L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

mardi 27 octobre 2020

Passage obligé !



Le mot courir avait disparu de mes pensées, de mon vocabulaire. Les deux dernières semaines, j’aurais voulu les franchir en un clin d’œil. Je me sentais comme dans une cage, prisonnier de mon propre corps.

Après avoir trouvé la nourriture de l’hôpital excellente car j’étais gelé par les médicaments, les jours suivants, je n’arrivais même plus à manger un biscuit soda, tellement l’appétit avait disparu. L’impression que je perdrais le goût à tout jamais m’envahissait.

Les priorités essentielles durant des périodes semblables changent radicalement. Alors, courir ne m’effleurait même plus l’esprit. Quand on se retrouve en mode survie, nos pensées diffèrent et nous nous approchons beaucoup plus des vraies valeurs.

J’ai réalisé que la course à pied se présentait comme un complément à mon existence, que je pouvais me compter chanceux de pouvoir encore pratiquer ce loisir. Cette étape fut comparable à la pandémie pour moi. J’ai pris conscience de bien des choses et classé les items de la vie dans leur valeur réelle.

Je me suis aperçu que je courais d’une façon robotique, que c’était devenu une habitude, un mal nécessaire. Trop discipliné, je me privais parfois de bons moments. Replié, je me demande sérieusement, si comme la Covid, on n’aura pas mis ce sacré cancer sur ma route, afin de m’ouvrir les horizons.

Forcément, les années nous transforment. Il arrive que nos choix deviennent discutables, aveuglés par le désir de combler. La course à pied fut une échappatoire pour moi et ce sport l’est pour de nombreuses personnes. Plusieurs témoignages recueillis au cours de mes entrevues le confirment.

Soudainement, elle ne possède plus le même sens à mes yeux. Ne vous inquiétez pas, lorsque je serai en mesure de le faire, je sauterai immédiatement dans mes espadrilles pour reprendre le collier. Toutefois, j’ai comme l’impression que mon attitude, mes lignes de pensée auront été réajustées suite à la période morose que je viens de vivre.

Je me suis toujours demandé si on avait besoin de ces moments creux dans une vie pour remettre les pendules à l’heure. Car on s’entend pour dire que tout être humain devra explorer un jour ou l’autre ces instants plus pathétiques.

J’ai hâte que la machine soit bien huilée. Mon sourire continuera d’être aussi brillant et j’en retirerai assurément un énorme bagage de satisfaction.

Composer avec des étapes semblables doit nous permettre de faire le point, d’analyser notre comportement, nos visions, nos valeurs. S’améliorer fait partie d’un cheminement qui apporte de l’estime à notre vie. On grandit assurément en dressant ce genre d’analyse de notre personnalité.

Oui, mes 100 marathons m’ont procuré beaucoup de bonheur mais ce dernier cheminement m’aura assurément transformé. S’arrêter, prendre une pause n’a jamais été ma tasse de thé mais il appert que la vie s’est chargée de me guider à considérer cette phase bien involontairement.

Même si physiquement, ce fut éprouvant, ce passage obligé se devait d’être vécu. Je m’en suis rendu compte à un certain moment.

 

Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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