« En passant... » --- Textes de Jean-Paul Lanouette

Finances 00¾

 L'« encavure » plutôt que la bosse

Sans jamais redoubler, j'ai usé mes fonds de culotte sur les bancs d'école un bon bout de temps, jusqu'à l'aube de mon quart de siècle en fait. Pourtant, je reste désespérément nul, archinul même, dans tout ce qui comporte ou implique des chiffres. En effet, qu'ils soient arabes ou romains, les chiffres, c'est du chinois pour moi! On pourrait dire que j'ai l'« encavure » des maths, certainement pas la bosse… 

L'argent, on peut toujours en parler, c'est sûr, mais l'idée principale, à ce qu'il paraît, c'est de savoir le compter et le « placer ». On aura compris que, sur le plan financier, c'était mal barré pour moi : j'étais comme qui dirait « fait à l'os! »… avant même de toucher ma toute première paie, à l'âge de 15 ans. D'où, conséquence logique, mon plus total désarroi dès qu'il est question de finances… Pour le plus grand malheur de ma p'tite famille – sur le strict plan matériel s'entend –, je persiste à lever dédaigneusement le nez sur les deux mamelles siamoises qui font courir le monde et tourner les têtes; en effet, je ne marche pas à l'argent, premier téton, ni ne carbure au pouvoir, l'autre membre dégoulinant de la paire nourricière. En effet, mes ambitions et mes joies se situent ailleurs, à un niveau qui échappe à toute opération de quantification… et, même une fois réalisés, mes rêves et projets ne sont point, hélas! du genre à mettre du beurre à profusion sur la table de la salle à manger! Que voulez-vous, on ne se refait pas… Le doc Mailloux peut en penser ce qu'il voudra : c'est manifestement pas son problème! Tant mieux pour lui, vraiment!  

        Assurances, impôt, caisse de retraite, hypothèque, rendement boursier, carte de débit, succession, investissement…, voilà autant de termes rébarbatifs dont la seule vue dans un journal ou la moindre mention dans une conversation me filent de l'urticaire et mettent tout mon être en mode « fuite en avant éperdue » : je tourne la page ou change de sujet illico! Si j'ai réussi à survivre dans cette jungle terminologique infestée de signes de piastre ($) et d'euro (€), c'est grâce en grande partie à ma tendre moitié, qui veille au grain. Cet aspect pratique – pour ne pas dire « trivial » – de l'existence n'est pas vraiment sa tasse de thé, à elle non plus, mais disons qu'elle est moins « niaiseuse » (lire : plus douée) que son conjoint pour ce qui a trait à la gestion de nos avoirs « communs » (et comment!) bassement terrestres. En y pensant bien, je ne lui ai guère laissé le choix, pauvre elle! 

Pouvoir compter… sur sa santé 

        Constat : Liberté 55, c'est pas pour bibi! Je devrai bosser au moins jusqu'à mes 65 ans. Remarquez que s'il est écrit queq' part que la santé va m'accompagner tout au long de mon « marathon » professionnel, eh bien! cette perspective d'une retraite très tardive ne me « déflaboxe » pas le moins du monde, au contraire! Je dirais même qu'elle me rassérène, ah ça oui! 

Jean-Paul Lanouette
jplanouette@sympatico.ca

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