LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : lundi 13 juin 2016 11:18

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE

L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

lundi 13 juin 2016

Une thérapie qui s’avérait essentielle !

Sans vraiment le réaliser, nous n’échangions plus aucun commentaire depuis près de deux kilomètres. Nous approchions alors de l’endroit où le pompier Maxime Fournier était décédé l’an dernier.

Je sentais que l’émotion allait devenir intense. Mardi le 7 juin dernier, journée commémorative de la première année du décès, ses parents étaient revenus à cet endroit pour y déposer une gerbe de 21 fleurs en toute discrétion.

Arrivés sur les lieux, les fleurs y reposaient encore. Tout près, son casque de pompier déposé par l’organisation, intensifiait notre vision. Étienne s’est agenouillé. Je me suis placé à sa gauche, préférant rester debout afin de lui laisser ce moment de recueillement.

Je le sentais très ému. Derrière nous, les parents d’Étienne regardaient leur fils. Muni de son appareil photo, son père tentait d’immortaliser cette séquence. Ébranlé lui aussi, il n’arrivait pas à peser fortement sur le bouton pour saisir une photo. Il avait les larmes aux yeux. Une fois ressaisi, nous quittions l’endroit sans vraiment regarder derrière.

Dimanche, en compagnie d’Étienne Labonté, nous avons bouclé la boucle et rempli la mission que l’on s’était donnée, c’est-à-dire permettre à Maxime de terminer symboliquement cette course qu’il n’a pu achever. Émotif comme séquence mais combien essentielle pour nous…et Max, notre ange gardien.

Étienne s’est présenté avec le chandail souvenir de Maxime sur le dos. « Je l’endosse avant chacune de mes courses. Je pense à lui, je lui demande de m’aider. Je le remets après la compétition afin de le remercier. Des gestes qui s’intégreront dorénavant dans ma routine tant et aussi longtemps que je pratiquerai la course à pied. »

J’ai noté la fatigue dans ses yeux.



« Cette course m’a trotté dans la tête au cours des derniers jours. Je revoyais les images des moments forts de l’an dernier se défiler dans mes pensées. Courir à nouveau sur ce parcours a suscité une grande nervosité en moi. Je n’ai pas pu dormir beaucoup. Maintenant que c’est accompli, je suis soulagé et bien dans ma tête. »

La direction du demi marathon des Pompiers de Shawinigan fut à la hauteur dans les circonstances. « Nous avions 1500 personnes aujourd’hui qui ne demandaient qu’à s’amuser », nous a expliqué avec raison l’un des organisateurs Pierre Champagne.

Une minute de silence a été observée avant le signal du départ. Sur les chandails et les dossards remis à tous les participants, on retrouvait le fameux ruban émis l’an passé, commémorant le décès de Maxime.

Les parents de ce dernier ont été invités par les dirigeants mais ils ont préféré ne pas se présenter, une décision respectée et compréhensible.

Tout au long du 21km, Étienne et moi avons échangé, une façon de se remémorer les bons et mauvais souvenirs. Chaque segment renfermait son anecdote. « Je me sens tellement bien en ce moment. Une tonne de pression vient de se libérer, s’évaporer. Je pense que cette thérapie s’avérait essentielle et j’en ai maintenant la conviction. »

Quelques gouttes de pluie se sont mises soudainement à tomber sous un ciel nuageux et une température automnale. Étienne a alors avisé Maxime que l’on prévoyait des averses uniquement en après-midi. Puis, sans que nous le remarquions, la pluie a cessé !

Depuis l’an dernier, la vie d’Étienne a pris un virage important. Il s’est solidement installé dans son patelin, en banlieue de Québec. Il s’est acheté une maison et a déniché un emploi permanent à titre de pompier à quelques pas de chez-lui.

Il totalise deux marathons à son actif et en visualise un autre d’ici la fin de la présente année.

« Ma sensibilité a doublé depuis le départ de Maxime. Je suis devenu plus émotif et je laisse échapper plus facilement mes sentiments. »

Secoué, Étienne l’a été. Il s’est relevé pour en soutirer des éléments qui lui serviront durant toute sa vie et qui feront de lui un homme solide, intègre et d’une agréable compagnie.

« Il n’arrive jamais rien pour rien dans la vie », m’a-t-il dit, tel un grand sage.

Nous retrouver coude à coude durant ces deux heures m’aura fait comprendre que la vie apporte des moments que l’on doit apprendre à gérer car finalement, ils nous serviront à solidifier notre existence.

Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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