dimanche 16 septembre 2007

Conte marin


Les matelots :
Trois gros gars qui marchent
D’un pas ferme et lourd ils s’écoutent réfléchir
Le soleil semble couché, mais la lune n’est plus
Peut-être que la terre se transforme?

Le premier dépressif et nostalgique
Pense à sa femme qui quitte le nid
Pour se fendre le cœur ailleurs

Le deuxième est trop espiègle
Il préfère chanter les hivers
En fumant son cigare bien mouillé

Le dernier, il ressemble un peu trop au premier
Comme s’ils étaient frères de sang ou de couleur
Un heureux mélange de mélancoliques aventures

Les trois au même pied, même escale
Ils scrutent le ciel en récitant des verres
Faisait longtemps qu’ils étaient pareils
Peut-être que la vie nous transforment?

C’est le changement les gars, on n’y peut rien!
Ou bien tu y vis sans mourir
Sans que les rides ne rendent tes pensées bornées
Ou tu prends le large
En constatant ton impuissance

Les trois au même pied, même escale
Ils s’installent devant leurs rêves et ambitions
Quelle fortune nous avons en mains!

Le premier se penche, n’y croyant pas
En murmurant ses vieux échecs
Comment pourrait-il s’y prendre?

Le deuxième se gonfle le coffre
En visant les deux autres, d’une mémoire courte
Comment pourrait-il faire autrement?

Le troisième, mélangé des deux duels
Se met à rire, sans s’arrêter
Comment pourrait-il s’y prendre et faire autrement?

Cette histoire est bien drôle
Si le sarcasme est révélateur
Les bruines se fondent au décor
Mais le sol reste bien souillé

Après l’adaptation
Viennent les vents des glaces
Un avenir incertain, des attraits soudains
Le consensus est dicté, ils se retournent ensemble

Trois gros gars, bien égarés
Se glissent conjointement vers cette épopée
Faisons encore une tournée
Peut-être n’avons nous pas tous vus?

Ils débarquent du paquebot
Cigarette, cigare et plume à la main
L’un écrit et les autres fument
Nous vivrons malgré tout chers amis

La force du nombre est en notre faveur
Ils sont trois, le bateau seul
Le bateau :
Je vogue dans les foules immenses en laissant glisser le souffle des gens
Mon nom est catamaran
Mon mât est paysan avec une âme noble, mais ma coque demeure fissurée par sa route tumultueuse.

Vous savez?
La mer que j’ai traversée est houleuse
Je croyais demeurer au creux des flots lorsque j’ai aperçu, d’un œil imbibé, le dernier rayon de soleil
Depuis ce temps, le fond de l’océan est ma source de refuges quand mes rames sont plus lourdes.

Mon navire a plusieurs matelots, plusieurs vies.
Mais ces derniers ont perdus leurs femmes et l’existence demeure la corvée quotidienne pour un capitaine indigne

Quel sort est jeté sur mon bateau?
Je voudrais bien changer de cap, être plus gros, défoncer des sots, mais je demeure submergé par la véritable réalité
Mon corps est au fond

Il y a déjà longtemps que mes seuls amis sont les poissons tricolores qui font acte de présences.

Voyez-vous?
Je ne suis pas seul au sein de la mer morte. Plusieurs embarcations sont dérivées et enfouies dans ma demeure
Ces nuits, aux falaises des décombres, il s’y forme un silence agressant qui nous coupent le souffle, salissant notre honneur
Plus d’âme, plus de dignité, me voilà effacé!

N’avez-vous pas entendu un chant mélancolique la nuit dernière?
C’était le voisin qui voyait sa monture défiler sur le niveau de l’eau

Quelle découverte!
Je me disais à l’oreille
Lui sans vie et moi sans âme. Si l’on uni nos carcasses, nous pourrions former un contour humain. Après tout, le temps passe tellement vite que les effondrés s’ancrent aux sommets de la nostalgie.

Voilà où j’en suis, moi, catamaran 3, troisième navires de guerre américains servant à la victoire éphémère
Ayant tué des hommes, femmes et enfants au nom du pays, au nom de la notoriété
L’homme voulait me pousser à la gloire et la vie m’a désigné ce sort.
Vivre éternellement, en attendant que mon créateur détruise sa propre planète!
 


      le.passant@hotmail.com

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