celles qu’ont aux coeur les vrais « zamateurs » – aient commencé à se refermer, que les barbes aient disparu des fiers mentons rabaissés par les Flyers, que les tifs des tondus aient repoussé un brin une fois les casques remisés pour l’été. Pourquoi? Parce que la théorie que je m’apprête à vous livrer concernant la défaite prématurée du Canadien ne peut être bien reçue qu’à froid! J’me suis dit, comme ça, que la Zamboni du temps finirait par aplanir la plupart des bosses… 

Maintenant que tout le monde s’est un peu calmé le pompon tricolore, j’ose foncer. Cela pourra vous sembler prétentieux, mais je crois connaître une des principales raisons susceptibles d’expliquer l’absence, en cette fin mai-début juin, du Bleu-Blanc-Rouge sur nos écrans, soudain devenus encore plus plats, du moins sur le plan du contenu sportif. 

Lâchez-moi avec ces cravates hideuses qui, comme par désenchantement, cessent au plus mauvais moment d’être chanceuses, ou encore avec ces histoires de fantômes du vieux Forum qui auraient oublié de déménager au Centre Bell en même temps que le reste de l’équipe. L’explication des récents déboires de la Sainte-Flanelle est bien plus triviale, moins ésotérique en tout cas, ce qui, hélas! ne la rend pas plus facile à avaler, encore moins à digérer, au contraire! 

Cette mienne hypothèse paraîtra un peu « échevelée » à certains; il y en a même d’autres qui ne manqueront pas de la décréter carrément « tirée par les cheveux ». Pourtant, j’ai le sentiment très net de m’apprêter à énoncer tout haut une idée pas si saugrenue qui, j’en suis sûr, a déjà traversé l’esprit de plus d’un « psychologue à cinq cennes ». En effet, quand la sirène a retenti pour la dernière fois, nous devions bien être au moins quelques-uns de mon espèce – y compris sur le banc des joueurs! – à être « de mauvais poil », et avec raison, à l’idée qu’il eût peut-être suffi de quelques coupes de plus pour que ça « goûte » enfin la Coupe! 

Des propriétés « liantes » à ne pas négliger 

Après le classique et surutilisé « Un pour tous, tous pour un », emprunté aux Trois Mousquetaires, et en lieu et place du cucul et presque ringard « Nos bras meurtris vous tendent le flambeau, à vous toujours de le porter bien haut », il fallait une autre devise à nos joueurs, plus simple celle-là, quelque chose de neuf, de rafraîchissant et de tout aussi rassembleur, genre « Une coupe pour chacun, la Coupe pour tous ».  

« Pour vous cimenter un esprit d’équipe, rien de mieux que des cheveux “sacrifiés” sur l’autel de la performance à tout prix! » J’imagine que c’est à peu près ce qu’a dû se dire l’initiateur du rase-o-thon dans le vestiaire du Canadien. Pas fou, surtout quand on sait l’importance du poil de vache dans le mortier, celui-là empêchant celui-ci de se fissurer; c’est d’ailleurs là un sujet sur lequel ont longuement disserté de très sérieux spécialistes – car, il faut le préciser, le mortier « bovinement armé », c’est tout à fait AUTHENTIQUE! Poussons l’analogie si vous le voulez bien, et pensons au formidable pouvoir liant qu’eut un seul Ti-Poil dans la sauce bouillonnante qui, hier à peine, débordait de la grande marmite québécoise. Qu’ajouter d’autre?! 

On le sait, on le répète, il n’y a rien de plus fragile que la « chimie » d’une équipe de hockey, tant sont volatils les ingrédients qui lui confèrent son piquant, son énergie, sa force, sa chance même. Le moindre élément – discordant, mal dosé ou manquant – peut devenir perturbateur, risquer de tout faire foirer en contribuant directement à faire d’un tout indivisible un vulgaire agrégat d’individualités disparates. 

Personnellement, j’ai commencé à douter sérieusement des chances de nos Glorieux de se rendre jusqu’au bout de leur quête du « Saint Graal étagé » (la Coupe Stanley) quand j’ai appris que certains d’entre eux avaient refusé net qu’on les amputât de leurs attributs capillaires. Aucun figaro, professionnel ou improvisé, ne leur jouerait dans les cheveux, point à la ligne bleue! 

Or, se défiler devant un rituel auquel se plient, de bonne ou de mauvaise grâce, la majorité des membres d’un groupe auquel on appartient, si enfantin ou ridicule que puisse paraître ledit rituel, c’est affirmer qu’on n’est pas vraiment prêt à « tout », sans conditions, pour le bien, voire la gloire de l’ensemble. Dans quelle mesure les « abstentionnistes », c’est-à-dire les ceusses qui n’ont point voulu « passer sous la tondeuse », ont-ils nui au dynamisme, au moral et au sacro-saint esprit de corps? Nul ne saurait le dire avec précision, mais il reste que l’armure s’en est trouvée affaiblie aux entournures… et ç’a fini par paraître dans les coins de patinoire. 

Le talent individuel le plus étincelant sera toujours transcendé par une solide communion d’idées, celles-ci fussent-elles un tantinet tordues… comme celle de se raser le « coco » à l’unisson! « Boule à zéro, ou presque! » : hélas! ce mot d’ordre n’a pas été observé par quelques Samson réfractaires, convaincus qu’ils étaient que leur force ou leur charme résident dans cette toison qui leur sort du casque. Eh bien! on a vu le résultat de cette malheureuse dissidence…

Jean-Paul Lanouette

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