Voici,
dans sa version originale[1]…
pour ne pas dire «orignal», car elle ne manque pas de… panache, oui!
voici le court texte qu'a retenu
La Presse pour en faire sa «lettre primée de la semaine» (voir le numéro du dimanche 9
mars, page A11). Heureux mortel que je suis : à titre d'auteur de ladite
lettre, je ne recevrai rien de moins qu'une copie
laminée de la page où se trouvent «immortalisés» mes propos… et
mon grand saut hors de l'ascenseur (voir la photo ci-dessous)! Ne craignez
rien, je ne risque pas pour autant de me mettre à me vouvoyer moi-même
en m'apercevant dans un miroir! Je vais rester le même : aussi fou
qu'avant et, surtout, pas plus «vedette»! Bonne
lecture! Vive l'impuissance, mes frères!?
Après le banlieusard en complet sortant de son coquet chez-lui par
une belle matinée ensoleillée pour se rendre au boulot en bondissant
comme s'il était monté sur ressorts, on a maintenant droit à tout un
troupeau de sauteurs au sourire figé… grâce à – ou plutôt à cause
de – l'effet Viagra. «
Prenez-en une, et que ça saute! » – prise 2
Y'a pas à dire! Pfizer a
vraiment mis le paquet[2],
cette fois! En effet, je viens de le souligner, ce n'est plus un seul
homme qui multiplie devant nous cabrioles et pirouettes, mais une équipe
complète! Oui, monsieur! une brochette variée, ô combien! de
personnages de tous âges (mettons au-dessus de quarante ans), poids,
tailles et métiers jaillissent littéralement des quatre coins de l'écran
pour laisser exploser leur énergie enfin retrouvée à la face des
clients potentiels, c'est-à-dire en «impuissance», que nous sommes hélas!
Ce serait presque touchant, sinon un peu drôle, si les types ainsi
immortalisés sur vidéo promotionnelle n'avaient point l'air de parfaits
demeurés, frais tirés de leur état catatonique!
Cout'don, cet afflux soudain de sang, qui était devenu inhabituel
chez le «viagriste» chauve ou grisonnant, cet afflux sanguin restauré,
dis-je, à l'endroit stratégique que l'on sait, priverait-il le cerveau
du nécessaire apport d'oxygène?
Je vous le demande : que diable peut bien avoir de convaincant une
bande (excusez le choix du terme) de joyeux hyperactifs sur le retour que
l'on jurerait échappés de ce genre d'établissement où s'est déjà
pratiqué à une grande échelle le très controversé électrochoc, procédé
auquel certains attribuaient des vertus thérapeutiques et, en tout cas,
«calmantes»? "We are the champions", clame le jingle qui tient lieu de fond sonore… I'm semb' que "We
are the morons", ça collerait nettement mieux aux images débridées
qui meublent ce 30-secondes délirant. Quoi qu'il
en soit, messieurs les publicitaires, qui ont accouché de cette «tranche
de vie» faisandée, voudront bien prendre note : le désir d'émulation
que créent chez moi les «steppettes» de ces hommes «nouveaux» au
regard hébété, pour ne pas dire bovin, il n'est pas fort, fort…
Disons que ça ne me file guère l'envie d'en croquer une
p'tite bleue.
« Gagas et "sautés", peut-être, mais de nouveau opérationnels
côté bagatelle, les papis sauteurs! » : c'est-y ça le message à
saisir? Eh bien! qu'on me pardonne d'être aussi direct : le tribut à
payer pour une simple «relève de la garde» me semble un tantinet lourd!
En d'autres termes, voilà qui m'apparaît trop cher payer pour… bander,
mes frères. Non mais, il y a tout de même des limites à vouloir se délier
les «bourses»! Car, à en juger par la performance des heureux mortels
mis en scène dans la dernière pub Viagra, il y a des effets secondaires
aussi apparents que désagréables, non seulement à craindre, mais à
assumer d'emblée. Aussi vous
le dis-je sans détour : « Merci… mais, alors là, vraiment, non merci!
Très peu pour moi! » Et j'entends bien rester «ferme», à tout le
moins dans mon propos… Ouais! tout bien pesé, je préfère faire la
moue à la proposition de Pfizer! Pour l'instant, disons que la pub Viagra seconde mouture me
les gonfle bien davantage que ne saurait me «le» faire gonfler la
p'tite pilule bleue elle-même! Jean-Paul Lanouette [1] Il s'agit en fait d'une version légèrement «relevée»… [2] À l'exemple de l'adolescent vigoureux férocement «travaillé» au corps et à l'esprit par ses hormones (ado que la p'tite bleue «promet» d'ailleurs de faire renaître chez l'homme plus que mûr), la pharmaceutique n'y va pas de main morte! dimanche 06 avril 2003
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