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mardi 26 juillet 2005

Prévoyant ou esclave de ses sens?

Je vous le demande d'entrée : traîner sa bouteille d'eau partout, dans le métro, dans les salles de cours, au cinéma, en entrevue, à la piscine même (pour un entraînement léger de vingt minutes à peine!), s'y accrocher comme à une bouée salvatrice, tel le nourrisson soudé nuit et jour à son biberon ou à sa « suce », c'est-y encore in, je veux dire toujours aussi « vachement tendance »?

 Faut le croire! En effet, il n'est que de constater le nombre incroyable de « desséchés » en puissance qui, même hors canicule, voire douze mois par année, n'osent se déplacer d'un poil sans avoir à portée de la main leur sacro-saint contenant de H2O.

C'est à se demander si le Sahara ne serait pas à nos portes; après le virus du Nil, voici la désertification!?! La nouvelle règle : boire pour le cas où l'on aurait soif dans deux minutes.

        Malheureux, ne réalisez-vous point que de devancer l'apparition d'un besoin, c'est s'empêcher de ressentir à plein la satisfaction dudit besoin? Je m'explique : boire avant d'avoir vraiment soif, c'est s'interdire le plaisir d'une bonne gorgée d'eau fraîche dans un gosier sec. C'est pas du masochisme, oh que non! bien au contraire! C'est l'art de jouir, point à la ligne. C'est aussi le désir de ne pas être esclave de sa carcasse. 

 Si vous voulez savoir, le dieu « corps » commence à me faire suer royalement! Rien'q d'en parler me donne presque soif… Dites, vous me passeriez pas vot' bouteille d'eau? Juste une p'tite gorgée…

Blague à part, pour accéder à la réflexion dans ce qu'elle a de plus élémentaire, il faut savoir s'affranchir de ses besoins primaires l'espace d'un instant, transcender les inclinations et pulsions de son enveloppe charnelle. L'homme trop soucieux de se désaltérer par avance ne saura jamais ce que c'est que d'avoir soif pour de vrai, il n'aura pas la moindre idée de ses limites physiques et psychologiques, sans compter qu'il manquera un chapitre important au livre de ses expériences! Quoi qu'il en soit, lorsque l'on en est au point où l'idée même de soif vous assèche le « gargoton », il y a de sérieuses questions à se poser, non?

        La moindre sensation d'inconfort (chatouillement, picotement, pincement, et autres titillations…) est désormais à proscrire, littéralement out. Or, la fourchette sensorielle s'en trouve réduite au max; la seule appréhension du désagrément devient plus lourde à porter que le désagrément lui-même, la peur de la douleur se fait plus aiguë, plus mordante que le plus petit « mal-être » imputable à la faim, à la soif, à quelque envie, quoi! 

        Boire de peur d'avoir soif, manger avant d'avoir faim, baiser sans en avoir vraiment envie (ou sans amour, mais ça, c'est une tout autre histoire!), ainsi se décline le triste credo de celles et ceux qui aspirent au confort « tôtal » de leur être. Pourtant, si vous saviez! Quand on a vraiment soif, l'eau de robinet la plus plate se transforme en un sublime nectar dans votre bouche râpeuse.

        Il ne reste qu'à espérer un retour de balancier. In medio stat virtus : le vrai, la sagesse se situent toujours entre les deux extrêmes. Il ne s'agit pas de s'aventurer jusqu'aux frontières de la mort, non! uniquement d'éprouver un brin les sensations qui font de nous de pauvres mortels éphémères!

Prendre le métro sans sa bouteille d'eau, ça c'est du sport… extrême, surtout en ces temps caniculaires où se multiplient les pannes entre deux « stations » – tiens donc, ça pourrait s'appeler le chemin de croix du voyageur underground.

 

 

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Jean-Paul Lanouette
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