J’assume
ma folie !
Je
regarde le cadran. Il affiche
4h30. Je me lève en
douceur. Il fait encore noir.
J’entends les gouttes de pluie à
l’extérieur. Ah non !
Un scénario
peu invitant, vous comprenez ?
En plus, je vais courir le
marathon de Magog. Je regrette
pratiquement de m’être inscrit.
Petit
déjeuner, derniers préparatifs
et nous partons pour un périple
de 1h45. Au volant de mon auto,
je regarde Pasquale à mes côtés.
Elle dort. Disons que j’aurais
pu l’oublier celui-là.
Quelques jours
auparavant, j’avais tenté de
convaincre un ami pour qu’il
m’accompagne. Il y avait couru
le demi, il y a deux ans. Il me
racontait que derrière la
médaille, on pouvait lire : Vous
venez de compléter le demi le
plus difficile au Québec. Le
marathon, c’est deux fois le
même parcours. Ataboy ! On aime
ça la misère.
Je me disais
que j’avais fait le marathon de
Waitsfield dans les Montagnes
Vertes du Vermont à deux
reprises…en plein cœur de
juillet et deux sur une piste
d’athlétisme ! Voilà pourquoi je
ne craignais pas celui de Magog.
À mon arrivée
sur les lieux, il a cessé de
pleuvoir mais les nuages
rôdaient toujours. Je croise
Line Bouchard, une coureuse
expérimentée qui me demande si
je participe au marathon. Je lui
réponds dans l’affirmative en
lui précisant mes deux présences
à Waitsfield et que ça ne pourra
pas être pire. Elle me regarde,
grimace et n’ajoute rien.
Ouais, est-il
si pire que ça ?
Dès
le départ, la pluie revient…le
vent également et il fait 6
degrés Celsius. Des souvenirs de
Boston 2015 me reviennent à
l’esprit. Sur les premiers
kilomètres, on monte, on monte
et on monte. Je suis préparé
mentalement. On dirait que je
les digère mieux ces ascensions.
Contrairement
au Vermont, les descentes sont
abruptes ce qui nous empêche
d’accélérer à fond. Je suis
prudent de nature. Je trouve le
trajet intéressant malgré la
température maussade. Il est
varié avec les rues de campagne,
les boisés, les parcs, les
sentiers qui longent la 10, le
centre-ville du vieux Magog.
D’autant plus
que je me promettais de le faire
avec de la musique et que je me
suis aperçu au 5e kilomètre que
j’avais tout oublié dans l’auto
!
Je l’ai
terminé, pas trop indisposé,
sauf pour un petit malaise à
l’aine. Ce marathon représentait
un défi pour moi. Certes l’un
des plus difficiles au Canada.
Chapeau à l’organisateur Patrick
Mahony dont l’événement
célébrait son 5e anniversaire.
Ce qui me plait, c’est que les
profits vont pour l’hôpital de
la place.
Chic type,
j’ai senti tout l’intérêt qu’il
accorde à cette journée et
surtout, sa grande discrétion
lorsque je l’ai croisé.
Depuis
longtemps, je rêvais de lui
poser cette question. Pourquoi
cette moustache sur le cigle du
marathon ? On voyait que ce
n’était pas la première fois
qu’il répondait à cette
interrogation.
« Il s’agit
tout simplement d’une erreur.
Nous avions fait produire un
logo et lors de la réalisation,
il y a eu un mélange. Nous
voulions imager les montagnes de
la région pour démontrer comment
il pouvait être ardu de le
courir. Finalement, au fil des
années, on s’est aperçu qu’il
s’agissait d’un beau coup de
marketing car tu n’es pas le
premier qui démontre de la
curiosité à cet effet et tu ne
seras pas le dernier. »
Au total, 117
coureurs étaient inscrits.
Seulement 81 l’ont terminé. Des
chiffres qui parlent.
Statistiques
de mon 62e marathon
Temps : 4h27 :27
Classement général : 58e sur 81
Classement catégorie d’âge : 3e
sur 5
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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