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jeudi 06 juillet 2006

P'tit conte d'été

« Mêdonal », jusques dans ma salade! 

Salut, les mecs et les mecques[1], ou – pour faire plus court – salut, les Mc (à prononcer comme le « Mc » de McDonald's)!  

Surtout, ne regardez pas dehors! Il fait encore un superbe temps de cul, oups! restons poli… tiquement correct, disons plutôt un temps d'arrière-train – ça vous va? Ouais, « il mouille comme ruminant urinant[2] », et ça me file l'irrépressible envie de vous raconter ce que les perronistes, ces émules involontaires de Jean Perron, grand déformateur de mots devant l'Éphémère, ne manqueraient pas d'appeler une « Annette doc » (ben oui! une anecdote!). Voici donc une p'tite histoire destinée à te me vous changer les idées un brin… en attendant que Galarneau consente enfin à se pointer un bout de rayon dans notre triste paysage extérieur confiné aux tons de gris! 

Reportons-nous 26 ans en arrière, soit à l'été 1980. Ma femme et moi, accompagnés de notre fille de deux ans et demi dont vous n'avez pas à connaître le prénom[3], venons d'entrer dans un restaurant ¾ d'étoile… maximum!  

Que je vous situe un peu mieux dans l'espace : nous sommes à Hampton-les-Bains, dans le New Hampshire. Après queq'z'heures d'« étending » sur la plage, entrecoupées d'une couple d'émasculantes saucettes dans une eau atlantique qu'il convient de qualifier de « glace liquide » tant elle est superfrette, c'est le musardage obligé dans les nombreuses boutiques « Bébelles & Guenilles » bordant le boardwalk sur toute sa longueur. Inutile de préciser que, en cette fin d'après-midi, le souk version américaine est littéralement envahi par une « décibellisante » marée humaine au teint de homard. Gorgés de soleil et saoulés d'air iodé, nous zigzaguons entre les autres carcasses humaines semi-calcinées, tels des zombies…  

Notre héritière, bien sanglée dans sa poussette lilliputienne, commence à geindre d'impatience et à manifester sa faim en débitant ad nauseam sa litanie favorite : « Mêdonal, mêdonal… », façon pour la fan numéro un de Grosse Douceur et du clown Ronald de nous faire savoir qu'elle est plus que mûre pour un miniburger et une frite de chez McDoune! Diantre! se pourrait-il qu'un établissement mcdonaldien se fût inscrit à notre insu dans le champ de vision de la coquine sur roues?  

Heureusement, du point de vue en rase-mottes qui est le sien, il y a fort peu de risques qu'autre chose que des jambes de promeneurs se soit profilé à son horizon bouché par… d'autres jambes de promeneurs. Toutefois, ma femme et moi sommes désormais aux aguets, n'ayant point envie de devoir nous taper du fast food en ce premier jour de vacances au bord du Grand Vert (l'océan, c't'affaire!). En effet, « nous », c'est-à-dire ma femme et… ma femme, avons décidé de nous « payer la traite » pour de vrai, envers et malgré la fixation culinaire de notre fille qui, il convient de le préciser, se trouve à faire son tout premier grand (?) voyage « à l'étranger ». Ça mérite tout de même mieux que du McDo, me semb'! 

 Donc, nous « checkons la gaffe », ce qui nous permet de vite remarquer, droit devant, une piailleuse bande de goélands quémandeurs. Or, qui dit goélands au pluriel… En effet, point n'est besoin de jouer les augures – c'est-à-dire d'ouvrir un de ces volatiles, histoire d'interpréter le contenu de ses entrailles – pour « diviner » qu'il y a de la McBouffe là-dedans! Jetant un coup d'oeil au-dessus des têtes, j'aperçois, à l'extrémité nord de la promenade, un gros M jaune, que dis-je? « ze » M… Vous savez, « M » comme mouette et comme… McDonald's!!! 

 Il nous faut réagir, vite! J'ai beau « presque » m'appeler Lamouette et, d'après certains, être un drôle de moineau, pas question pour moi de faire le pied de grue avec des goélands!  

Tandis que ma fille continue de psalmodier ses « Mêdonal » implorants, nous prenons la première à gauche avant qu'il ne soit trop tard; si mon trésor sonore ne fait qu'entrapercevoir la façade dudit – pour ne pas dire du maudit – établissement, nous sommes cuits!

Allah est grand (lire : le bon Dieu est ben blood) : nous n'avons pas fait dix mètres que nous tombons sur un restaurant qui, ma foi, a l'air potable, son plus grand mérite étant toutefois de n'être point encore envahi par une plèbe affamée. Y'a d'la place? Vendu! Nous entrons, puis commandons. D'abord une salade. 

Or, v'là-ti-pas que, avisant ma salade, ma fille remet ça de plus belle : « Mêdonal… Mêdonal… ». Je vais pour m'impatienter, admonester vertement le perroquet qui me tient lieu de descendance… quand « ça » me saute en pleine face, me laissant tout pantois… comme ces chasseurs de trésor déboussolés, dans le film « Un Monde fou, fou, fou » (États-Unis, 1963), la mâchoire full décrochée devant l'apparition du grand « W » formé par l'entrecroisement de quatre palmiers. Tiens donc! c'est également un W, mais à l'envers, celui-là, qui a fait réagir ma fille au quart de tour (allez savoir pourquoi, j'ai failli écrire au « quart de livre ») et vient de me filer cet air parfaitement ahuri qui n'est pas sans inquiéter ma femme : « Mais qu'est-ce qu'il y a dans ta salade?!» demande-t-elle. « McDonald's!» que je lui réponds… Il se trouve que la tranche de piment dans ma salade a la forme parfaite du M de McDonald's, en vert!!! Et ça, la p'tite l'a vu tout de suite! 

Qu'y aurait-il à ajouter? C'est… McHiavélique, non?

Comme l'impression que, demain matin, nous n'y couperons pas : p'tit-déj chez… « Mêdonal »! Merde alors, je dirai même plus, McMerde alors!!!

[1] Mecques? Les nanas qui se veulent plus égales que les mecs apprécieront le terme… j'espère.

[2] « Il pleut comme vache qui pisse », brament plutôt nos cousins français à la fibre bucolique!

[3] Julie, car c'est d'elle qu'il s'agit, ne me pardonnerait d'ailleurs pas de vous livrer ce détail!

  

Jean-Paul Lanouette

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