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mardi 06 juillet 2004

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« Garder ses options ouvertes » 

        Chez un peuple qui, à quelques mois d'intervalle, peut voter « libéral » au provincial, puis « indépendantiste/souverainiste » au fédéral, normal de savoir manier les mots, jongler avec les concepts, ménager non seulement les susceptibilités et les principes, mais encore la chèvre et le chou, affirmer des choses sans rien dire, éluder le définitif pour se cantonner couardement dans le peut-être… avec des « on verra » plein la bouche. Ah! l'art subtil d'avoir l'air mouillé sans se jeter à l'eau! 

J'en veux pour preuve le choix de termes de M. Pierre Corbeil, de la Régie de l'énergie, qui est venu nous apprendre en début de semaine que le projet de construction de la centrale thermique du Suroît était « souhaitable », mais « pas indispensable ». J'applaudis la trouvaille, que dis-je? je crie bravo! en redemande presque. 

Posséder des « billets de saison » au Centre Bell, gagner le gros lot au nouveau 6/49 à deux « piastres », désirer très fort sa tendre moitié même après plus de vingt années de couche commune, rouler à urne ouverte en Mercedes cabriolet, rester jeune, chevelu et beau, être patron et néanmoins aimé, nager dans le bonheur « tôtal » et en faire profiter tout le monde autour de soi et ailleurs, tout ça, le croiriez-vous, gens de peu de « pouvoir », est… souhaitable, mais, fort heureusement, non indispensable. Ouais! toutes ces belles et bonnes choses, on peut vivre sans, et être heureux, oh que si! Et, n'en déplaise aux grands planificateurs hydro-québécois – ceux qui « savent » –, c'est idem pour la centrale au gaz par eux projetée envers et contre Kyoto! 

Désolé, M'sieu Corbeil! Reconnaissez-le : personne ne risque rien à monter sur une tribune pour lancer truismes aussi patents à la face de Québécoises et de Québécois « au courant »! 

La centrale précitée, les citoyens n'en veulent pas, c'est clair! Mais, plus évident encore, Hydro y tient mordicus, elle. D'où : problème! Pourquoi alors ne pas reporter de nouveau la décision à plus tard, en faisant habilement valoir que c'était, somme toute, la meilleure solution envisageable? Comment diable avait-on pu ne point y penser plus tôt? C'est si limpide… En franglais, on appelle ça : garder ses options ouvertes. 

À court d'arguments spécieux pour vendre sa « machine à CO2 », en mal de poudre à jeter aux yeux des citoyens pas chauds à l'idée, Hydro ne peut que se réjouir de ce ixième report, à l'automne cette fois. Car on ne lui a pas opposé une fin de non recevoir, et c'est ce qui compte; tous les espoirs restent donc permis. « Laissons retomber la poussière, laissons s'exprimer (lire : se défouler) les opposants au projet… À l'aube de l'hiver, notre salade sera sans doute plus facile à vendre aux frileux.» 

Comme l'impression qu'on s'acharne à essayer de noyer un poisson qui, pourtant, commence à sentir sérieusement le pourri…

 

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